Bouteille de gaz,La consigne passe de 1700 à 2500 DA

Bouteille de gaz,La consigne passe de 1700 à 2500 DA

Une affligeante peine pour les populations des villages enclavés

Eh oui! au pays du gaz, la population n’a pas de gaz…

Les montagnards ne manquent pas de surprises. Dans leur pays, chaque jour leur en réserve une. La dernière, c’est l’augmentation fulgurante du prix de la consigne de la bouteille de gaz butane.

«De 1700 DA, elle est passée à 2500 DA», selon une note adressée le mois de septembre dernier à l’ensemble des unités Naftal à l’échelle nationale, apprend-on d’une source proche de la direction de l’entreprise.

Contactée pour d’éventuelles explications, la cellule de communication de Naftal ne voulait pas s’exprimer sur la question. Elle n’a donc ni infirmé ni confirmé l’information justifiant que cela relève des prérogatives du directeur général. Une affligeante peine pour les populations des villages enclavés, ne bénéficiant pas encore des bienfaits de la civilisation humaine. Eh oui! au pays du gaz, la population n’a pas de gaz…

«Les montagnards de malheur, la malédiction les guette», ce vers de feu Matoub Lounès s’applique à cette brusque augmentation de la bouteille de gaz, surtout en cette période hivernale où le thermomètre descend au-dessous de zéro degré. Voilà donc une situation qu’on ne peut voir qu’en Algérie, pays de tous les paradoxes. En effet, 4e pays producteur mondial de gaz, l’Algérie peine à satisfaire la demande domestique en cette énergie. L’hiver, la bouteille de gaz devient une denrée rare, surtout dans les coins reculés. Et en plus, chère! Elle atteint jusqu’à 400 DA. Cette année, à cette carence s’ajoute une autre beaucoup plus intrigante.

La surprise pour une bonne entrée hivernale pour des millions de ruraux: la consigne de la bouteille de gaz passe simplement de 1700 DA à 2500 DA. Soit une augmentation, de 800 DA. «Inadmissible!» considèrent la plupart des gens qui ont «subi» cette augmentation. Il fait très froid en hiver. Encore plus en altitude où la plupart se chauffent avec des appareils fonctionnant à l’électricité ou au gaz. L’électricité étant nettement plus chère par rapport au gaz naturel, les ménages choisissent généralement le gaz.

Aujourd’hui, plusieurs localités, au niveau de toutes les willaya du pays, ne sont pas raccordées au gaz naturel. Les citoyens n’ont d’autre recours pour passer l’hiver au chaud que de se chauffer avec la bonne vieille bouteille de gaz butane. Mais à ce prix, l’hiver risque d’être glacial pour les montagnards et leur portefeuille… «C’est incroyable. Le coût d’une consigne de bouteille de gaz coûte 1/6 le Snmg!», s’insurge Kamel, un jeune père de famille qui a renoncé à l’idée d’acheter une bouteille de gaz. Il dit qu’à ce prix, il se limitera à une seule bouteille. Le hic, au niveau de la wilaya de Tizi Ouzou, c’est que cette augmentation intervient au moment où certains villages et petites agglomérations, connaissent l’introduction du gaz naturel, tandis que d’autres habitants sont obligés d’utiliser la bouteille de gaz, aussi bien pour la cuisson que pour le chauffage, en payant le prix fort. A cela s’ajoute ce que bon nombre d’observateurs appellent de la pure discrimination. «Comment expliquer qu’au moment où une bonne partie de la population algérienne bénéficie de tout le confort d’une vie citadine, d’autres vivant déjà dans des conditions plus hostiles encore subissent un tel traitement?», se désole encore Kamel. «Qui utilise encore le gaz butane? C’est incontestablement nous les pauvres. C’est donc toujours nous qui payons», s’indigne Yahia, un quinquagénaire qui accompagnait Kamel. «Non contents de nous voir baigner dans la misère, voilà qu’ils augmentent le prix du seul moyen que nous avons pour nous chauffer et préparer notre nourriture!», peste-t-il. «Ils veulent nous tuer?», ajoute-t-il tout aussi furieux. «Nous, on n’a jamais rien demandé à l’Etat, on se contente de ce qu’on a. Mais dans notre pays, on écrase ceux qui se contentent de ce qu’ils ont», renchérit Kamel. «Il faut brûler des pneus et faire des émeutes pour être considérés dans son pays», regrette-t-il. «Il nous font croire que nos droits comme celui d’avoir accès au gaz sont des privilèges pour nous et qu’ils sont en train de travailler pour le bien-être de leurs « sujets »…»

C’est dire que les montagnards auront d’autres peines à subir que celles que la nature leur fait endurer.