Café littéraire de Cherchell : L’accueil et l’apport des Morisques en débat

Café littéraire de Cherchell : L’accueil et l’apport des Morisques en débat

Écrit par Seddiki Djamila

Les animateurs du Café littéraire de Cherchell ont organisé, samedi 5 janvier à l’hôtel Césarée, une rencontre sur «Cherchell, terre d’accueil des Morisques» à l’occasion de leur 11e édition qui a regroupé les amateurs d’histoire de la ville et autres amis de l’association.

Selon le président de l’association Belombra, Rachid Bellahcène, la première Conférence intitulée «Cherchell, terre d’accueil des Morisques» a été animée par Nasser Bourdouz, chercheur anthropologue à l’Institut de recherche du Bardo, du Centre national de recherche préhistorique, anthropologique et historique (CNRPAH) d’Alger. La deuxième conférence portant sur «La notion de solidarité au sein de la minorité morisque, au XVIe siècle et le concept nation et famille», a été présentée par Salah Mounir, chercheur, traducteur et interprète à l’Institut d’espagnol et de l’université de Bouzaréah.

La clôture de la manifestation culturelle s’est achevée par une nouba andalouse jouée par les élèves de l’association Errachidia de Cherchell. Le nom «morisque», Morisco «petit Maure» en espagnol, désigne les Musulmans d’Espagne convertis au catholicisme conformément aux édits de conversion de 1502 et qui, après l’effondrement de la dynastie andalouse, connurent un destin tragique puisqu’ils furent expulsés vers le Maghreb. Ces conversions, obtenues de gré ou de force, ont été lourdes de conséquences pour cette population puisque cette opération mènera à leur expulsion massive alors que leurs ancêtres avaient construit l’histoire de la péninsule Ibérique pendant près de huit siècles (de 711 à 1492).

Le décret d’expulsion vers l’Afrique du Nord, signé le 4 avril 1609, a surtout concerné la communauté vivant dans le royaume de Valence et a duré jusqu’en 1614. Les Morisques débarqués au Maghreb aux XVIe et XVIIe siècles ont beaucoup apporté en matière de métiers du bâtiment, dans le domaine architectural et des métiers artisanaux tels que tisserands, fabricants de babouches, maçons et charpentiers. L’architecte Samia Chergui a travaillé sur l’apport des Morisques dans des villes comme Alger, Ténès, Cherchell et Blida dont plus de 25 000 Morisques étaient établis à Alger au début du XVIIe siècle avec un sixième des maisons d’Alger qui était occupé par eux, un pan de l’histoire peu connu.

Selon elle, «les Morisques avaient eu un effet positif sur l’essor urbain de plusieurs villes. Ils avaient fondé Koléa et doté Alger de structures hydrauliques impressionnantes. A partir de 1519, les Morisques participaient avec les Ottomans à bâtir des stratégies militaires pour défendre Alger des attaques maritimes». Ils avaient souffert au début, faute d’emplois, en raison, entre autres, de l’arrivée de captifs chrétiens. Vers 1571, les Morisques étaient assimilés aux beldis, citadins de souche, Algérois. Ils avaient pu accéder à des fonctions importantes grâce à leur statut de lettrés. Parmi eux, il y avait des charpentiers et des maçons qui allaient prendre part à l’effort d’édification.

Les Morisques dominaient le métier de tisserand, excellaient dans le travail de la soie et la fabrication de babouches et étaient connus comme parfumeurs aussi. A partir du XVIIIe siècle, l’intégration des Morisques était presque définitive», selon elle.