Campagne “consommons algérien” Quelle offre pour les ménages ?

Campagne “consommons algérien”  Quelle offre pour les ménages ?

Cette question a été hier au cœur des interventions faites par les membres du gouvernement, de l’UGTA et des représentants des organisations patronales.

Mise au monde par le Forum des chefs d’entreprise (FCE) en 2004, la campagne “Consommons algérien” vient d’être adoptée par le ministère du Commerce. C’est, sans nul doute, l’une des recommandations de la conférence nationale sur le commerce extérieur organisée, il y a environ un mois, par le département d’Amara Benyounès, à Alger. Cette courte phrase choisie comme slogan générique de cette action d’envergure, quand bien même opportune, pose en toile de fond la problématique de la production nationale en Algérie. Pour consommer algérien, il faut bien produire… algérien ? C’est autour de cette lancinante question d’ailleurs que des interventions d’acteurs, censés être impliqués dans cette opération, ont été effectuées à l’occasion de la journée nationale consacrée à cet événement, depuis hier, à travers les 48 wilayas du pays. Le marché intérieur a connu un essor considérable depuis ces deux dernières décennies, mais qui a “profité, malheureusement, aux produits importés”, relève le ministre du Commerce.

À l’origine d’un tel constat, M. Benyounès évoque un manque de compétitivité de la production nationale, de l’insuffisance de l’offre, de la poussée démographique, des changements dans les habitudes de consommation.

Les contraintes bureaucratiques, qui favorisent l’acte d’importation au détriment de celui de l’investissement et de la production, n’ont fait qu’envenimer davantage la situation. “Une croissance économique forte et durable ne peut se réaliser qu’en s’appuyant, en premier lieu, sur son propre marché intérieur”, estime le ministre, qui tient à préciser que cela ne signifie guère qu’il faille tourner le dos aux exportations. Or, celles-ci, avoue-t-il, nécessitent, au préalable, la prise en charge de certaines contraintes liées, notamment, à l’“amélioration de la qualité des produits fabriqués localement, à la maîtrise des coûts de production et à la densification et au développement de la chaîne logistique, afin d’offrir au consommateur algérien un produit similaire à celui de l’importation”. Comment convaincre le citoyen algérien et le ramener à consommer le produit local et en faire bénéficier les entreprises productives ? Pour relever ce défi, dénommé, en d’autres termes, “patriotisme économique”, le ministre cible l’entreprise algérienne qui, soutient-il, est tenue de gagner la “bataille de la compétitivité pour non seulement préserver ses parts de marché et en gagner de nouvelles, mais également pour faire face à la rude concurrence des produits importés”. Présent à cette rencontre, le ministre de l’Industrie et des Mines, Abdesselam Bouchouareb, a souligné que l’une des priorités de son département est de conforter la production locale par le soutien à l’entreprise nationale productive détentrice d’un marché et capable de concurrencer les produits importés.

Les deux exemples les plus édifiants mis en exergue par le ministre dans le domaine de la sidérurgie concernent la relance du complexe d’El-Hadjar et le lancement du projet de Bellara qui, selon lui, feront passer le taux de couverture du marché intérieur par la production nationale de moins de 10% en 2014 à plus de 90% en 2017.

Ce qui équivaut à une substitution à l’importation par la production nationale de près de 3 milliards de dollars. M. Benyounès reconnaît, toutefois, que le chemin à parcourir pour réaliser de tels objectifs reste encore long…

B.K