Bouabdellah Ghlamallah, 76 ans, est le ministre des Affaires Religieuses de l’Algérie depuis plus de treize ans. Il participait hier au 2e séminaire régional de la grande mosquée de Lyon, consacré aux imams et prédicateurs.
> Le projet de loi d’interdiction du voile intégral (niqab ou burqa) est examiné mercredi en conseil des ministres à Paris. Votre opinion ?
C’est un débat que je suis, bien sûr, de près. Je pense que la France a de nombreux problèmes à résoudre, plus importants que celui du voile intégral. La crise économique internationale ou le projet d’Union pour la Méditerranée en font partie.
> Voulez-vous dire que cette interdiction est une erreur ?
Non ! Ce n’est pas une erreur. Mais, même si je ne vis pas en France pour pouvoir me rendre compte de tout, je ne vois pas où est l’urgence. Il s’agit pour moi d’un comportement marginal, qui n’a rien à voir avec une prescription religieuse, mais part d’une attitude individuelle extrême. Exactement comme quand des gens se promènent nus !
> Ce débat sur l’interdiction du voile intégral en France suscite-t-il des réactions en Algérie ?
Non, il y a peu de réactions parmi la population. Seuls certains organes d’information se sont emparés du sujet. Mais pour nous, c’est une question tout à fait secondaire. Ce qui nous préoccupe, ce sont les problèmes de drogue, de délinquance et de chômage des jeunes. Sachez d’ailleurs que le port du voile intégral est très marginal en Algérie, et en régression actuellement, par rapport à l’époque de la décennie noire du terrorisme, entre 1985 et 1995. Beaucoup de femmes se promènent même sans voile dans les villes ou les villages. On accepte la liberté des gens de s’habiller comme ils veulent.
> Bernard Kouchner, le ministre français des Affaires Etrangères, avait déclaré début mai craindre des critiques internationales après l’interdiction du niqab. Que se passera-t-il en Algérie ?
Je peux vous assurer que cela n’entraînera aucun problème avec l’Algérie.
Propos recueillis par Nicolas Ballet