Le cauchemar de l’année précédente est encore gravé dans la mémoire de milliers de clients d’Algérie Poste qui ne veulent pas être pris au dépourvu. D’ailleurs, contrairement aux jours précédents, de plus en plus de citoyens affluent ves les agences postales ouvertes la nuit pour retirer leurs économies.
L’anarchie qui précède la fête de l’Aïd est déjà perceptible. Dans les gares routières, les bureaux de poste, les magasins et les restaurants, les citoyens s’amassent, s’entassent, s’énervent et s’impatientent. A Alger, la tension monte d’un cran dans certains endroits, notamment durant la journée. La chaleur et le jeûne sont souvent derrière des coups de colère, ayant pour étincelle la longue attente dans d’interminables processions ou parmi une foule compacte. C’est le cas notamment des bureaux de poste pris d’assaut par les usagers en quête d’argent. La cause principale de cet «engouement» est le spectre de crise de liquidités qui plane à la veille de l’Aïd. Le cauchemar de l’année précédente est toujours gravé dans la mémoire de milliers de clients d’Algérie Poste, qui ne veulent pas être pris au dépourvu.
D’ailleurs, contrairement aux jours précédents, de plus en plus de citoyens affluent vers les agences postales ouvertes la nuit, pour retirer leurs économies. «Je ne resterais pas jusqu’au dernier jour, l’année passée j’ai failli passé l’Aïd sans le sou», nous dira un citoyen rencontré, la nuit, sur les escaliers de la Grande poste d’Alger. Notre interlocuteur dira que durant la journée, les bureaux de poste sont pleins à craquer. «Plus le jour ‘’j’’ approche, plus l’argent manque et la tension monte», ironise-t-il. Quant aux assurances de la Direction générale d’Algérie Poste, les clients ne semblent pas en être très convaincus. L’autre place qui connaît une plus grande affluence ces derniers jours est la gare routière du Caroubier. Des voyageurs en route vers différentes destinations arrivent de toutes parts, souvent munis de cabas, sacs et valises. On apprend que le transport est jusque-là, disponible malgré l’augmentation de la demande, mais il est à s’attendre à de véritables débordements dans les prochains jours. Le directeur de cette gare, dans une déclaration à la radio nationale, a affirmé que toutes les mesures ont été prises pour permettre aux voyageurs un déplacement dans de bonnes conditions.
Outre les bus exerçant sur les différentes lignes, d’autres bus ont été «mobilisés et seront exploités en cas de besoin» a-t-il rassuré. Cependant, il n’y a pas que «le transport et l’argent» qui préoccupent des millions d’Algériens en ces derniers jours du mois de ramadhan. Des travailleurs, a-t-on constaté, trouvent de la peine à dénicher une place dans les restaurants à l’heure de l’Iftar. Et pour cause, des restaurateurs ont préféré baisser rideau et rejoindre leurs localités d’origine, y passer les derniers jours de ce mois du jeûne. A la rue Tanger, plusieurs restaurants ont d’ores et déjà fermé, ce qui a créé une grande anarchie chez ceux restés toujours ouverts. Aussi, faut-il relever que les boutiques, magasins et marchés de vêtements ne désemplissent pas. Les habits pour enfants se vendent comme des petits pains, à des prix relativement plus chers. Des pères et mères de familles se sont même plaints de ne pouvoir faire leurs achats. «Malgré la pression de mes enfants, je continue à reporter, de jour en jour, mes achats. La journée, je suis prise par les travaux de ménage et de la cuisine, la nuit, toutes les boutiques sont pleines à craquer» se désole une jeune maman. Tout compte fait, l’affluence et l’anarchie des années précédentes sont de retour avec, de surcroît, la crainte des pénuries.

Par Aomar Fekrache