Campagne électorale, La transition, un thème de fracture

Campagne électorale, La transition, un thème de fracture

Si globalement, au cours de cette campagne qui s’achève dimanche, les candidats ont rivalisé dans les promesses et se rejoignent dans l’approche de sortie de crise, un thème semble cependant les diviser, tout comme la classe politique: c’est la transition.

Entre ceux qui souhaitent que le prochain scrutin marque le début de la transition pour une nouvelle ère, une nouvelle forme de gouvernance et l’avènement de nouvelles institutions et ceux qui plaident pour la continuité en apportant quelques touches de nature à renforcer la démocratie et les mécanismes de fonctionnement des institutions, le consensus est loi d’être acquis. Du moins à se fier à la lecture des déclarations des uns et des autres.



Le candidat, Moussa Touati se dit « opposé » à une éventuelle période de transition, en estimant que «l’actuel pouvoir doit partir». «Les Algériens réclament un changement, mais le pouvoir en place veut prendre les mêmes et recommencer», soutient-il. A El Khroub, près de Constantine, le secrétaire général du FLN, Amar Saadani a plaidé lui pour « la continuité ». «Je suis profondément convaincu que les citoyens participeront massivement au rendez-vous électoral du 17 avril prochain pour porter à nouveau M. Bouteflika à la magistrature suprême et consacrer ainsi la stabilité, la sérénité, l’épanouissement et le progrès de l’Algérie », a-t-il dit.

En campagne au profit du candidat indépendant, Ali Benflis, le secrétaire général du mouvement El-Islah, Mohamed-Djahid Younsi a plaidé à M’Sila en faveur d’un «mandat de transition». Ce mandat de transition et non « une période de transition » se révèle, à ses yeux, «alternance nécessaire pour la sauvegarde de la démocratie ». «Il ne peut y avoir de transition vers la démocratie sans une justice indépendante et équitable envers tous les citoyens », estime pour sa part Louisa Hanoune dont le parti hostile à une phase de transition plaide pour l’avènement d’une deuxième république qu’elle mettra en œuvre si elle venait à être élue. «L’Algérie l’a vécue entre 1992 et 1995 », tranche, de son côté, Ahmed Ouyahia, chef de cabinet du président de la république. «Il est nécessaire, aujourd’hui, d’aller vers une période de transition qui constituerait une passerelle vers un Etat civil, démocratique et prospère. Ceci ne peut se concrétiser qu’en renouvelant la confiance au candidat indépendant Abdelaziz Bouteflika », estime Abdelaziz Belkhadem. «Le choix du candidat Abdelaziz Bouteflika permettra l’avènement d’une période de transition et le passage du témoin pour une nouvelle génération », a-t-il soutenu lors d’un autre meeting.

Au sein de l’opposition, le FFS met le cap sur la conférence de consensus national pour préparer la transition. Il a appelé ainsi «un consensus politique national avec toutes les parties et les personnalités politiques pour concrétiser la transition et garantir, ainsi, la stabilité du pays ». Une approche similaire à celle de la coordination des personnalités et des partis prônant le boycott. On le voit, ces personnalités et ces partis divergent dans la perception de l’enjeu lié à la présidentielle.

Intervenant dans une période cruciale, l’élection présidentielle s’annonce comme un tournant décisif dans l’histoire de l’Algérie indépendante, en ce sens, pour d’évidentes raisons biologiques, qu’on assistera à l’émergence dans les prochaines années de dirigeants issus de l’après guerre. Il reste que dans l’approche des uns et des autres, il s’agit de savoir comment passer le flambeau d’une génération à une autre : Préparer le changement, en opérant une révision en profondeur de a loi fondamentale, avec les institutions déjà en place ou mettre place un gouvernement d’union nationale pour gérer les affaires courantes, lequel s’emploiera à préparer les textes pour l’élection de nouvelles institutions. Mais l’une comme l’autre cache des considérations de pouvoir. D’où la fracture qui apparaît déjà.

Sofiane Tiksilt