Cameroun : Trois journalistes interpellés pour rébellion à bertoua

Cameroun : Trois journalistes interpellés pour rébellion à bertoua
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Ils sont soupçonnés d’avoir incité les populations à se soulever contre une nomination.

Issa Njankou, trésorier de la ligue régional de la fédération camerounaise de football de l’Est ainsi que Désiré Antibé ont été déférés devant le procureur de la république près des tribunaux du Lom et Djerem à Bertoua, chef lieu de la région de l’Est lundi dernier. Il avaient été arrêtés jeudi 21 janvier par les gendarmes de la brigade territoriale de gendarmerie de Bertoua.

Dans la même lancée, trois journalistes, Benjamin Essam, rédacteur en chef et directeur de l’information de radio Aurore, Giscard Bounga, directeur des programmes et Michael Doppas Dom Pipelassi, chroniqueur de cette chaîne et par ailleurs Directeur de la publication du journal «La voix de l’Est», avaient été convoqués à la police mercredi 20 janvier 2010 «pour besoin d’information.» Si Benjamin Essam et Giscard Bounga ne se sont pas présentés pour «n’avoir pas reçu la convocation», leur collaborateur Michael Doppas était effectivement dans les services du commissariat spécial de Bertoua jeudi 21 janvier dernier.

«Ils m’ont demandé le contenu de notre journal de mercredi matin » indique-t-il. La police soutient-il cherchait à savoir pourquoi « il y a eu coïncidence entre sa chronique et les événements de ce jour.»

A l’origine de toutes ces interpellations et convocations, radio aurore, une chaîne privée émettant dans la capitale régional du soleil levant dans son journal de 6h.30mins de mercredi 20 janvier dernier, journal présenté par Benjamin Essam, annonce à la une, la nomination par le directeur général, d’un nouveau directeur régional de Camtel en remplacement de Christophe Ngoma Zengué, qui occupait ce poste depuis le 17 novembre 2009.

Par la suite, Michael Doppas fait une analyse en spécifiant que cette nomination brusque (juste après deux mois) pour remplacer un fils de l’Est à la tête de Camtel «n’était pas liée à un problème professionnel mais à un problème politique et d’homme».

Mouvement d’humeur

Il soutient cette thèse en indiquant que depuis le 17 novembre et selon les sources à Camtel, les recettes de cette entreprise ont connue une nette amélioration. L’on apprend par la suite et toujours auprès de Camtel que pour le seul mois de novembre les recettes de caisse sont passées de 17 millions à plus de 21 millions Fcfa alors qu’au mois de décembre 2009, ce nouveau directeur originaire de l’Est avec l’appui de tout le personnel avait réalisé plus de 31 millions de recettes pour la première fois de l’histoire de Camtel à l’Est.

Ce même mercredi 20 janvier, vers midi, un groupe de jeunes, à la tête duquel Désiré Antibé organise un mouvement d’humeur sur l’axe central de la ville de Bertoua vers le siège de Camtel en chantant «il ne part pas, il ne part pas».

Malheureusement au niveau de la direction de Camtel, les grévistes ont été dispersés par les éléments de la compagnie de gendarmerie de l’Est, de l’équipe spéciale d’intervention rapide (Esir) et du commissariat central de Bertroua. Le préfet du Lom et Djerem, Rim à Mboussi mis au parfum de cette grève était également sur le terrain pour prendre l’ampleur de la situation. Il y a lieu de préciser que Issa Njankou, l’une des personnes interpellées et accusées de trouble à l’ordre public et incitation à la révolte n’était même pas sur la scène du mouvement mais certaines langues affirment que ce dernier était juste le financier de la grève.

Interrogé pour avoir sa version des faits sur ce mouvement d’humeur qui tournait autours de sa personne, Christophe Ngoma estime que «cette nouvelle affectation qui me donne le poste de chargé d’étude no 3 a choqué tous le monde. Mes relations avec les élites de l’Est sont bonnes mais il y a une parmi elles des personnes avec qui on ne voit pas dans la même direction».

Mutations : Sebastian Chi Elvido