La réception de 5 millions de doses du vaccin contre la peste du petit ruminant (PPR) ne semble pas avoir réglé toutes les difficultés dont souffrent les éleveurs depuis l’apparition et la propagation rapides de la maladie. Le dispositif mis en place pour les opérations de vaccination du cheptel semble avoir du mal à fonctionner pleinement. Les professionnels de la filière s’impatientent.
On parle même de lenteurs contre lesquelles se sont insurgés certains éleveurs impatients de voir leur cheptel vacciné. Concernant ces mécontentements enregistrés ici et là, des membres de la Fédération nationale des éleveurs ovins, que Reporters a pu joindre par téléphone hier, nous ont indiqué que «ce sont là des réactions tout à fait légitimes».
Azzouzi Djillali, nous a en effet expliqué que devant la vitesse de propagation de l’épizootie «c’est normal que les éleveurs, dont l’élevage est le seul gagne-pain, espèrent voir leurs bêtes vaccinées au plus vite de peur que la maladie fasse son apparition au sein de leur troupeau et par voie de conséquence décime plusieurs têtes.
Les équipes de vétérinaires tardant à pointer du nez dans leur enclos, ils s’impatientent et parfois même prennent la décision de se rendre au niveau des services vétérinaires de leur région pour s’enquérir des raisons qui font que les équipes chargées de vacciner leurs ovins tardent à venir».
Pour notre interlocuteur, cette inquiétude n’a pas lieu d’être puisque « le vaccin est arrivé et donc ce n’est plus qu’une affaire de jours. Et d’ailleurs nous ne cessons pas à chacune de nos rencontres avec les éleveurs de leur assurer que leurs bêtes vont être bientôt vaccinées».
De son côté, Bouzid Salmi a tenu à nous faire savoir, à propos de l’arrivage des cinq millions de doses de vaccin, considérées très inférieures par rapport au nombre du cheptel, «aucun laboratoire ne peut livrer 20 millions de vaccins en une seule fois ». Et d’ajouter : «Un autre arrivage d’un même volume est attendu dans les prochaines semaines, comme nous l’avons appris des services vétérinaires auprès du ministère de tutelle.»
Ce dernier a toutefois reconnu que le dispositif en place a manqué d’efficacité par endroits, « notamment où il y a une forte activité pastorale ». Toujours à propos de cette défaillance, Bouzid Salmi nous a indiqué que « c’était tout à fait prévisible au vu du nombre d’éleveurs et quand bien même un maximum de personnel chargé de vacciner les ovins a été mobilisé, cela n’a pas suffi. Ce qui a provoqué de l’inquiétude chez certains éleveurs, qui attendent en vain les équipes de vaccination, impatients de préserver leurs bêtes ». Notre interlocuteur s’est dit par contre tout à fait étonné d’apprendre que « des éleveurs ont tenté d’intimider des vétérinaires pour qu’ils passent en priorité chez eux ».
«Je n’y crois pas trop car dans notre profession nous acceptons les coups du sort. Les agneaux et agnelles que nous avons perdus à cause de la peste seront vite remplacés par les prochains agnelages (mise-bas). C’est pour dire qu’au sein de notre profession on ne dramatise pas trop. Et quand c’est le cas, cela vient de faux éleveurs», a-t-il souligné.
Notons que du côté des services vétérinaires « on reste confiant que le dispositif en place va permettre de vacciner un maximum d’ovins en un temps record», a souligné un docteur vétérinaire. Rappelons que le nombre de décès d’ovins recensés depuis l’apparition de l’épizootie, en décembre 2018, s’est élevé, selon le ministère de l’Agriculture, à 3 500 bêtes.
Peut-être bien plus, si l’on en croit les déclarations à ce sujet des membres de la Fédération nationale des éleveurs d’ovins. On comprend donc toute l’impatience des éleveurs à voir leur cheptel vacciné au plus vite.