La compagnie pétrolière britannique, touchée de plein fouet par la tristement célèbre prise d’otages du site gazier de Tiguentourine, trouve aujourd’hui mille et un prétextes pour se désengager, récupérer ses billes, ses mises de départ ainsi que de très substantiels dividendes.
Tout porte à croire que l’Algérie aura, dans les tous prochains mois, à faire face à des problèmes d’un genre tout à fait nouveau dans le domaine des hydrocarbures. L’agence de presse Reuters annonce en effet que le géant britannique BP (British Petroleum) aurait décidé de se retirer d’Algérie. Touché de plein fouet par la sanglante prise d’otages du site gazier de Tiguentourine, BP, dont la «franchise» expire dès le mois de septembre de l’année en cours, ne fournit aucun effort pour tenter d’en négocier la moindre prolongation.
Au contraire, il est en train de tout faire, semble-t-il, pour se retirer bien avant cette date. Pour cela, lit-on dans la dépêche de Reuters, tous les prétextes sont bons. Ces derniers sont de deux types différents. D’un côté il y a la sécurité des sites pétroliers et gaziers, très curieusement jugée «insuffisante», par BP, mais aussi par plusieurs autres compagnies pétrolières internationales, alors que ce sont ces mêmes compagnies qui, au début, refusaient que cette sécurité soit prise en charge par les corps constitués algériens. La fameuse règle instaurée par Ahmed Ouyahia, relative aux 51-49 % de parts est, elle aussi, remise en cause par BP. À la faveur de ces arguments, pour le moins fallacieux, ne serait-ce que parce qu’ils auraient pu être brandis en leur temps et non pas aussi tardivement, on se rend bien compte que ces compagnies, avec BP à leur tête, nous cachent les vraies raisons qui les poussent, en quelque sorte, à chercher à… filer à l’anglaise.
En attendant, le groupe britannique affiche clairement la couleur en procédant au report sine die de deux grands projets en Algérie, rapporte encore l’agence Reuters. Le directeur exécutif de BP, Robert Dudley a énoncé ce changement de cap ces derniers jours en affirmant que les quatre journées terribles vécues à Tiguentourine ont eu un impact sur les projets du groupe. «De bons progrès ont été faits pour nos projets de 2014 même si le calendrier de réalisation des projets à In Amenas et In Salah est en cours de réévaluation à la suite de l’incident tragique de janvier à In Amenas» où 4 employés de BP faisaient partie des victimes.
Les compagnies pétrolières étrangères font valoir que des conditions plus «avantageuses» sont offertes ailleurs qu’en Algérie. Elles mettent ainsi la pression sur les autorités algériennes pour assouplir les conditions d’investissements, durcies à la suite de la dernière révision de la loi sur les hydrocarbures, en dépit des avantages fiscaux nouveaux qu’elle accorde. Et c’est donc là, et nulle part ailleurs, que réside la vraie raison de ce revirement spectaculaire, qui promet de faire couler encore, à défaut de pétrole, pas mal d’encre et de salive.
Ali Oussi