Bruxelles (Belgique), centre de décision mondial

Bruxelles (Belgique), centre de décision mondial

Institutions européennes, siège de l’Otan et d’un grand nombre d’organisations internationales, 5.500 journalistes accrédités…

Bruxelles est devenu un centre incontournable pour la diplomatie internationale et les stratégies d’intérêts.

Depuis l’élargissement del’Union européenne aux 12 pays d’Europe centrale et orientale, passant ainsi d’une union de 15 à 27 membres, Bruxelles capitale de l’UE est devenue le premier centre de stratégie lobbyiste pour le reste du monde. Les gouvernements européens et autres y accréditent leurs diplomates les plus chevronnés.

Les médias disposent parfois de plusieurs correspondants à tel point que Bruxelles dépasse aujourd’hui la capitale politique américaine, Washington, avec plus de 5.500 journalistes accrédités auprès des institutions européennes et de l’Otan. C’est sur ce terrain «fertile» que des intelligences construisent des stratégies d’intérêts et anticipent sur les événements internationaux.

Cette situation exceptionnelle de confrontation d’intérêts qu’offre la Belgique au reste du monde a donné naissance dans la société civile à un nombre incalculable d’associations de toutes sortes qui viennent en appui au travail diplomatique et politique de leurs pays respectifs.

On y trouve même des associations qui s’intéressent à la défense de l’égalité des sexes dans l’armée, ou de promotion des arts anciens etc.

Parmi les plus actives, il y a celles qui interviennent, en permanence, dans la vie interculturelle et religieuse. Rien que pour cette semaine (13 février), «l’Association des professionnels musulmans» organise des débats sur la diversité culturelle dans la vie professionnelle, plus un autre thème : la place de la religion dans le monde du travail.

L’association «Europa muslim Network» a invité d’imminents spécialistes de l’Islam, dont Tariq Ramadan, pour une conférence (26 février) aux facultés de Saint Louis autour du thème «l’Europe, les musulmans et la question de la discrimination».

Et si vous cherchez plus, il ne se passe pas un seul jour où les débats sur la question des musulmans en Europe ne se tiennent dans tel ou tel centre culturel, ou centre d’études.

D’autres types d’associations occupent ouvertement l’espace de la politique au profit de leurs pays d’origine ou de leurs communautés immigrées. Les Marocains et les Turcs sont sur tous les fronts.

Le 5 février, à l’occasion du passage au Parlement européen d’une délégation sahraouie acquise aux thèses marocaines, une association marocaine, modeste par sa taille, a saisi l’occasion pour «improviser» une conférence au Centre international de presse (IPC) où un ancien membre fondateur du Polisario s’est usé à démontrer la marocanité du Sahara occidental.

Il y a mieux, le Mouvement contre le racisme de Belgique (MRAX), dont la direction est à une écrasante majorité marocaine, ne fait plus la différence entre les missions originelles qui lui incombent et la politique du palais royal marocain.

N’a-t-on pas vu l’ambassadeur du Maroc à la tribune, au côté du président du Mrax, défendre des questions de politique interne marocaines ? Ce qui a valu des remarques (sans conséquences d’ailleurs) des autorités belges lui rappelant que le Mrax est d’abord une association de droit belge qui intervient dans l’intérêt de tous les Belges.

Ce 6 février, le quotidien belge «Le Soir» a publié une enquête sur la mainmise des services du palais royal marocain sur la communauté marocaine.

«Le royaume du Maroc exerce-t-il sur les Marocains de Belgique une influence sournoise ?», s’interroge le journaliste. Les Turcs, eux, privilégient le lobbying au profit de leur économie nationale. Les invitations sont adressées, régulièrement, soit par l’ambassade soit par des associations civiles aux journalistes de toute nationalité, les invitant à la présentation de tel produit de consommation ou de service, ou de telle entreprise économique. Je sais, vous vous demandez ce que font les Algériens de Belgique pour l’Algérie. Et bien il y a à dire.

Certaines associations implantées surtout en Wallonie francophone se débrouillent pas mal. Celle qui regroupe les femmes étrangères à l’université de Louvain la Neuve, managée par une Algérienne, réussit à organiser une dizaine de rencontres par an sur des thèmes très variés.

Il y a aussi l’Association internationale de Belgique (AIB) qui regroupe de jeunes Algériens, étudiants et autres, très actifs en direction de la communauté. A l’occasion du décès de deux Algériens, dont un sans papiers, ils ont réussi, avec d’autres, à réunir très vite les finances nécessaires et dénouer les tracas administratifs, par exemple. Les services consulaires algériens appelés à la rescousse ont été surpris par tant de dynamisme.

Et puis il y a ALGEBEL.Cette association a été créée, suite aux instructions de la présidence de la République de printemps dernier, pour rassembler tous les Algériens de Belgique et du Luxembourg.

Un énorme défi.L’ambassade d’Algérie à Bruxelles a accompagné la naissance de cette association en lui prêtant, sur la demande des citoyens, assistance logistique et financière. Un bureau a été élu ainsi qu’un président.

ALGEBEL a organisé, le 16 janvier dernier, dans la ville de Mons, une soirée artistique mise à profit pour réfléchir à de futures actions.

Aux dernières nouvelles, certains des 35 membres du bureau m’ont fait savoir qu’ils ne sont plus intéressés et que ce n’est pas sérieux etc.

Ce serait un grand dommage, tant cette association dispose de compétences de qualités (ingénieurs, médecin, chercheurs…). Il ne faut pas juste qu’elle se transforme en organisateur de «soirées couscous», et uniquement cela comme le craignent certains diplomates.

Pour tout dire, Bruxelles offre, dans les limites légales, toute la liberté d’action pour qui souhaite être un acteur actif pour qui il veut. Cela peut-il être autrement lorsque vivent dans la capitale belge plus de 77 nationalités différentes ? La Belgique a fait de sa diversité une richesse. C’est cela aussi le gagnant – gagnant.

Bureau de Bruxelles : M’hammedi Bouzina Med