Dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion du 14e anniversaire de son accession au trône, le souverain marocain ne s’est pas empêché de souligner la «responsabilité de l’Algérie» dans le conflit du Sahara occidental.
Un discours cuit et recuit. Une h’rira (soupe) que doit boire son peuple depuis plus d’une décennie. Que pouvait offrir d’autre Mohammed VI à ses sujets? Il n’avait pourtant que l’embarras du choix. Il lui a manqué l’essentiel: le courage! Exit la crise politique dans laquelle s’est embourbé son pays suite à la démission des ministres de l’Istiqlal seconde force politique et allié du gouvernement dominé par les islamistes du PJD depuis leur victoire historique aux élections législatives du 25 novembre 2011.
Exit la crise économique qui pousse inexorablement le Royaume dans les griffes du Fonds monétaire international alors que le magazine financier américain Forbes le classe parmi les personnalités les plus riches du monde. «Il est à la tête d’un joli pactole s’élevant à 2,5 milliards de dollars… et il caracole à la septième place des rois les plus aisés du monde sur une liste comprenant 15 souverains» peut- on lire dans le Courrier international du 9 juillet 2009.
Exit la dette extérieure qui est passée de 189,1 milliards de dirhams (28 milliards de dollars) en 2011 à plus de 212 milliards de DH à la fin de l’année 2012 alors que le chômage touche plus de 10% de la population active comme ont été mis sous le boisseau les différents rapports internationaux (l’Office des Nations unies pour la drogue et le crime, le département d’Etat américain…) qui classent le royaume en tête des pays producteurs de cannabis dans le monde…Le pouvoir marocain a fait de la désinformation une culture. Elle porte le sceau du Palais royal.
Des cachotteries il en a à revendre. Celui de la question sahraouie lui sert de paravent. De pare-feu artificiel. La MAP (Agence de presse officielle marocaine) lui a déminé le terrain. Mohammed VI pouvait jouer sur du velours et souffler sur les braises.
Le Sahara occidental: une obsession
C’est pratiquement maladif. Dans le discours qu’il a prononcé à l’occasion du 14ème anniversaire de son accession au trône le souverain marocain ne s’est pas empêché de souligner la «responsabilité de l’Algérie» dans le conflit du Sahara occidental qui oppose le Maroc au Front Polisario depuis 1975.
«Nous relevons… que la dernière résolution du Conseil de sécurité… met particulièrement l’accent sur la dimension régionale de ce différend et souligne la responsabilité de l’Algérie, en tant que partie concernée par ce litige, tant au niveau politique que sur le plan juridico-humanitaire touchant à la situation dégradante qui prévaut dans les camps de Tindouf» a déclaré le 30 juillet le monarque alaouite. «Il s’agit d’affirmations totalement infondées car la résolution 2009 (2013) sur le Sahara occidental adoptée le 25 avril 2013 par le Conseil de sécurité, à laquelle se réfère ce passage du discours en question, interpelle 21 fois les «parties» au conflit, à savoir le Royaume du Maroc et le Front Polisario», lui rétorque une source diplomatique algérienne. «On est donc très loin de la soi-disant dimension régionale du différend et de la prétendue responsabilité de l’Algérie…», souligne t-elle.
«Cette résolution indique clairement que l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, mène une action de facilitation des négociations entre le Maroc et le Front Polisario et qu’il mène des consultations avec les Etats voisins. Ces derniers interagissent notamment avec le Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés sous le seul angle visant le renforcement des mesures de confiance entre les deux parties au différend», a tenu à préciser notre source. Et que répond-elle lorsque le monarque alaouite pointe du doigt «L’obstination des autres parties (l’Algérie, Ndlr) qui persistent à maintenir la situation en l’état…?»
Obstination marocaine
«L’obstination est à chercher plutôt du côté de la partie marocaine dont la responsabilité est expressément épinglée au paragraphe 7 de ladite résolution. Il faut relever… que ce pays refuse de se conformer à ses obligations découlant du droit international et de négocier, de «bonne foi et sans conditions préalables» afin que les deux parties parviennent à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental…», lui rappelle le diplomate algérien qui s’est exprimé sous le sceau de l’anonymat. Il faut souligner que Mohammed VI a en outre balayé d’un revers de la main la question des droits de l’homme qui selon lui «ne doit être abordée qu’à travers les mécanismes nationaux»… Pour que la répression, les viols et la torture que subit le peuple sahraoui puisse se jouer à huis clos.