Le nouveau gouvernement est chargé de gérer le statu quo jusqu’à la présidentielle de 2014
Attendu depuis les législatives du 10 mai dernier, le gouvernement nommé mardi par Abdelaziz Bouteflika a été accueilli dans l’indifférence. La nouvelle équipe, à l’image de celles qui l’ont précédée, reflète l’équilibre entre les clans du sérail. Au poste de premier ministre, Abdelmalek Sellal est un homme consensuel, qui a la confiance aussi bien du président que des militaires. Ce commis de l’État de 64 ans affable et à l’humour décapant est entré au gouvernement en 1998, où il a occupé sans discontinuer plusieurs ministères, dont celui de l’Intérieur et des Ressources en eau.
Si l’on note le départ de l’inamovible Aboubakr Benbouzid, que l’on dit parrainé par un général et qui gère l’Éducation nationale depuis 1993, des fidèles du président ont été également remerciés. Comme Yazid Zerhouni, 75 ans, ministre de l’Intérieur de 1999 à 2010, avant d’occuper le poste, sans prérogatives, de vice-premier ministre. Ou Abdelaziz Belkhadem, patron duFLN (majoritaire), qui n’a pas retrouvé son maroquin de ministre d’État.
Pas de succession dynastique
À la veille des législatives, les islamistes «modérés» du MSP avaient quitté l’Alliance présidentielle pour constituer l’Alliance verte avec d’autres formations islamistes. Croyant surfer sur la vague du printemps arabe, ils se voyaient jouant les premiers rôles. Laminé dans l’urne, le parti ne peut même plus prétendre à un rôle d’appoint.
Face à une Algérie au bord de l’implosion, le régime semble obnubilé par sa seule survie. Après avoir conjuré la contagion révolutionnaire grâce à un confortable bas de laine qui lui a permis d’acheter la paix civile, il est au pied du mur de plusieurs défis: relancer l’économie, juguler l’inflation, réduire le chômage, surmonter la crise du logement et redonner espoir aux millions de jeunes en quête d’avenir. Dans un système gangrené par le clientélisme et la corruption, c’est une mission impossible. Au demeurant, ce n’est pas celle de M. Sellal, chargé de gérer le statu quo et colmater les brèches, en attendant la présidentielle de 2014.
Si Abdelaziz Bouteflika, âgé de 75 ans et malade, a peu de chances de briguer un quatrième mandat, il compte peser sur le choix de son successeur, un pouvoir discrétionnaire réservé jusque-là à un conclave de généraux. Début 2010, son frère Saïd, qui fait encore la pluie et le beau temps, se préparait à occuper le fauteuil présidentiel ; le printemps arabe a fini par briser le rêve des successions dynastiques.
Deux prétendants sont sur les starting-blocks. Le conservateur Abdelaziz Belkhadem, chef du FLN, veut rallier les suffrages islamistes. Lâché par Bouteflika, il est la cible, depuis quelques mois, d’un mouvement de contestation au sein de l’ex-parti unique qui tente de le déboulonner.
Ahmed Ouyahia, son rival du RND, rêve aussi de la «rencontre d’un homme et d’un destin». Si des analystes donnent l’ex-premier ministre favori des militaires, son caractère retors et ses origines kabyles risquent d’être un lourd handicap.