Calvaire d’un supporter algérien chez les Pharaons Hamel, le rescapé du Caire

Calvaire d’un supporter algérien chez les Pharaons Hamel, le rescapé du Caire

Ce que nous avons vu et entendu à Khartoum ne peut nous laisser indifférent. Que ce soit au Caire ou à Khartoum, les Algériens ont été la proie des sauvages. et ont été agressés à l’arme blanche.

Le cas qui dépasse toute imagination humaine et tout comportement d’un peuple du XXIe siècle demeure sans aucun doute celui de Hamel. Une barbarie indescriptible et inimaginable. Ce qu’a vécu notre concitoyen au Caire ne pourrait être que l’œuvre de barbares, et le terme reste faible.

Arrivé au Caire, la veille du match, Hamel, la cinquantaine et originaire de Constantine, ne remarqua aucun signe qui présageait que dans quelques heures, il allait vivre l’horreur et la nuit la plus longue de sa vie. Tout se passait le plus normalement du monde jusqu’à la sortie du stade.

«Nous avons quitté le stade vers 2h30 ou 3h. Il a fallu que notre ambassadeur en personne exige une escorte pour nous accompagner», nous raconte Hamel que nous avons rencontré à Khartoum après avoir vécu un cauchemar au Caire.

Il poursuit : «En cours de route, la police qui faisait l’escorte des supporters algériens nous a abandonnés, les chauffeurs quittaient leurs bus et nous nous trouvions face à une horde armée de tous genres d’armes blanches.

Chacun courrait pour se cacher là où il pouvait», nous raconte-t-il. Pour sauver sa peau, Hamel remarqua qu’il se trouve en face de l’hôtel Europa. Il y pénètre, mais voit par la suite un groupe d’Egyptiens qui tentait de déshabiller une femme algérienne. «Je ne pouvais les laisser faire. Après tout, c’est une sœur.

J’ai saisi une barre de fer et me suis lancé vers eux tout en me disant que j’allais mourir. Je peux vous dire que ce n’était pas une question de courage, mais plutôt une question d’honneur.» Une fois la femme libérée et mise en sécurité, Hamel tombe dans le piège tendu par ce même groupe devenu plus nombreux entre-temps. «J’était battu par tout le monde. Je ne sentais plus mon corps», disait-il. A partir de ce moment, Hamel ne pensait plus à la vie.

D’ailleurs, il n’avait plus d’énergie pour penser. «Ils m’attrapèrent, me ligotèrent les mains derrière un poteau ou je ne sais quoi, et là, ils s’amusaient à faire ce qu’ils voulaient sur mon corps à l’aide des couteaux.» Il nous a appris avec amertume qu’ils avaient gravé sur son ventre, et à l’aide d’un couteau, le nom d’Imad Moutaâb, le joueur égyptien qui a inscrit le second but contre notre EN, le 14 novembre dernier.

Il ne doit son salut qu’à quelques passants et à des policiers qui ont usé de leurs armes pour le sauver. «Sans doute pour ne pas avoir un cadavre sur les mains, d’autant plus que cela se passait devant le célèbre hôtel Europa», enchaîna-t-il. Ils le jetèrent dans un taxi et le balancèrent devant l’entrée de l’ambassade d’Algérie.

Quel être humain peut-il faire une chose pareille ? Même une bête féroce lorsqu’elle attaque sa proie ne la fait pas souffrir ? Sont-ils des êtres humains ceux qui ont fait cela ? Ont-il un cœur ? Les chaînes égyptiennes qui lancent leur poison contre nous, comme à l’accoutumée, ont-elles le courage de parler de cela ?

Cela nous étonne, car même pour l’attaque programmée contre nos joueurs, les chaînes de télévision se sont arrangées pour faire croire que ce sont les joueurs eux-mêmes qui se sont frappés mutuellement. Cela mériterait d’être repris par les «Guignols de l’Info.»

C’est un sujet intéressant que même les plus grandes industries cinématographiques ne pourraient imaginer. Il faut être Egyptien pour imaginer cela. «Une fois arrivés à Khartoum, nous avons tous fait une prière sur le sol soudanais», narre-t-il. Le comble, c’est que Hamel avait vécu en1994 – 1996 entre la France et l’Egypte. Ce qui le laisse dire : «Je connais très bien les Egyptiens.

Je les adore, j’adore leur cuisine.» A la question de savoir s’il pourrait un jour retourner en Egypte, Hamel lança un regard hagard, resta un long moment silencieux, soupira un long moment encore et nous a répondu avec la gorge nouée : «Dans mes rêves, je revois toujours les scènes. J’ai peur. En entendant parler de l’Egypte, même à la télévision, j’ai peur.» Hamel est rentré en Algérie dans le dernier vol de samedi en provenance de Khartoum. Que va-t-il dire à sa famille ?

Yazid B.