Le Premier ministre a été catégorique: tout film qui dépasse les 10 milliards passera au contrôle.
La manifestation du 50e anniversaire de l’Indépendance de l’Algérie sera officiellement lancée après les élections législatives du 10 mai, c’est ce qu’a instruit le président de la République aux différents responsables des structures chargées de cette manifestation importante. Pour ce faire, le Premier ministre Ahmed Ouyahia a donné des instructions fermes pour finaliser les textes et surtout valider tous les projets avant le 30 juin, pour annoncer officiellement le lancement de la production audiovisuelle et cinématographique pour la date du 5 juillet 2012. Les responsables de cet événement sont aujourd’hui conscients de l’importance de la manifestation et ne veulent pas qu’elle se transforme en business.
Ainsi, le Premier ministre a demandé aux ministères de la Culture, des Moudjahidine et à l’Eptv de faire passer au Premier ministère tout projet cinématographique ou audiovisuel qui dépasserait les 10 milliards de centimes, pour contrôle et justification des dépenses. Cette décision concerne deux productions cinématographiques qui ont déjà obtenu un financement et dont le budget dépasse les 60 milliards de centimes. La Présidence et le Premier ministère ne souhaitent pas que la Révolution serve de fonds de commerce pour l’enrichissement de certains producteurs. Dans ce sens, il a demandé aux trois institutions d’unifier leurs projets et d’exclure tout projet qui a déjà obtenu un financement et qui sollicite de nouvelles sources de financement auprès d’autres institutions. Ainsi, celui qui est sélectionné par le ministère de la Culture ne peut pas demander un financement supplémentaire au ministère des Moudjahidine ou à la Télévision nationale et vice versa. Une décision qui a pris à contre-pied certains producteurs qui ont déposé leurs projets au niveau des trois institutions et qui avaient planifié de s’enrichir sur le dos de la Révolution. Une réunion de coordination a rassemblé les responsables de la Télévision et du ministère de la Culture en charge de la manifestation du 50e anniversaire de l’Indépendance. L’objectif étant d’unifier les barèmes de production et surtout d’éviter des dépenses inutiles pour l’Etat.
Cette décision de mettre le holà sur la gabegie dans la production cinématographique, vise surtout le ministère des Moudjahidine qui offre des financements astronomiques pour des projets qui, techniquement et artistiquement, n’en valent pas le coup. A cela s’ajoute une opacité inquiétante dans le traitement des projets. Le Premier ministre a indiqué que tout projet qui sera accepté doit passer impérativement par un appel d’offres, comme ce fut le cas avec le ministère de la Culture et l’Eptv. Cependant, le ministère des Moudjahidine a surpris tout le monde en lançant, cette semaine, un concours national pour l’écriture de scénarios pour des longs métrages sur six héros de la Guerre de Libération nationale: Larbi Ben M’hidi, Colonel Lotfi, Zighout Youcef, Si El Haouès, le colonel Amirouche et Ahmed Bougara.
Les scénaristes ont jusqu’au 30 juin pour remettre leur texte, soit deux mois seulement de recherche et d’écriture. Une durée insuffisante pour faire un bon script. En réalité, le ministère des Moudjahidine, qui fait face à des critiques sur le manque de gestion dans le dossier, a lancé ce concours pour mettre de l’ordre dans la commission de lecture et écarter des scénarios parachutés et des dossiers incomplets.