La ville de Blida est devenue le théâtre d’une rivalité d’un nouveau genre entre les résidents des nouvelles cités et lotissements qui semblent s’être donné le mot pour gérer et entretenir leurs cités et bâtiments, en se lançant dans une compétition insolite dont l’enjeu n’est autre que d’avoir le quartier le mieux entretenu et le plus fleuri de la ville.
Le visiteur de la ville des roses peut aisément constater cet effort d’entretien et d’embellissement consacré par les citoyens pour leur environnement immédiat, renvoyé notamment par ces belles cités où règnent l’ordre et l’harmonie, interdites aux intrus par de belles clôtures et où l’on accède par un grand portail, gardé nuit et jour par un gardien qui veille à la préservation de ces îlots de tranquillité.
Les résidents des quartiers les plus nantis ont même installé des barrières de protection électriques télécommandées à partir de la loge du gardien qui contrôle toutes les entrées et sorties des personnes et des véhicules.
Une fois à l’intérieur de ces « cités modèles », le visiteur ne peut que s’émerveiller devant la beauté et l’agencement des espaces fleuris et de verdures entourant les bâtiments, délimitant des aires de jeux réservées aux enfants qui s’amusent joyeusement sur des balançoires et sur d’autres gadgets conçus pour leur seul bonheur. Un parking admirablement entretenu et organisé où sont stationnés des véhicules dans un ordre impeccable, complète ce tableau idyllique.
Une idée qui a fait des émules….
L’idée de ces cités modèles a été lancée, pour la première fois au niveau de la cité des 110 logements socio- participatifs d’Ouled Yaiche, inaugurée en septembre 2005 par le président de la République.
A cette date, les résidents de cette cité ont eu l’idée de réunir de l’argent pour aménager leur quartier en procédant notamment à la construction d’une clôture tout autour de cette cité, afin de la préserver des intrus et éviter le vol de leurs véhicules notamment. Ils veillèrent toutefois à réaliser une fort belle clôture dont les couleurs ont été choisies dans des tons forts chatoyants rehaussés par de jolis motifs apposés le long du mur. La clôture a été renforcée par grand portail où fut aménagée une petite loge pour les gardiens de la cité, qui se relayent jour et nuit pour assurer la sécurité des résidents.
Un jardinier et des femmes de ménage furent, également, recrutés pour assurer l’entretien des bâtiments et de leur environnement immédiat, par les résidents de cette cité, qui contribuent ainsi, à leur manière, à l’effort national de création d’emplois. Ces travailleurs sont en effet payés sur les propres deniers des habitants du quartier, dont les cotisations mensuelles sont, également, destinées à l’acquisition de tous les équipements nécessaires à l’entretien de la cité.
Un comité de cité, comprenant notamment un président et un trésorier, se réunit régulièrement pour gérer les cotisations et débattre des problèmes du quartier et pour faire des propositions sur les améliorations susceptibles d’apporter un « plus » à la sécurité et au bien-être des habitants.
Beaucoup reste à faire cependant….
Au fil des années, cette expérience fut élargie à plusieurs autres cités de Blida, à l’instar de celles de la CNEP, au centre ville de Blida, à la porte d’Alger, et des 109, 119, 132 et 72 logements, situées respectivement à Diar El Bahri et Beni Mered.
Les efforts consentis par ces citoyens pour la préservation et l’embellissement de leur milieu sont d’autant plus « perceptibles » et « enviables » que certaines cités, considérées comme des milieux pullulant de petits délinquants, sont devenues des « havres de paix ».
Les efforts de ces citoyens pour l’entretien et la gestion de leurs cités et quartiers seraient plus complets s’ils sont suivis par ceux des pouvoirs publics pour l’entretien et le bitumage des routes, la création d’espaces verts la réalisation et la maintenance de l’éclairage public et leur dotation en moyens de transport, notamment, estiment de nombreux résidents, interrogés par l’APS.
Dans ce sens, un habitant de la cité des 72 logements, B.Kh, qui a estimé que les moyens des résidents sont limités et qu’ils ne pourraient aucunement se substituer à l’administration, à déploré « l’absence de moyens de transport dans son quartier qui se trouve ainsi dans un isolement total ».
« Les arrêts de bus ont été installés trop loin de notre cité, nous obligeant à parcourir une longue distance pour prendre le transport », a-t-il fait observer en signalant également « l’absence de CEM et lycées mitoyens à ce quartier qui pas encore raccordé aux réseaux de téléphonie fixe et de l’Internet ». « Notre parking suffit à peine aux véhicules des résidents de la cité, et nous n’avons toujours pas réussi à créer un espace pour nos enfants, malgré toute notre bonne volonté », a renchéri son voisin, M. A, qui qualifie son quartier de « cité dortoir par excellence ».
Mme A.T, une résidente de la cite des 109 logements, a estimé pour sa part qu’en « l’absence d’un suivi de la part des autorités publiques, ces cités finissent par se dégrader avec le temps car les citoyens baissent les bras en constatant le désintérêt des autorités pour ces cités ».