Littéralement Maghreb veut dire Occident et au plan géostratégique, Sahel signifie Algérie.
Hier, à Bruxelles, tant au Conseil et à la Commission, exécutifs européens, qu’au Parlement, il s’agissait, évidemment, du Mali, de la Tunisie, de la Libye, de l’Egypte et aussi et surtout de l’Algérie. A l’espace JAN, siège bruxellois de la prestigieuse Chambre européenne, institution unique au monde de par son ampleur, les eurodéputés ont tous convergé vers un consensus, un constat, une «évidence», selon l’un d’entre eux, «vert». C’est «l’Algérie qui tient les clefs du problème, donc de la solution». Argument : proximités territoriales avec le Mali, le Niger, la Mauritanie ; sympathies des Touareg envers Alger, connaissance du terrain et grande expertise en matière de lutte antiterroriste. Les euro-parlementaires relèvent, cependant, un écueil de taille. Une falaise difficile à surmonter ou à contourner, Alger a affirmé qu’elle n’irait pas au-delà d’une ligne précise, d’une frontière doctrinale. Pas question pour les militaires algériens d’agir en dehors du territoire — l’Algérie — qui leur est reconnu mondialement et acté par l’ONU. Pour le Parlement européen, c’est «insuffisant », «trop peu» et même «trop tard». Ce qui n’empêchera pas les élus des 27 de se dire entre eux quelques vérités en «coulisses ouvertes», c’est-à-dire d’exprimer leurs points de vue ou divergences de façon audible, entendue, clairement identifiée. Parmi ces «bruissements de couloir», cette sentence : l’Algérie a déjà largement écorné un consensus interne en permettant le survol de son territoire par les avions français. Pour un eurodéputé, «algérianiste», demander plus à l’Algérie relèverait de l’enfantillage. Déjà, comme ça, le président Bouteflika s’est fait encore isoler au sein des sphères décisionnelles en acceptant que le ciel algérien s’ouvre aux avions de reconnaissance et de combat français». «C’est une première, ajoute-t-il, depuis l’indépendance du pays». Un autre élu conservateur britannique estime pour ce qui le concerne que «les évolutions de la crise au Mali donnent raison à l’analyse faite par les Algériens. Il ne peut pas y avoir de solution militaire, ça, nous le constatons, nous le sentons, nous le savons chaque jour un peu plus. Il faudra bien revenir, un jour, le plus tôt serait le mieux, à la négociation, au dialogue, à la recherche du dialogue politique». En fait, s’il s’agira de revenir, une guerre en plus, à la case départ. La question touareg, le Nord-Mali, quelle configuration par le Mali ? Etat central ? Tout le monde sait que c’est une chimère… Confédéral ? Oui, mais comment ? Fédéral ? Auquel cas, qui paie l’ordonnancement, les transitions, les lourdes dépenses liées à la mise sur pied d’institutions crédibles, fiables, et, surtout, vivables ? Si les eurodéputés abordent, il est vrai, sans tabou ces questions, les décideurs de l’UE, pour ce qui les concerne, restent dans l’expectative, communiquent à doses homéopathiques et privilégient la langue de bois, le langage pédant que Manuel Barroso, président de la Commission, exécutif des 27, en fait, apprécie, tout particulièrement. Ce qui n’empêche nullement Mme la présidente Zouma, au nom de l’Union africaine, de dire son mot, le point de vue africain sur la question du Mali et sur le Sahel. La présidente Zouma, présente, hier, dans la capitale Europe, a rappelé les positions de principe de l’Union africaine. Retour à l’ordre constitutionnel au Mali, dialogue inclusif, consensus fiable et validé par tous. A peu près, l’argumentaire — juste — de l’Algérie. Bokoharam, Ansarou du Nigeria et leurs frères de combat au Sahel, Aqmi, Ansar Dine et les autres ne voient pas les choses de la même façon. Ensablement…
A. M.