Buteur décisif face au FC Porto : Slimani : «Ce but est le plus important depuis que je suis au Sporting»

Buteur décisif face au FC Porto  : Slimani :  «Ce but est le plus  important depuis que je suis au Sporting»

Buteur pour la quatrième fois consécutive ce dimanche contre le FC Porto, Islam Slimani, qui a réussi à détrôner son concurrent direct, le Colombien, Fredy Montero, a inscrit en la circonstance son 9e but de la saison (7 en championnat et 2 en Coupe). Lucide et très humble, l’ex-Belouizdadi met en exergue le mérite de tout le groupe et refuse ce nouveau statut de l’homme providentiel que lui attribue pourtant très justement la presse portugaise.

Islam, belle victoire, c’est votre premier grand succès contre Porto ?



Oui, c’était un objectif personnel et collectif pour moi. J’avoue que vivre des matchs d’une telle intensité est quelque chose d’extraordinaire qu’on ne peut ressentir que lorsqu’on est sur le terrain. Pour revenir au match, il n’y a rien à dire, on mérite notre victoire face à cette grande équipe de Porto. C’est vraiment magnifique pour notre équipe et notre groupe qui travaille beaucoup pour avancer et progresser encore plus sous la houlette du coach Jardim.

Ces 3 précieux points gagnés contre un concurrent direct pour le podium vous permettent aussi de rester accrochés au Benfica, le titre est jouable, non ?

Le titre ? Non il est encore trop tôt pour en parler. A mon avis, cette victoire contre Porto ne changera rien à nos objectifs. On va aborder le reste de la saison match par match et on fera le décompte des points en fin de saison. On verra bien ce qui va se passer.

Pour une place en Ligue des Champions cela semble se faire, vous comptez quand même une bonne marge d’avance pour au moins finir troisième ; sur le plan personnel, jouer cette compétition serait l’idéal, non ?

C’est normal, pour un joueur professionnel, le but suprême c’est de participer à une Coupe du Monde et jouer la Ligue des Champions. Donc, dans un coin de ma tête cet objectif existe, mais, au risque de me répéter, on n’en est pas encore là. Je préfère rester sur mes objectifs collectifs.

Du coup, dans un club comme le Sporting la concurrence devient féroce aussi… Comment vivez-vous tout cela avec Montero, Mane et les autres maintenant que vous êtes buteur providentiel de l’équipe?

Ça ne change rien. La concurrence demeure la même. Ce sont toujours les meilleurs qui jouent. A présent ça me sourit bien… J’espère que cela durera le plus longtemps possible pour le bien du Sporting. C’est toujours la performance collective qui prime.

4 matchs, 4 buts, mais vous êtes en réussite Islam ?

Dieu merci, je retrouve mes sensations de buteur depuis quelques semaines. Cette réussite je la dois aussi à tous mes camarades, à mon entraineur et aux dirigeants du club qui ont cru en moi en venant me chercher pour après me faire confiance…

Justement, Jardim ne tari pas d’éloges sur vous… Cela a-t-il influé sur votre rendement sur le terrain ?

C’est clair, la confiance du coach Jardim m’a métamorphosé. Même lorsque je ne jouais pas, il me parlait beaucoup, il n’a pas cessé de m’encourager et de croire en moi. Mais je dirai que quelque part, je n’ai pas déçu sur le terrain.

Décisif face à Porto au moment où Montero ne marque pas… un commentaire ?

Il faut d’abord dire que Montero est un grand attaquant. Un buteur qui a rendu et qui rend d’énormes services au Sporting. Vous savez, c’est d’abord un équipier modèle et un grand joueur avant qu’il ne soit un concurrent dans mon poste.

9 buts déjà, serions-nous tentés de dire, pour le peu de matchs joué, c’est une grosse performance…

C’est vrai que je n’étais pas un titulaire dans l’équipe mais je n’ai jamais perdu confiance en moi. Vous savez, j’ai débarqué un peu en retard à Lisbonne, il m’a fallu m’adapter et là Hamdoulillah, ça va mieux depuis quelques rencontres. J’essaye de saisir ma chance et ne pas décevoir…

Pour un début professionnel, 9 buts c’est déjà pas mal, est-ce votre avis ?

Je ne raisonne pas de cette façon, je suis ambitieux et je ne me fixe pas de limite. Je veux marquer le plus souvent possible et défendre au mieux mon statut d’international algérien. Je me dois donc d’être performant avec le Sporting.

Peut-on dire au moins que vous avez gagné cotre place de titulaire au Sporting ?

Moi, je ne m’enflamme pas, depuis que je suis au Sporting, je n’ai jamais changé de discours. Je suis ici pour apprendre et je resterai à la disposition du coach Jardim avec qui tout se passe très bien, voilà tout. S’il juge que je mérite de jouer, je suis présent sinon je redoublerai d’efforts.

Avez-vous un jour pensé à marquer 9 buts en si peu de matchs avec un grand club qui s’appelle le Sporting ?

Sincèrement, c’est un rêve qui se réalise. Après, croyez-moi, je n’ai jamais perdu confiance, j’ai toujours cru en mes qualités. Je savais qu’en atterrissant au Sporting je devais marquer des buts pour m’imposer et pour l’instant tout me réussi grâce à Dieu.

Et si on revenait au dernier stage de l’EN… il s’est passé comment ?

C’était d’abord un plaisir de retrouver les camarades de la sélection. C’était une belle occasion de se revoir et Hamdoulillah au bout il y a eu une belle victoire contre la Slovénie qui nous a vraiment fait énormément de bien sur le plan mental.

Pour vous personnellement, c’était votre première sortie contre une équipe européenne… Islam, ça s’est passé comment ?

C’était certes ma première sortie en sélection contre une équipe européenne mais vous n’êtes pas sans savoir que depuis que je suis au Portugal, j’ai pris l’habitude d’affronter de très bons défenseurs internationaux, à l’instar des équipes du championnat du Portugal et notamment ceux du FC Porto et du Benfica Lisbonne.

Ce succès arraché contre une équipe de la Slovénie, avec tous ses meilleurs éléments, peut-on le considérer comme un match référence ?

Je ne sais pas mais si on croit vraiment qu’on est arrivé au niveau Mondial assez tôt, croyez-moi, on va vivre une grosse désillusion. Ce n’est qu’un match amical où, certes, on a montré de belles choses mais chacun de nous est conscient qu’un grand travail reste à faire avant le Mondial.

Parlez-nous de Mandi et Bentaleb qui ont effectué leur baptême du feu avec la sélection…

De par ce qu’ils ont démontré, je crois qu’ils sont bien capables d’apporter le plus attendu par le coach. C’est aussi le cas de Ferhat et les autres joueurs qui n’ont pas eu la chance de jouer contre la Slovénie.

Vous claquez des buts avec le Sporting mais c’est en sélection que vous avez laissé passer une belle occasion de frapper, racontez-nous un peu ce qui s’est passé ?

Je n’ai pas eu je crois de la réussite sur ce coup mais il faut aussi dire que le gardien Handanovic (portier de l’Inter Milan), qui n’est plus à présenter, a bien anticipé ma frappe que je voulais placer entre les jambes. L’angle était fermé et le portier Slovène a sorti la parade qu’il faut.

Le Mondial arrive à grandes enjambées, vous pensez déjà à ce rendez-vous… Quelle est la meilleure manière de le préparer ?

Chaque joueur de l’EN sait maintenant ce qu’il doit faire pour espérer figurer dans la liste finale du coach Vahid. Il faut vraiment rester compétitif et se montrer décisif dans son club pour gagner des points et mériter de jouer le Mondial.

C’est la consigne du coach Vahid ?

C’est normal, je crois qu’il n’a pas besoin de le répéter. Pour être au top physiquement et mentalement avant le Mondial, il faut vraiment s’imposer au sein de son club ou bien jouer le plus souvent possible. Après, on est des professionnels, chacun de nous sait ce qui l’attend.

Le sélectionneur de la Corée nous a déclaré que vous étiez le joueur à surveiller lors du prochain Mondial, qu’est-ce que cela vous fait ?

Ça fait plaisir d’autant plus que cela provient d’un entraineur adverse mais franchement, c’est juste une déclaration parce que je sais pertinemment que ce coach de la Corée est convaincu que, l’Algérie, ce n’est pas uniquement Slimani. Soyez sûrs je en vais pas m’endormir.

Il y aura un long stage avant le Mondial en Suisse où deux matchs sont prévus face à l’Arménie et la Roumanie… un mot su ces deux prochaines échéances amicales ?

Ce sont de très bons tests avant d’entamer la dernière ligne droite d’avant Mondial. Je pense que si tout ira comme souhaité, ce sera pour nous l’occasion de bien se préparer et de s’armer techniquement et tactiquement pour la Coupe du Monde. Les deux équipes que vous venez de citer sont des nations européennes qui évoluent au plus haut niveau. Certains ont trouvé à redire sur notre succès face à la Slovénie trouvant cette équipe faible… Eh bien je les invite à aller voir leur parcours lors des éliminatoires de la CM 2014.

Si on peut tirer une conclusion de ce match de la Slovénie, que diriez-vous ?

Une bonne répétition, qui nous a permis de jouer de fort belle manière. Il y a aussi cet esprit combatif et cette grande détermination retrouvée sur le terrain.

Maintenant que vous vous êtes mesurés à une bonne équipe, peut-on dire que nous sommes en mesure de passer au second tour ?

C’est clair que ça va être notre objectif, on ne peut rien promettre, c’est le football… tout peut arriver mais sachez qu’on ne lâchera rien, on va se battre à fond pour aller le plus loin possible.

La leçon de la CAN a été bien apprise ?

Voilà ! Tout à fait, ça ne sert à rien de se focaliser sur notre parcours dès maintenant. La Coupe du Monde c’est le haut niveau, si on n’est pas motivé pour faire honneur à l’Algérie il vaut mieux rester chez soi mais il faut savoir êtres réalistes.

Le discours du coach a été très clair, les portes resteront ouvertes, autrement dit les places ne sont pas acquises, est-ce que cela est valable pour tout le monde selon vous ?

C’est normal, tant qu’il n’a pas encore annoncé sa liste des 23 tout le monde peut se sentir concerné mais pas assuré de jouer le Mondial. En 2 mois, beaucoup de choses peuvent se passer. C’est au coach de faire son choix

Soudani marque des buts et a même retrouvé le chemin des filets en sélection, votre commentaire?

Hilal, mérite tout le bonheur du monde, c’est mon frère et je suis content pour lui parce qu’il a énormément travaillé. C’est le joueur le plus en forme de la sélection, à mon avis. Il a beaucoup joué avec Zagreb et marqué plusieurs buts, je le félicite à cette occasion.

Le Sporting a enregistré l’arrivée de l’Egyptien Mahmoud Shikabala. Racontez-nous un peu comment ça se passe avec lui ?

Franchement, Shikabala est un type magnifique. C’est quelqu’un de très sympathique avec qui je m’entends très bien. On évoque plusieurs sujets, on parle de tout et de rien, on est des potes et on est souvent ensemble.

Il est musulman et arabe comme vous. On imagine que vous passez tout votre temps avec lui…

Je dirai qu’il a mis fin à ma solitude à Lisbonne. On parle la même langue et on est tous les deux musulmans… Forcément, les liens son plus forts. Il est arrivé cet hiver et, franchement, depuis, je ne me sens plus seul. Je dirai que je suis en bonne compagnie.

Croyez-vous qu’il va finir par s’imposer ?

Je l’espère pour lui. Il le mérite, franchement. C’est un très bon joueur. Il vient d’arriver. Il aura besoin d’un temps d’adaptation et moi de ma part je ferai tout pour l’aider à s’intégrer.

Avant-hier, il y avait un supporteur spécial venu pour vous, vêtu des couleurs nationales, quelle a été votre réaction ?

J’étais fier… Sincèrement le drapeau algérien au stade Alvalade, ce n’est pas nouveau, cela me motive, ça chaud au cœur.

Un dernier mot aux supporteurs qui commencent à s’enflammer pour le Mondial ?

Je leur demande de ne pas trop rêver dès maintenant. On a certes une belle équipe, un jeune groupe qui est capable de leur apporter de la joie à l’avenir mais il faut rester réaliste.

Pour terminer, le CRB, depuis l’arrivée de Henkouche et Yahi, revient dans la course pour le maintien, cela semble vous soulager…

Je ne vous le fais pas dire. Je suis au courant de tout ce qui touche au Chabab. Comme je l’ai déjà dit, le CRB s’en sortira grâce à ses hommes. Et, à mon avis, il n’y a pas mieux que Henkouche et Hocine Yahi pour sauver cette saison pénible. Franchement, je suis très content, le Chabab n’est pas une équipe de Ligue2 Mobilis. Les Grands ne meurent jamais.

Entretien réalisé par Moumen Aït Kaci Ali