L’agenda diplomatique de Mourad Medelci, au même titre que celui du chef de l’Etat et du Premier ministre, ne désemplit pas. Après la visite éclair de David Cameron quelques jours après l’attentat du site gazier de Tinguentourine, les déplacements de hauts responsables étrangers se sont enchaînés à Alger.
Ainsi, chefs de la diplomatie et autres hautes personnalités de plusieurs pays ont fait escale à Alger cette semaine avec un dominateur commun à l’ordre du jour : renforcement de la coopération économique mais aussi la lutte antiterroriste.
Situation sécuritaire au Mali oblige, ainsi que la prolifération des armes libyennes dans la région, ont fait que les questions sécuritaires ont fortement occupé les débats. Le dernier en date à retenir, dans l’ordre chronologique, est somme toute la visite effectuée par le vice-chancelier allemand, ministre de l’Economie et de la Technologie, Philipp Rösler.
ENERGIE ET PROJETS INDUSTRIELS POUR BERLIN
Présent à Alger à la tête d’une délégation d’hommes d’affaires, M. Rösler indiquera : «Nous connaissons parfaitement l’objectif ambitieux que le gouvernement algérien s’est fixé en matière d’énergie», aussi «nous allons évoquer avec les responsables algériens l’élargissement de notre coopération et proposer, notamment, un accord en énergie semblable aux accords que nous avons conclus dans le continent africain».
Le mémorandum d’entente dans le domaine des énergies renouvelables a été signé en décembre 2011 à Bruxelles entre Sonelgaz et l’entreprise allemande Desertec initiative (Dii).
Ce mémorandum porte sur le renforcement des échanges d’expertise technique et la promotion commune du développement des énergies renouvelables en Algérie et à l’international. Le projet Desertec prévoit la production d’électricité à partir de l’énorme potentiel énergétique des déserts de la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (Mena), dont l’Algérie, et ce, dans la perspective d’exporter vers l’Europe.
Hormis le secteur des énergies renouvelables, le ministre allemand s’est réjoui des «bonnes relations économiques et politiques entre l’Algérie et l’Allemagne», des liens que l’Allemagne veut «approfondir à travers la contribution concrète, en Algérie, aux projets industriels créateurs d’emploi».
De son côté, Karim Djoudi, ministre des Finances, a souligné l’importance de cette visite qui permettra «d’évaluer la coopération algéro-allemande, notamment en matière de finances, d’énergie et d’industrie, et étudier les possibilités de les développer davantage». A noter qu’en 2012 l’Allemagne a été classée 5e fournisseur de l’Algérie avec 2,57 milliards de dollars d’importations algériennes de la première puissance industrielle de l’UE.
Pour rappel, une délégation parlementaire allemande, conduite par le président du Bundestag, Norbert Lammert, s’était rendue en Algérie en début de semaine afin de renforcer le dialogue politique et consolider les relations entre les deux pays.
Quelques jours plus tôt, le vice-président et ministre des Finances et des Affaires économiques du Land de Bad- Wurtemberg (Allemagne), le Dr Nils Schmid avait conduit une importante délégation à Alger, où il a multiplié ses rencontres avec les responsables algériens.
Il avait alors clairement proposé «aux Algériens un partenariat équitable», affichant ainsi la volonté du gouvernement d’Angela Merkel «à développer la production industrielle en Algérie et à partager notre savoir-faire en matière de recherche». Affirmant dans ce contexte que les entreprises allemandes manifestaient un grand intérêt pour l’Algérie.
SÉCURITÉ ET NOUVEAU PROGRAMME DE PARTENARIAT POUR BRUXELLES
De son côté, Bruxelles a dépêché avant-hier à Alger son vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, du Commerce extérieur et des Affaires européennes du Royaume de Belgique, Didier Reynders, accompagné d’une importante délégation d’opérateurs économiques.
Les entretiens, avec différents hauts responsables du pays ont été axés essentiellement, outre sur la coopération économique, sur la sécurité au Mali. A ce sujet, tout en soulignant la convergence d’idées «communes» entre l’Algérie et la Belgique sur des questions régionales et internationales, Didier Reynders relèvera la nécessité de privilégier «le dialogue politique» pour atténuer la «terrible situation» que traverse le Mali.
Par ailleurs, évoquant l’attaque terroriste contre le complexe gazier de Tiguentourine à In Aménas (Illizi), M. Reynders a salué la réaction des autorités algériennes contre cette agression et l’intervention de l’Armée nationale populaire (ANP) qui jouit, a-t-il rappelé, d’une grande expérience en matière de lutte antiterroriste.
Il a exprimé, dans le même cadre, le souhait de son pays d’«échanger et de renforcer la collaboration (avec l’Algérie) en matière de sécurité, pas seulement au plan bilatéral mais aussi avec l’Union européenne». Au plan de la coopération, un nouveau programme de partenariat algéro-belge, étalé sur une période de quatre ans (2013-2016), sera lancé en juin prochain.
Un programme qui concernera essentiellement des actions d’assistance technique de formation et de transfert des technologies au profit de secteurs «importants », notamment l’éducation et la formation, les transports, l’énergie, l’environnement, ainsi que l’intégration d’un projet pour identifier un mécanisme explicite à même de permettre aux opérateurs économiques des deux pays d’être mieux informés.
PARTENARIAT ÉCONOMIQUE ET MILITAIRE POUR MOSCOU
Par ailleurs, il y a trois jours, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, était à Alger. Au-delà du renforcement des relations bilatérales contenues dans le programme, il est clair que la coopération dans le domaine militaire, très étroit entre les deux pays, aura occupé une bonne partie des entretiens algéro- russes.
Ainsi, le ministre russe, outre de rappeler la «volonté commune» des deux pays d’approfondir la coopération bilatérale dans le domaine militaire et de «promouvoir le dialogue politique et la concertation à tous les niveaux», a affirmé que «l’Algérie est un important partenaire de la Russie dans plusieurs domaines».
Affichant ainsi son «optimiste quant aux résultats de la prochaine session de la commission mixte», particulièrement aux volets économique et commercial dont le «chiffre d’affaires est en perpétuelle évolution».
Au plan international, particulièrement sur les conflits en Syrie et au Mali, Sergueï Lavrov fera savoir que son pays est «pour une solution pacifique loin de toute ingérence dans les affaires internes des pays concernés». Dans ce contexte, il évoquera une convergence de positions entre Alger et Moscou, s’agissant de «la réforme du système international qui doit faire prévaloir les droits internationaux et le rôle central des Nations unies».
L.N.B