Votre présence indique-t-elle que vous allez jouer ?
Samuel Eto’o : J’aimerais vous donner le fond de ma pensée mais je crois que le plus important c’est le match, et encore plus important, notre Mondial. Et j’espère qu’il ne va pas s’arrêter si tôt, comme le souhaitent beaucoup de personnes. Je répondrai après le Mondial à tous ceux qui m’ont attaqué et je donnerai les noms de ceux qui sont derrière certaines histoires pour que le Cameroun comprenne qui aime ce pays.
Mais êtes-vous apte ?
S.E. : Je ne peux pas donner de réponse satisfaisante. Et même si je le savais, je ne le dirais pas. Le foot, c’est aussi ces petits secrets avant le match. C’est de la stratégie, c’est normal, toutes les équipes le font. Je ferai tout ce qui est possible pour être avec mes coéquipiers. Que je sois titulaire ou pas, je donnerai le meilleur de moi pour que l’équipe gagne. C’est vrai que je suis un joueur important, mais le groupe l’est plus que moi. Je crois qu’on mérite de gagner, on a enduré tellement de choses. J’espère que les dieux du foot pourront nous accorder cette victoire.
» Le médecin a diagnostiqué dix jours pour récupérer, on ne les a pas »
Et vous, quel est votre souhait ?
S.E. : J’ai la même envie de jouer que le gamin de 17 ans qui portait ce maillot pour la première fois. Après, entre l’envie et la blessure, seul Dieu sait ce qui va se passer. Je traîne cette blessure depuis trois-quatre mois en club. Cela m’a empêché de faire la préparation avec l’équipe et j’ai joué plusieurs fois infiltré. J’ai pu revenir mais contre le Mexique, j’ai ressenti la douleur. Le médecin a diagnostiqué dix jours pour récupérer, on ne les a pas.
Les derniers résultats internationaux décevants ne vont-ils pas faire reculer le Cameroun ?
S.E. : On est dans un processus de reconstruction. On a fait de bons matches, d’autres moins. Cela fait partie de ce processus. On n’a aucune pression, rien à perdre. Le Barça qui a tout gagné pendant des années a mis dix ans à construire ça. Tôt ou tard, avec l’aide des gens positifs de ce groupe, on aura des résultats.
» On peut m’attaquer, ça je m’en fous »
Année après année, les mêmes maux semblent pourtant se reproduire…
S.E. : Notre premier défi, c’était d’essayer de faire vivre le groupe ensemble. Malgré tout ce qui se passe, et c’est dommage que des gens essaient de le déstabiliser, il vit bien. Les dirigeants sont surpris de voir qu’on passe de bons moments ensemble. Ce défi, on l’a gagné. Le deuxième, c’est d’essayer de gagner des matches. Demain (mercredi), il y a une autre occasion. Mais même si le pire scenario se présente, je sais comment ça fonctionne, je suis dans la maison depuis 17 ans. Ce groupe restera uni et soudé. Personne ne viendra mettre des problèmes entre nous. C’est ça la réalité.
Qui visez-vous dans vos attaques?
S.E. : Je ne vais pas répondre à cette question. Comme capitaine, je dois défendre notre groupe, le protéger des attaques. Je ne cède pas au chantage. Que ces gens se préparent, je parlerai après pour que le président soit au courant. On peut m’attaquer, ça je m’en fous.
Avec ce nul entre le Brésil et le Mexique, demain, le perdant sera éliminé…
S.E. : Ce score nous donne toutes nos chances. C’est le groupe le plus difficile. Ca va être comme ça jusqu’à la fin et personne ne pourra se reposer. S’il y a match nul, la dernière journée sera de la folie. Le Brésil, le Mexique, la Croatie et le Cameroun peuvent sortir. Tout sera ouvert. Demain, il ne faut pas perdre. Et même si personne ne nous voit ensuite battre le Brésil, tout est possible.