Bras de fer entre l’onil et les distributeurs : DE LAIT Ça « bout! »

Bras de fer entre l’onil et les distributeurs : DE LAIT Ça « bout! »

Pendant ce temps-là, la crise s’accentue et les citoyens sont obligés de se lever aux aurores afin de faire la queue pour…un sachet de lait!

La crise du lait se transforme en guerre ouverte! En effet, depuis plus de 6 mois le lait en sachet souffre de pénurie chronique qui s’est grandement aggravée en cette fin d’année.

L’Office interprofessionnel du lait (Onil) a directement accusé les distributeurs d’être derrière ces perturbations.

«La perturbation de la distribution du lait en sachet n’est pas due à une réduction des quotas de poudre de lait, mais a été provoquée par certaines distributeurs», ont soutenu les responsables de cet office. Mis sur le banc des accusés, ces distributeurs sont montés au créneau. Ils répliquent en affirmant que cette pénurie est provoquée par les autorités qui ont réduit les quantités de poudre de lait importée. «Il faut dire que cette situation était attendue puisque dans le cadre de la politique d’austérité, l’Etat a diminué ses importations en poudre de lait», assurent-ils.

«On savait que cette situation allait arriver.

Les autorités ne peuvent pas toucher directement aux subventions de ce produit de large consommation, mais les réduisent en diminuant les importations de la poudre de lait», confient ces distributeurs. «Ils veulent ainsi réduire la facture de l’importation de la poudre de lait de 400 millions de dollars, c’est-à-dire plus de 40% en passant d’un milliards de dollars à 600 millions de dollars», argumentent-ils. «S’il n’y a pas de réduction des importations comme ils l’affirment, pourquoi ont-ils réduit le quota quotidien qu’ils donnent aux laiteries?», soutiennent-ils en assurant qu’ils ne veulent pas être les boucs-émissaires de cette histoire des plus sensibles. Dans ce sens, ils menacent d’entrer en grève «illimitée» si «les autorités ne fournissent pas une quantité suffisante de poudre de lait à même de permettre de couvrir les besoins de la population». Pendant ce temps-là, la crise s’accentue et ce sont les citoyens qui payent les pots cassés. Ils sont obligés de se lever aux aurores afin de faire la queue pour…un sachet de lait! Dans plusieurs wilayas du pays, les citoyens ont fait part de leur désarroi face à la rareté de ce sachet qui est plus que vital.

Les files d’attente devant les magasins ont même refait leur apparition donnant un petit air nostalgique de l’époque du socialisme… Ainsi, la population des quartiers touchés par ces tensions s’astreint à un parcours du combattant quotidien pour trouver un sachet de lait que l’on ne peut obtenir qu’après une attente éprouvante dans de longues files formées devant les épiceries de quartiers, parcimonieusement approvisionnées. Comme à époque des Souks El Fellah, ces interminables queues ont même provoqué des rixes à l’entrée de ces magasins!

Certains commerçants exigent, comme à l’époque du diktat des chefs de rayon de Souks El Fellah, que l’achat du lait soit accompagné par un autre produit. «Je me suis accroché avec l’épicier du quartier qui m’a conditionné la vente du lait en sachet par l’achat d’un kilo de lentilles», raconte Farid, habitant d’un quartier populaire d’El Harrach. «Malgré ma colère et mon insistance, il n’a rien voulu savoir. J’ai dû prendre ce kilo de lentilles», ajoute-t-il résigné car il sait que s’il n’accepte pas le deal il retournera chez lui bredouille.

Surtout que Farid n’a pas de «maârifa» (piston) chez le commerçant du coin. Car, en plus de la vente par concomitance, cette rareté a fait que le lait se vend désormais sous la table.

Les commerçants ne le vendent qu’aux «clients». Si vous ne faites pas partie de ces «privilégiés», on vous dira de revenir demain… Ce qui fait le bonheur de certains jeunes qui se sont transformés en vendeurs, au noir de sachets de lait.

A Oran, par exemple, il est cédé à plus de 50 dinars le sachet soit le double. «Ils s’entendent avec certains distributeurs qui leur vendent tout leur stock et eux le revendent au prix fort; ça reste moins cher que le lait en brique…», confie un commerçant. Une situation honteuse pour l’Algérie de 2017!

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