Sur l’autoroute fermée, le compteur de la Grand Sport affiche 250 km/h. L’indicateur de puissance m’informe alors que je n’utilise guère plus de 280 chevaux sur les 1 001 disponibles. Bienvenue sur la planète Veyron !
Avoir autant de pur-sang sous les ordres est un gage de sécurité. À condition d’avoir un minimum de sensibilité dans le pied droit. Car la Grand Sport présente une double personnalité.
Si l’on se contente d’effleurer l’accélérateur, le puissant cabriolet se montre aussi docile qu’une Golf. En mode automatique, la boîte DSG passe même la septième dès 90 km/h. Le W16 ronronne alors à 1 400 tours, comme un vulgaire diesel.
Mais, si vous avez le cran de mettre le pied au plancher, la mécanique marque d’abord une pose, puis les quatre turbos sonnent la charge, la boîte rétrograde en première, et… vous vous retrouvez catapulté vers l’horizon !
L’accélération est cataclysmique, elle vous imprime au fond du siège. Terrifiant. Et tellement grisant.
Une direction légère et précise
Fort heureusement, le châssis de la Veyron Grand Sport se montre à la hauteur de son fulgurant 16-cylindres. Le cabriolet a perdu en rigidité comparé au coupé (22 000 Nm/° contre 56 000), mais il faut emprunter une route défoncée pour s’en apercevoir.
La Grand Sport demeure aussi neutre et stable en virage que le coupé Veyron. Simplement, elle chaloupe un peu plus sur les bosses en raison de tarages de suspensions plus souples.
Je dois reconnaître que j’étais sceptique à l’idée d’essayer une voiture de sport pesant presque 2 tonnes (100 kg de plus que le coupé). Volant en mains, la Grand Sport ne fait pourtant pas son poids.
Sa direction s’avère à la fois précise et légère. En virage, elle vire d’un bloc sans jamais élargir la trajectoire. Aucun dénivelé ne parvient à freiner l’ardeur de son moteur. Quelle que soit la vitesse, son freinage se montre d’une efficacité redoutable.
Difficile d’imaginer plus belle démonstration de maîtrise technologique.
Si la vitesse de pointe supersonique d’une Veyron est anecdotique, on se régale de ses reprises qui raccourcissent les lignes droites.
Au petit jeu de l’élastique, le cabriolet s’avère plus vivant que le coupé car, toit ôté, on se retrouve aux premières loges pour profiter du concerto pour soupapes de décharge et cornets d’admission, orchestré par le W16.
Quand ce moteur de 8 litres de cylindrée avale goulûment sa ration d’air au travers des deux bouches qui surplombent l’habitacle, on baisse instinctivement la tête par crainte d’être gobé tout cru !
Le toit rigide et transparent en polycarbonate de la Grand Sport pèse 16,5 kg. Il se démonte en un tournemain mais ne peut trouver place à bord d’une Bugatti où l’espace tout entier est dédié à la mécanique. Si l’orage menace, un abri de fortune est logé dans le minuscule coffre avant.
Il s’agit d’une toile légère (4,5 kg) qui s’ouvre comme un parapluie pour vous permettre de rentrer au sec, jusqu’à 160 km/h. L’habitacle du cabriolet est également tendu de cuir résistant à l’humidité.
La Grand Sport se distingue aussi par un pare-brise plus long et des jantes plus légères dont le dessin reprend le thème du fer à cheval, emblème de la marque.
Enfin, elle inaugure de nouvelles optiques avant à diodes et une caméra de recul dont l’écran apparaît dans le rétroviseur intérieur, des nouveautés qui seront introduites, à terme, sur le coupé.
Alors qu’il affiche peu ou prou les mêmes performances que le coupé, le cabriolet Bugatti offre un agréable surcroît de sensations. À bord de la Grand Sport, le vent souffle et le W16 tempête. Pour le plus grand plaisir de quelques amateurs très fortunés.
Fiche technique
Moteur : W16, 4 turbos, 64 soupapes, 7 993 cm3
Puissance : 1001 ch à 6 000 tr/mn (125 ch/l)
Couple : 1 250 Nm de 2 200 à 5 500 tr/mn
Transmission : DSG à 7 vitesses, aux quatre roues
Freins : disques carbone-céramique, étriers 8 et 6 pistons
Châssis : monocoque en aluminium et fibres de carbone
Dimensions : 4 462 × 1 998 × 1 204 mm
Réservoir : 100 l
Poids : 1 968 kg (1,96 kg/ch)
Accélérations 0-100 km/h : 2,7 s
Vitesse : 407 km/h (360 km/h toit ouvert)
Consommation : 24,9 l (moyenne UE)
Émissions Co2 : 596 g/km
BIEN VU : la puissance extraordinaire et exploitable, les performances époustouflantes, la relative facilité de conduite, l’efficacité rassurante du freinage, l’impressionnante qualité de fabrication
À REVOIR : le tarif astronomique de l’exclusivité, le coffre minuscule, les remous d’air