Brûlures, chutes de cheveux et risques de maladies graves: Les coiffeurs de tous les dangers!

Brûlures, chutes de cheveux et risques de maladies graves: Les coiffeurs de tous les dangers!

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Le manque flagrant de formation est derrière les ravages de ce métier redevenu tendance chez les jeunes. Anciens coiffeurs et spécialistes de la santé tirent la sonnette d’alarme…

Ces dernières années, le métier de coiffeur est en plein «boom»! Les jeunes sont de plus en plus attirés par ce travail manuel. Les salons, plus beaux les uns que les autres, pullulent à travers les quatre coins du pays! Une ruée vers le «ciseau» qui n’est toutefois pas sans conséquence! On assiste à une «fast foodisation» d’un métier qui est avant tout un…art! C’est ce que dénonce Benmammeri Hacène, l’un des plus célèbres coiffeurs de la place d’Alger. «Cela fait plus de vingt ans que j’ai tiré la sonnette d’alarme. Le métier était en déperdition, notre SOS n’a pas été pris en considération. On est en train de payer maintenant les conséquences», souligne celui qui est aussi secrétaire général du Club artistique de la coiffure algéroise, une entité qui a pour but de perfectionner les coiffeurs afin de hisser le niveau vers le haut.

«Aâmi Ahcene», comme aiment affectueusement l’appeler ses clients fidèles depuis plusieurs décennies, tient tout d’abord à préciser qu’il n’est nullement contre les nouvelles tendances et encore moins contre ses jeunes confrères qu’il a formés par centaines. «Mais c’est le manque de professionnalisme qui me met hors de mes gonds», a-t-il souligné avec beaucoup de dépit. «Il y a un manque flagrant de formation. On est en train d’arnaquer des jeunes tout en tuant un métier avec des pseudos formations de trois mois», a-t-il dénoncé. «On ne peut apprendre aucun métier en si peu de temps. On peut faire des stages de perfectionnement de trois mois, mais jamais de l’apprentissage», a-t-il soutenu en rappelant les étapes à franchir pour aspirer à débuter dans le métier. «Avant comme, c’est le cas partout dans le monde, il fallait trois ans d’études pour obtenir un CAP en coiffure et une autre année pour un brevet professionnel. À ce moment-là, on était qualifié de petit ouvrier coiffeur. On gagnait nos grades en faisant nos preuves dans les salons», rapporte Aâmi Ahcene, qui a commencé la coiffure en 1964.

La fable des formations accélérées

Il est donc impossible «d’accélérer» toute cette formation et ce capital expérience en quelques mois. «Ces pseudos formations ne sont pas en train de bâtir la relève, mais elles créent des tondeurs de moutons australiens…», a-t-il ajouté avec un ton plaisantin. Benmammeri Hacène assure, toujours avec humour, que certains de ces jeunes coiffeurs ont réussi l’exploit de rater des…boules à zéro! Plus sérieusement notre ami parle des ravages de ce manque de formation. «Ils sont en train d’enrichir les dermatologues…», esquisse-t-il. «Je parle des brûlures du cuir chevelu, des brûlures du front, des cheveux brûlés qui tombent…», indique-t-il en assurant qu’il y a eu même des cas où certaines personnes ont perdu la vue. «La mode de la cératine et le défrisage (qui ne sont pas nouveaux) font que les coiffeurs manipulent des produits chimiques sans y être formés. Or, cela demande un savoir-faire et des précautions strictes à suivre», a-t-il rétorqué.

Le coiffeur de l’hôtel Al Safir ex-Aletti, comme le surnomment certains du fait que son salon se trouvait au niveau de cet établissement culte d’Alger, rappelle encore que le choix du type de lissage à utiliser dépendait de la nature du cheveu. «Ce que beaucoup ne sachant pas en utiliser par exemple des lissages pour des cheveux africains sur des cheveux maghrébins. C’est la catastrophe assurée», précise-t-il non sans rappeler, qu’en général, ce type de produit n’était pas bon pour les cheveux des hommes. «Ils sont adaptés pour les cheveux des femmes plus solides que ceux des hommes. Les hommes qui recourent au défrisage chimique ou au lissage brésilien accélèrent la chute de leurs cheveux», affirme-t-il.

«El Khalta» fait des ravages…

Ce que confirment des dermatologues interrogés qui eux aussi dénoncent les ravages de cette tendance. «Nos cabinets sont pleins de patients brûlés par ce genre de produits chimiques. Les adolescents sont les plus touchés. Or, que ce type de produits est strictement interdit aux moins de 20 ans», assure le docteur Zohir, dermatologue dans la capitale. Mais que ce soit «Aâmi Ahcene» ou le docteur Zohir, c’est «El Khalta» qui est en train de leur faire perdre le sommeil. «C’est une véritable catastrophe…», pestent-ils en parlant de cette «kératine» «Low-Cost». Elle est jaune et gélatineuse. Elle est vendue dans de grands bidons en plastique à très bas prix pour des grosses quantités (une petite boîte de 2000 dinars pour aller jusqu’à 40 applications qui sont facturées dans les salons entre 500 et 1000 dinars, Ndlr). Il n’y a aucun étiquetage ni sur le grand bidon ni sur la boîte dans laquelle elle est vendue. Les vendeurs et les coiffeurs disent qu’elle est composée de mélange de produits naturels, d’où son nom «El Khalta». Néanmoins, personne ne pourra vous dire ce qu’elle contient vraiment. Elle est toutefois d’une efficacité des plus incroyables.

«Mais quelques jours après avoir eu des cheveux aussi raides que ceux de Pierce Brosnan, ils commencent à chuter pour avoir la boule à Zizou. Cela c’est dans les meilleurs des cas, quand on n’a pas un cuir chevelu brûlé au 3e degré», réplique le dermatologue. Ce dernier tient aussi à mettre en évidence le manque d’hygiène qui peut amener les coiffeurs à transmettre de graves maladies telles que le sida ou l’hépatite aux clients.

Ce que «Aâmi Ahcene» confirme en dénonçant l’absence de stérilisateurs chez la majorité des coiffeurs, mais surtout le «phénomène» des serviettes sales qui passent d’un client à un autre. «Ça me choque de voir les serviettes exposées dans la rue comme un vulcanisateur qui expose ses pneus. On montre aux yeux de tous les passants notre saleté», fulmine ce septuagénaire à la propreté et l’élégance irréprochables.

Notre ami certifie ne pas incriminer ses jeunes confères, mais ceux qui les ont formés.

«Essayez d’apprendre mieux les bases élémentaires du métier pour arrêter de remplir les cabinets de dermatologues, sinon allez tendre les moutons en Australie…», conclut-il avec son humour incorrigible…