L’affaire Biotic (Saidal)-Solupharm, qui continue de faire couler beaucoup d’encre et de salive, connaîtra aujourd’hui son épilogue à la faveur du procès qui se tient au niveau de la cour d’Alger.
En effet, les services des domaines de la wilaya d’El-Tarf ont signifié, il y a deux semaines, aux gérants de la société Solupharm par le biais d’une correspondance, la régularisation de tous les documents inhérents au terrain réservé à la réalisation d’une usine en partenariat avec Saidal pour la production d’antibiotiques en forme sèche et injectable dans la commune de Ben M’hidi.
En ce sens, il est à noter que le leader de la pharmacie algérienne et Solupharm, ont monté, en 2004, la société mixte Saidal Solupharm pharmaceutiques SPA. Malheureusement, la relance des travaux pour la concrétisation de ce projet, qui accuse un retard considérable et dont le taux d’avancement est de 35 %, est compromise du fait que le directeur général de Solupharm, Benmechiche Fouzi, est actuellement incarcéré à la prison de Serkadji.
Il a été condamné en première instance par le tribunal de Sidi M’hamed Alger à sept ans de prison ferme, en compagnie du DG de Biotic filiale de Saidal, Rachid Zaouani, dans le dossier de partenariat Biotic –Solupharm, à savoir un contrat de fabrication en façonnage pour la production de médicaments. Ils sont accusés de dilapidation de deniers publics et trafic d’influence.
Leur procès en appel a été reporté une première fois au 2 mai dernier puis renvoyé au 24 mai ( aujourd’hui NDLR).
Documents à l’appui, l’avocat du DG de Solupharm, Me Belbel Adel, a situé d’une manière précise et claire la problématique de ce procès.
Il a indiqué en substance : «Il s’agit en effet d’un lot de 100 kg de matière première en voie de préemption achetés par Solupharm à Biotic (Saidal) pour la modique somme de 140 000 dinars en TTC pour la fabrication du médicament Denfluor 0,25 mg comprimés». Saidal, à travers ce contrat de façonnage, gagne sur tous les plans.
Elle rentabilise les équipements et le personnel et perçoit 7 % du prix de vente du médicament par le biais de son entreprise de distribution Pharmal. Le médicament en question, objet principal de cette affaire, est vendu en Europe à 1,5 euro alors que sur le marché national il est cédé pour 51 DA. Ce qui engendre une plus-value considérable pour les finances du pays.
La société dispose d’une attestation en franchise de la taxe sur la valeur ajoutée et ce pour l’importation de grandes quantités de matières premières. Denfluor est un médicament qui entre dans le cadre du programme du président de la République pour la fabrication de 27 millions de boîtes aux profits des écoliers de 36 wilayas et pour lequel la société Solupharm a signé un engagement avec le ministère de la Santé.
Un marché qui a aiguisé les appétits des concurrents «. Et d’ajouter que : «cette affaire est purement commerciale, ne relevant pas du pénal, et doit bénéficier de la mesure de dépénalisation de l’acte de gestion. Cependant, il est irrationnel d’accuser le DG de Solupharm de trafic d’influence parce que ce dernier exerce dans sa propre entreprise et non pas dans un organisme étatique».
En ce qui concerne le cas du DG de Biotic, notre interlocuteur a indiqué que «Rachid Zaouani a développé, depuis sa nomination à la tête de Biotic, plus de 130 médicaments en contrats de façonnage avec plusieurs entreprises privées (6 exactement), à des prix défiant toute concurrence, soit 5 à 8 fois moins élevés que ceux de l’importation. Aussi, le chiffre d’affaires de Biotic a-t-il explosé pour atteindre les 1800 % d’augmentation en quelques années.
«Selon l’avocat de Benmechiche Fouzi, « cette affaire est une cabale orchestrée de main de maître par la maffia du médicament que le ministre de la Santé a dénoncée par médias interposés à maintes reprises. Le procès de ce jeudi (aujourd’hui) apportera beaucoup de révélations fracassantes.
«Dans le même registre, les familles Benmechiche et Zaouani interpellent le président de la République pour ouvrir une enquête afin de faire la lumière sur les dessous, les objectifs et les desseins inavoués de cette affaire pour établir toute la vérité.
Cette affaire, de l’avis de beaucoup d’experts, est un cas d’école en matière d’interférences entre le code commercial et le code pénal, d’un côté, et l’importance d’une spécialisation de nos juristes et magistrats pour que la loi soit appliquée dans toute sa rigueur sans léser personne.
Nabil Chaoui