Si Yacine Brahimi avait déjà affiché, lors de son premier match avec les Verts contre le Bénin, quelques facettes de son indéniable talent au point de taper dans l’œil des supporters présents au stade Mustapha-Tchaker et des téléspectateurs ayant suivi le match, sa prestation de dimanche contre le Rwanda à Kigali l’a définitivement ancré dans le cœur des Algériens. Ces derniers aiment deux types de joueurs : les virtuoses du ballon et ceux qui se donnent à fond jusqu’à se «déchirer» sur le terrain. Brahimi appartient à la première catégorie et peut même être intégré dans la deuxième tant il s’est montré au four et au moulin, n’hésitant pas à revenir défendre et à presser le porteur de ballon.
Une riche palette technique et un grand sens du collectif
Il y avait déjà deux artistes parmi les Verts, Ryad Boudebouz et Sofiane Feghouli, deux footballeurs qui savent régaler par leurs exploits individuels. Il y en a désormais un troisième en la personne de Brahimi qui en a fait voir de toutes les couleurs aux défenseurs rwandais : crochets, dribbles, feintes, percussion, débordements… Au stade Almahor, il a fait étalage de sa riche palette technique. Il n’a pas été le moins du monde égoïste pour autant, puisqu’il a souvent recherché les solutions collectives en multipliant les une-deux et les décalages. Et encore, la mauvaise qualité du terrain ne lui a pas permis de s’exprimer pleinement et lui a même engendré des douleurs à la cheville et aux adducteurs qui ont contraint Vahid Halilhodzic à le faire remplacer.
Avec un petit pont, on conquiert tous les Algériens
Dans l’esprit des Algériens, un nom a été rapidement associé à Brahimi : Mourad Meghni. En dépit d’un gabarit différent (l’un est plutôt petit, l’autre est grand de taille), ils ont comme point commun cette faculté de conserver le ballon proprement jusqu’à pousser l’adversaire à la faute. Ils ont aussi la même propension à effectuer le geste technique le plus prisé par le public algérien : le petit pont. D’ailleurs, c’est ce geste accompli par Meghni contre le défenseur égyptien Ahmed Al Muhammadi au Caire qui l’a définitivement consacré comme star en Algérie et qui a fait que personne ne l’a plus jamais oublié depuis en dépit des multiples blessures qui l’ont éloigné des terrains.
Reste à confirmer en novembre contre une forte opposition
Dans les chaumières des Algériens d’ici et d’ailleurs, on est impatient de revoir Brahimi dans un match au pays, sur un terrain praticable où il pourra faire valoir ses incontestables qualités techniques. Avec Feghouli à droite et lui à gauche dans une forme optimale, ça peut faire beaucoup de dégâts devant, surtout avec des Slimani et Soudani efficaces devant et des Taïder, Lacen et Guedioura en soutien derrière. Rendez-vous pour la confirmation en octobre et novembre contre une forte opposition et dans une double confrontation à enjeu importissime.
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EN A’
Algérie-Libye
La FAF songe au forfait
A en croire une source très bien informée, la FAF songerait très sérieusement à faire l’impasse sur la double confrontation Algérie-Libye comptant pour les éliminatoires du CHAN 2014. La Fédération algérienne de football envisagerait cette possibilité après qu’elle se soit rendue compte de l’impossibilité de voir le match retour, prévu à Tripoli le 5 juillet prochain, délocalisé vers un pays limitrophe. Il y va de la sécurité des joueurs. Il faut dire que le contexte dans lequel risque de se jouer le match fait craindre le pire. Des suspicions quand même légitimes lorsque l’on sait les susceptibilités nées de la double confrontation Algérie-Libye, comptant pour la CAN 2013. Les rixes entre joueurs après le match aller à Casablanca, le retrait momentané du onze libyen du terrain lors du match retour à Tchaker, en signe de contestation des sifflets du public, et l’animosité qui s’en est suivie font aujourd’hui craindre le pire à la FAF au match retour.
C’est à «l’Etat» de se prononcer
La FAF se garde pour l’heure de prononcer le forfait. Celle-ci attend de connaître la réponse des hautes instances du pays qu’elle a consultées sur la question. Comme il s’agit aussi d’enjeux diplomatiques, la FAF a transmis sa doléance à qui de droit, tout en exposant dans un rapport détaillé les raisons qui favorisent un forfait. A l’heure qu’il est, un forfait a de fortes chances d’être prononcé, à moins que l’Etat algérien oblige l’EN A’ de jouer. Mais comme il y va de la sécurité d’Algériens, un forfait pourrait vite être prononcé.
L’Algérie risque de perdre des places au classement FIFA
L’autre détail qui pourrait annuler la décision de boycott est le fait que la FIFA prend en considération, et ce depuis janvier dernier, des matches des sélections A’, dans son classement mensuel. Un éventuel forfait en aller retour pourrait faire perdre à l’Algérie quelques places au classement en dépit de ses derniers succès. Et comme elle a besoin de rester classée parmi les cinq meilleures du continent pour éviter un éventuel choc au prochain barrage, la FAF doit avoir déjà pesé le pour et le contre.