La gratuité des plages, des paroles en l’air! Tout comme par le passé, rien n’a changé.
Il ne faut pas contempler avec insistance ni trop fouiner pour se rendre à l’évidence que la gratuité des plages, la bienséance et le respect de la dignité humaine sont renvoyés aux calendes grecques, laissant place à l’anarchie et aux énergumènes du tout-venant imposant leur diktat dès que l’estivant gare sa voiture dans le parking afin de noyer la chaleur estivale dans la grande bleue. Ce n’est pas un fait du hasard si un tel phénomène continue à prendre de l’ampleur aux dépens aussi bien du Trésor public que du tourisme national.
Des touristes algériens prennent les destinations des autres cieux en raison de ce diktat qui n’est pas près de prendre du recul. C’est le cas relevé dans les deux belles plages envoûtantes de Bouzedjar, localité rattachée administrativement à la wilaya de Aïn Témouchent.
La gratuité des plages, des paroles en l’air! Tout comme par le passé, rien n’a changé. Et contre toute attente, rien ne changera de sitôt tant que la saison estivale est, comme un peu partout, marquée par la prolifération de tous les maux sociaux, à commencer par le squat des plages par des charognards se planquant comme des cerbères dans des espaces dont ils revendiquent la propriété. Armés de gourdins, ces derniers guident dans ses manoeuvres l’estivant avant que celui-ci ne soit sommé de verser les frais de stationnement.
La gratuité des plages, des paroles en l’air!
La facture est réglée sur place contre une somme allant de 100 à 200 DA. Ces jeunes ne se soucient aucunement des poursuites, sachant à l’avance que l’impunité est ambiante. C’est l’un des phénomènes qui continuent à faire rage, malgré l’explicitation de l’instruction du ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire, interdisant les plages payantes, tout en mettant l’accent sur la gratuité des plages.
Loin du centre décisionnel, on s’en f…. Des jeunes implantent leurs bivouacs dans les alentours des sables, sommant l’estivant de casquer dès qu’il fourre ses pieds dans le sable. C’est le cas relevé dans la somptueuse plage de Bouzedjar, dans la wilaya de Aïn Témouchent. «Nous sommes frappés de plein fouet par ces phénomènes», déplore une ressortissante algérienne vivant au Canada, enchaînant d’un ton amer qu’«une telle situation ne fait que faire fuir les estivants en les éloignant du sol algérien». Ce fait avéré a été constaté dans notre sortie effectuée dans la journée d’hier dans la baie de Bouzedjar I et II.
Lors de l’une des nos flâneries, nous sommes tombés sur un dépassement facile à gérer, mais qui a failli prendre de mauvaises tournures. Il s’agit d’une jeune femme qui s’en est prise à un prestataire de service en le traitant de tous les noms d’oiseau. Ladite femme a agi de telle sorte après avoir été sommée de casquer une somme de 1 000 DA contre un parasol déchiré, une petite table toute sale et quatre chaises, dont les signes de détériorations sont perceptibles. L’estivante, avant son coup de gueule, a tenté une sortie à l’amiable, en faisant référence à la note ministérielle. Le prestataire de services n’entendit rien en se figeant dans sa perpétuelle revendication: 1 000 DA! «Le ministre ne me vient pas à l’aide pour me nourrir et nourrir ma famille», a rétorqué le charognard. Une gendarme de la brigade de Bouzedjar, s’approche du lieu de la prise de bec et s’en va aussitôt, sans pour autant juger utile de s’impliquer, ne serait-ce que pour mettre en application l’instruction ministérielle, chassant ces squatteurs des parkings et des sables, tout en saisissant leurs équipements qu’ils ont mis en place.
Rien n’en fut. Hélas! Les plages de Bouzedjar ne sont pas méconnues des Algériens, de l’est à l’ouest, du nord au sud. Elles sont prises d’assaut dès les premières journées qui suivent l’entrée en vigueur de la saison des grandes chaleurs. «Aucune facilitation ne nous est accordée dans le but d’attirer les vacanciers étrangers et ressortissants algériens, d’où d’ailleurs le départ en vacances de ces derniers vers les sites touristiques ibériques et autres destinations comme la Tunisie», a regretté Fatima, une jeune ressortissante algérienne qui réside en France. «Notre pays n’est-il pas beau pour se prélasser?» s’est-elle demandé d’un ton rêche. Pis encore, «on nous traite, nous et nos familles, avec mépris en nous voyant aussi bien au volant sur la route que lorsque nous sommes sur la plage». Dans son récit, elle s’en prend également aux gendarmes de la localité de Bouzedjar, les qualifiant de «Rambo» du quartier.
«Leur présence est certes perceptible sur les routes, mais ils agissent comme des shérifs, en ne communiquant pas trop, lorsqu’il s’agit d’une incompréhension des textes ou encore de l’évaluation du degré de l’erreur commise», a-t-elle déploré expliquant qu’«ils (les gendarmes) retirent les permis de conduire à la faveur d’une petite erreur commise au lieu d’imposer une amende forfaitaire». Et un autre d’ajouter, il dira: «Je me suis rendu à la brigade pour des explications, rien n’a été fait.» «Je suis tombé sur le jeune chef de brigade habillé en gandoura au lieu de se mettre en treillis officiel lavant sa voiture de marque Golf série 7. Il (le chef de brigade) ne voulait rien entendre lorsque je me suis adressé à lui pour expliquer ma situation.» Est-ce de telle sorte qu’on pourra attirer les touristes? s’est demandé un estivant.
Tout comme à Bouzedjar, plusieurs lopins des sables fins de plusieurs plages de la commune de Aïn El Turck (wilaya d’Oran) sont squattés en toute impunité par des indus exploitants. Rien n’a été fait, malgré le dernier coup de gueule du secrétaire général de la wilaya d’Oran ayant réitéré la gratuité des plages. Des plagistes se sont autoproclamés maîtres indétrônables des lieux. Un tel phénomène est de visu perceptible un peu partout dans les plages de Trouville, Bouisseville, Paradis-Plage, Saint-Germain et Claire Fontaine.
Aïn Turck: l’anarchie est totale
Des plagistes déploient leurs tables, chaises et parasols sur les meilleurs endroits qu’ils louent contre des sommes allant de 1000 à 1500 DA/ journée. Idem dans les sables fins des plages des communes de Bousfer et El Ançor, à commencer par la Grande plage, Bomo, l’Etoile, les Andalouses. D’ailleurs, l’on se demande où sont passées les autorités censées juguler un tel phénomène frappé par l’interdiction prononcée par le ministère de l’Intérieur, des Collectivités locales et de l’Aménagement du territoire.
Pour ces squatteurs, dont la majorité est constituée des jeunes résidents des lieux, l’exploitation des plages est leur seul et unique gagne-pain. Où sont donc passés ces maires ayant été sommés de mettre à plat un tel phénomène lors de la réunion tenue récemment à la wilaya d’Oran?
Ladite réunion a regroupé essentiellement les P/APC des localités. Elle a été focalisée autour de la nécessité de mettre en application l’instruction ministérielle devant libérer les plages envahies par toutes sortes d’énergumènes, dont la majorité a le visage balafré et d’autres le casier judiciaire chargé de délits, semant le désordre et la conduite à tenir par les estivants, tout en les sommant de casquer dès qu’ils mettent à l’arrêt le moteur de leurs voitures.
Cela se passe alors que la direction du tourisme a mis un terme à la concession des plages. A ces points noirs relevés, s’ajoute le commerce informel qui a pris de l’envolée à la faveur du laisser-aller et de la passivité des autorités, ne trouvant rien de mieux pour s’expliquer devant les journalistes que d’avancer des chiffres et des bilans, alors que le terrain est tout autre. Quand est-ce que la capitale de Syphax et celle de Sidi El Houari retrouveront leur image d’antan? La réponse n’est sûrement pas pour demain tant que la situation est d’une densité telle de problèmes.