Bouzaréah fait-elle encore partie d’Alger ?

Bouzaréah fait-elle encore partie d’Alger ?

La question peut paraître saugrenue au premier abord. Elle ne manque malheureusement pas de pertinence. Il suffit, pour s’en convaincre, de s’y rendre. Il n’est nullement nécessaire de s’aventurer dans les nombreuses ruelles qui s’entrelacent dans ce quartier des hauteurs de la capitale.

Non, il suffit juste d’emprunter l’artère principale, Ali-Remli. Une artère qui, outre les injures du temps, porte tous les stigmates de l’incurie des hommes. Cette artère, toute principale qu’elle est, semble n’avoir jamais subi la moindre réfection sérieuse en cinquante ans d’indépendance. Les services de la voirie se bornaient, les premiers temps, à opérer un simple rafistolage, rebouchant les tranchées que Sonelgaz ou les services des eaux mettaient un zèle particulier à creuser. Ce bricolage répétitif a fini par donner à cette artère l’allure d’un patchwork où l’automobiliste est contraint de slalomer pour éviter les innombrables crevasses. Cette pratique de rafistolage elle-même appartient déjà à des temps révolus. Ces services ne se contentent même plus de reboucher les trous.

Ils s’en désintéressent. Et ils ne sont pas les seuls. Ni le président de l’APC, fraîchement élu, ni le chef de daïra, ni aucune autre autorité ne semblent s’en émouvoir.

Pourtant, chaque jour ces mêmes responsables, au même titre que des milliers d’autres citoyens résignés, sont obligés d’emprunter cette même artère, fort encombrée, pour se rendre à leur travail ou en revenir. L’état déplorable de l’avenue Ali-Remli n’est que la partie visible de l’immense iceberg des problèmes auxquels ce quartier est quotidiennement confronté : le ramassage des ordures ne se fait qu’épisodiquement et seulement au niveau des grandes artères, un découpage absurde fait dépendre un quartier, le Village Céleste, situé à deux pas de la mairie de Bouzaréah, de… l’APC de Raïs Hamidou !

Laquelle, pour des raisons évidentes d’éloignement, s’en désintéresse totalement, considérant que cette zone ne fait plus partie de sa circonscription. Même la police est à peine visible, lorsqu’elle n’est pas carrément absente de certains quartiers où certains automobilistes se livrent à l’incivisme le plus débridé.

Ne parlons pas d’embellissement, mot frappé d’interdit dans ce quartier où la laideur a pris ses… quartiers. Au moment où des opérations d’embellissement, fort légitimes au demeurant, fleurissent dans certains quartiers d’Alger, où des travaux d’envergure, inscrits dans le cadre de plans dits stratégiques, sont entrepris ici et là à coups de milliards de DA, Bouzaréah, qui n’a même pas l’excuse d’être un quartier périphérique, se trouve – le mot n’est pas trop fort – sinistrée. Cette situation scandaleuse à plus d’un titre interpelle les autorités municipales, totalement absentes, mais également la wilaya d’Alger.

Si celle-ci se sent encore concernée. Le wali d’Alger serait bien inspiré de faire une tournée dans ces quartiers défavorisés dont Bouzaréah fait désormais partie. Il pourrait ainsi se rendre compte par lui-même d’un état des lieux peu reluisant.