Après un long passage à vide, le milieu offensif rennais brille à nouveau en 2011, en épurant son jeu.
Yacine Brahimi n’a pas de problèmes au démarrage. On avait découvert son talent et son culot dès la reprise d’un championnat où il faisait ses premiers pas, après une saison en prêt à Clermont (L 2). On l’a retrouvé en janvier, après la trêve.
Entre-temps, le milieu offensif rennais avait calé et plongé, alternant titularisations et passages sur le banc. Il s’était perdu en se compliquant la vie, s’emmêlant les pinceaux dans ses dribbles et ses initiatives trop souvent avortées à vouloir trop en faire seul. «Cela n’a rien à voir avec les débuts de cycle, réfute en souriant l’international espoirs, qui a fêté ses vingt et un ans mardi. C’était simplement dans la tête : «Je suis revenu avec beaucoup d’envie et de détermination. Ces six premiers mois en Ligue 1 m’ont permis de prendre du recul et d’avancer.» Et Brahimi a refait son nid sur cette aile gauche, où le meneur de jeu excentré a succédé à Sylvain Marveaux, blessé aux adducteurs, dans le rôle de l’animateur dynamiteur.
Samedi dernier, face au Paris-SG (1-0) – club où il avait joué une saison lors de sa dernière année à l’INF Clairefontaine (2005-2006) –, son accélération plein axe a cloué sur place Claude Makelele, Clément Chantôme et Mamadou Sakho, avant que son tir en bout de course ne trompe Apoula Edel. Un coup d’éclat et un condensé des qualités du complice de Yann M’vila et de Samuel Souprayen : prise de risques, technique en mouvement, rapidité d’exécution et frappe de mule.
Rampillon : «Il y a eu des vérités à lui dire»
Le dribbleur est un finisseur (5 buts en 5 titularisations en 2011, toutes compétitions confondues). Et, depuis le week-end dernier, le meilleur buteur du club breton en L1 (4 réalisations, à égalité avec Victor Hugo Montaño). «Etre efficace, c’est dribbler au bon moment, souligne Brahimi, rejoint à Rennes par sa mère et son frère cadet en début de saison.
Aujourd’hui, j’ai compris qu’il fallait varier son jeu.» En le dépouillant, il a pris une nouvelle étoffe. Mais ce travail entrepris par ses formateurs ne s’est pas fait sans heurts. «Il y a eu des vérités à lui dire», témoigne Patrick Rampillon, le responsable du centre de formation rennais, que Brahimi a rejoint en 2006 après avoir longtemps hésité avec celui du PSG. Avec certains éducateurs à Rennes, il y a eu parfois des clashs. Car s’il n’est pas breton, il peut être têtu !» Jean-Claude Lafargue, son formateur à l’INF Clairefontaine, confirme : «Je l’ai convoqué plus d’une fois dans mon bureau. Avant, il voulait régler les choses à lui tout seul. C’est vrai qu’il sait ce qu’il veut, mais c’est quelqu’un d’adorable et d’intelligent. J’attends encore plus de lui. J’y crois car il dispose du mental pour être régulier dans la performance.» C’est ce que Frédéric Antonetti guette aussi.
«Yacine est devenu un joueur important de l’équipe, reconnaît l’entraîneur rennais. Mais en ce début d’année, on oublie le match de Sochaux (1-5, le 29 janvier). Il est performant à domicile et pas encore à l’extérieur. Mais je ne me fais aucun souci sur son avenir… D’ailleurs, à vingt-trois ou vingt-quatre ans, jouera-t-il toujours à Rennes ?» Brahimi ne se pose pas la question. Pour l’instant, le slalomeur, lié à son club formateur jusqu’en juin 2014, range toujours les piquets à la fin des entraînements, qu’il prolonge souvent en s’exerçant aux coups francs. «Je suis l’un des plus jeunes de l’effectif et je pense que j’en ai encore pour deux ans à ranger !», prévoit-il.