Le permis à points ne sera pas appliqué en novembre prochain. Sa mise en vigueur est attendue, selon Amar Tou, avant la fin de l’année en cours.
Les bus, les camions et les taxis sont de véritables cercueils roulants. Les deux derniers accidents enregistrés à M’sila et sur l’axe reliant Bordj Badji-Mokhtar et Reggan, constituent une preuve tangible, avec 24 morts et 18 blessés. Du coup, le ministre des Transports, Amar Tou, au même titre que les services de sécurité, sont unanimes : les transports en commun et de marchandises sont impliqués dans
1 569 accidents, soit un taux de 5%, mais sont responsables de 43% des victimes enregistrés depuis janvier à fin août 2012 : c’est le constat révélé lors d’une journée d’évaluation consacrée à la sécurité routière. “Inadmissible, quand on voit que les raisons de ces catastrophes sont dues à l’homme. Cela relève du mépris de la loi et de l’éducation des automobilistes”, a déclaré hier M. Tou en direction des chauffards ou encore des réfractaires au code de la route.
Le ministre n’a pas mâché ses mots : “Certains automobilistes acceptent que les amendes soient payées au prix fort pour garder le permis de conduire. Moi, je dirai que la vie des autres n’a pas de prix. Il faut dire aussi que nos routes et nos autoroutes sont loin de répondre aux normes européennes en termes de matérialisation et de signalisation. Certaines catégories de bus, comme celui impliqué dans l’accident à M’sila, ne répondent également pas aux normes de véhicules commercialisés en Algérie. Les chauffeurs de bus ou de camions ne respectent pas les horaires de conduite et les normes de repos sur les longs trajets. J’estime que nous devons chercher d’autres raisons, les canaliser avant d’aller vers une répression totale”, a-t-il dit.
Des intervenants ont proposé d’aller vers des textes de loi plus clairs, une meilleure organisation dans l’application de la loi et la mobilisation de moyens humains et matériels conséquents. Car au rythme où vont les choses, les bus et les camions, mais aussi les taxis, continueront à tuer sur les routes.
D’ailleurs, les services de sécurité ont révélé qu’au cours de la même période, sur 58 295 véhicules impliqués dans les accidents, 5 810 sont des moyens de transport de marchandises et 1 584 autres des moyens de transport de voyageurs. Il est vrai que la pièce de rechange, dite Taïwan, est pour quelque chose, mais à voir les camions et les bus totalement rouillés et démunis de règles de sécurité circuler dans les villes comme dans les campagnes, on s’interroge si le dossier de la sécurité routière n’est pas sujet à une mauvaise gestion.
M. Tou le dira subtilement : “À chaque fois qu’une loi est mise en vigueur, les accidents sont revus à la baisse. Mais une année après, c’est le laxisme total ! Nous avons devant nous pour huit mois seulement, 2 578 morts et 33 766 blessés, soit 78 accidents, 11 morts et 139 blessés/jour. Nos automobilistes ne respectent guère la loi.” Les participants ont relevé que les actions de sensibilisation produisent rarement des résultats. Y compris les actions de proximité, comme celles menées dans les écoles.
Le permis à points ajourné à fin 2012
Le ministre des Transports a également démenti l’information selon laquelle le mono-tachygraphe sera appliqué dans les jours à venir. “C’est faux. Le texte est au niveau du secrétariat général du gouvernement et nous ne voulons pas tomber dans le mono-tachygraphe de contrefaçon. Chaque chose en son temps”, dira M. Tou. Celui-ci a ensuite annoncé que l’application du permis à points est ajournée à fin 2012 au lieu du mois de novembre prochain, date butoir arrêtée au début de l’année 2012. Ce report est notamment dicté par l’absence de fichiers unifiés de cartes grises, de permis de conduire et de cartes d’identité nationale, d’une part, et la préparation des personnels (en cours) au niveau des administrations et des services chargés de la sécurité routière.
Pour le moment, le ministère des Transports suit de près les textes de loi en suspens et compte aller vers des dispositions plus répressives afin de juguler le “terrorisme routier” et qui a causé, 8 285 morts en 2009 et 2010 et 4 600 morts en 2011. D’autres propositions et recommandations ont été formulées par les participants, comme l’urgence d’ouvrir de grandes écoles pour former les chauffeurs en transport en commun, après l’obtention bien sûr d’un permis de conduire toutes catégories, de revoir l’âge des chauffeurs professionnels avant de les breveter, de revoir en hausse l’âge des candidats au permis de conduire, d’instaurer un système national pour homologuer chaque véhicule avant sa mise en circulation, etc.
F B