Brahim Benabdeslam, hier, au Forum de “Liberté” “Il faut une intégration entre l’Algérie, la Tunisie et le Maroc”

Brahim Benabdeslam, hier, au Forum de “Liberté”  “Il faut une intégration entre l’Algérie, la Tunisie et le Maroc”

d-il-faut-une-integration-entre-lalgerie-la-tunisie-et-le-maroc-79ac3.jpgLe marché africain offre, selon lui, de réelles opportunités d’investissement aux entreprises algériennes, pour peu que l’État y apporte son soutien.

Le Forum de Liberté a accueilli hier le vice-président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), Brahim Benabdeslam, qui préside la commission économie et climat des affaires au sein de cette organisation patronale. L’invité de Liberté a disserté au sujet des opportunités qu’offre le continent africain pour les entreprises algériennes, pourvu que l’État se mette de la partie et les accompagne dans leur conquête de ce marché. Brahim Benabdeslam a également exprimé la position du FCE par rapport à l’intégration maghrébine. Le FCE, qui souhaite, selon lui, une intégration ne serait-ce qu’entre les trois principaux pays, à savoir l’Algérie, le Maroc et la Tunisie, vu la situation actuelle en Libye — “c’est même une nécessité”, a-t-il déclaré —, applaudit, néanmoins, les positions politiques du gouvernement algérien. “L’Algérie, qui a de tout temps soutenu l’autodétermination des peuples, ne peut et ne doit pas renoncer à ses principes”, a-t-il souligné. Quant à la conquête du marché africain, M. Benabdeslam a appelé à exploiter les atouts politiques de l’Algérie.

En plus des avantages comparatifs dont jouissent beaucoup d’entreprises algériennes qui peuvent commercialiser des produits de qualité à des prix concurrentiels, elles peuvent compter sur le poids politique de l’Algérie en Afrique. Beaucoup de pays africains ont proclamé leur indépendance à partir de l’Algérie. Il faut se réapproprier cette profondeur africaine. L’Algérie a aussi effacé des dettes colossales pour bien de pays africains. Même les grandes puissances économiques ne l’ont pas fait. Il faut exploiter cela sur le plan commercial avec ces pays”, a-t-il indiqué.

Dans ce contexte, Brahim Benabdeslam a donné les grandes lignes du “plaidoyer” du FCE pour l’entreprise, un document contenant des mesures d’urgence que propose l’organisation au gouvernement afin d’assainir le climat des affaires et diversifier l’économie nationale. Le document, qui est le résultat de trois mois de travail, récapitule des propositions formulées à l’issue d’un cycle de rencontres entrepris par le nouveau président du FCE, Ali Haddad, avec des représentants du gouvernement. Il est finalisé, selon Brahim Benabdeslam, et sera bientôt remis au Premier ministre, Abdelmalek Sellal. Le vice-président du FCE a noté que les mesures proposées “impactent directement la compétitivité de l’entreprise algérienne, elles  sont orientées dans le sens de réduire les importations et sont simples à mettre en œuvre”. “Ces mesures, a-t-il ajouté, ont pour objectif de faire atteindre à l’économie nationale une croissance de 7 à 8%, la création de 50 000 à 60 000 entreprises viables économiquement par an, élever la quote-part de l’industrie dans le PIB de 5% actuellement à 15 ou 17% et booster les exportations hors hydrocarbures”.

Le FCE version Haddad

Dans le même sillage, Brahim Benabdeslam est revenu sur le FCE version Haddad. “Une nouvelle version”, selon ses termes, qui se distingue des précédentes par sa vision et sa mission. “Le FCE veut être l’organisation leader pour représenter l’entreprise et la défendre de manière à ce qu’elle puisse activer dans un climat qui lui permet d’être compétitive. La mission qu’il s’est attribuée est celle d’élargir sa base de représentation à l’ensemble des entreprises qui créent de la richesse afin qu’elles puissent peser dans la décision économique”, a-t-il expliqué. Et de préciser : “Nous ne voulons pas décider à la place des politiques, mais être associés dans la prise de décision, ou au moins être consultés. Ce n’est pas normal que des décisions engageant le monde de l’entreprise soient prises dans des bureaux par les administrateurs, quelle que soit leur connaissance dans le domaine, sans consulter ceux qui sont sur le terrain.”

Au sujet de la représentativité du patronat, Brahim Benabdeslam a dit que le FCE, s’il tend la main aux organisations pour mutualiser les efforts en vue d’améliorer la situation de l’entreprise, ne cherche pas à unifier ou à les fusionner dans une même organisation. “Je ne le souhaite pas pour le patronat, en tout cas”. Il a fait remarquer que le FCE est présent sur la scène politique par sa force de proposition. “Le FCE est porteur d’un projet, et libre aux entrepreneurs d’y adhérer ou non”, a-t-il dit. Il a estimé que les valeurs du FCE n’ont pas changé, a insisté sur ce qu’il pense être les plus importantes aux yeux de la nouvelle direction de l’organisation, à savoir la solidarité, le dialogue et la confiance.

“Nous sommes partie prenante dans le système de solidarité nationale, le président du FCE, Ali Haddad, a créé, dès son investiture, une fondation pour l’aide des femmes et des enfants en détresse. Nous pensons aussi qu’il faut se mettre autour d’une table pour se dire les vérités et discuter des solutions. Le dénigrement et l’insulte ne règlent aucun problème. La méfiance qui s’est installée dans le pays ne fait que brimer les initiatives”, a-t-il noté. Brahim Benabdeslam, pour lequel l’entreprise algérienne se trouve dans une position fébrile, a appelé l’État à la soutenir pour qu’elle devienne performante. “L’histoire économique enseigne que le développement économique d’un pays ne peut se faire sans un secteur privé dynamique et dominant. Des pays émergents comme la Corée du Sud, le Brésil ou la Turquie se sont développés en misant sur des entreprises privées. L’État algérien a dépensé 80 milliards de dollars américains dans des plans de restructuration d’entreprises publiques qui ne sont pas devenues viables. Il faut que l’entreprise soit le lieu de la création de la richesse. Nous ne pouvons pas continuer à soutenir des entreprises destructrices de richesses, sachant que nous allons revenir à la case départ sous peu”, a-t-il soutenu. Et de conclure : “Je suis certain que si nous posons la question aux Algériens, ils voteront contre la subvention de ces entreprises.”

Il convient, enfin, de signaler que le FCE compte aujourd’hui, selon les statistiques communiquées par Brahim Benabdeslam, 500 adhérents dont 46% ont moins de 50 ans et 1 000 entreprises qui pèsent 20 milliards USD de chiffre d’affaires, 250 000 emplois. Il vise à atteindre 3 000 adhérents.

L. H