C’est le temps des grandes spéculations sur le nouveau gouvernement. Avec le refus du MSP d’intégrer l’exécutif et la toute nouvelle tendance de plusieurs partis de se constituer dans un front élargi de l’opposition, ce nouveau cabinet pourrait connaître plusieurs changements majeurs. Bouteflika possède quelques options et des solutions de rechange.
Selon des sources informées, le chef de l’Etat n’a fait pour le moment aucun signe en direction des partis politiques, notamment du FLN, sorti grand vainqueur des législatives.
Mais, il semble qu’il a choisi une piste inédite, celle de nommer un Premier ministre, sans casquette partisane. Deux noms sont avancés, des grands commis de l’Etat et des technocrates, dont on dit qu’ils sont capables de jouer aux coordinateurs dans une nouvelle équipe gouvernementale, constituée dans ses deux tiers de ministres partisans.
L’option est très étudiée, car elle offre quelques avantages. Selon les mêmes sources, un premier ministre technocrate, sans couverture partisane, sans appui populaire et sans ambition politique démesurée, n’utilisera pas son poste pour préparer sa candidature aux présidentielles de 2014.
Une attitude contraire risque de créer des tensions redoutables et des crises, comme celle qu’a connu Bouteflika durant l’exercice Benflis en 2003. Son travail consistera à concrétiser une feuille de route préalablement préparée par les services de la Présidence, un plan de charge et un programme national. D’ailleurs, le chef de l’Etat veut revenir à ses premiers choix de 1999, quant il a nommé en remplacement de Hamdani, le fameux Benbitour, devenu ouvertement opposant à Bouteflika, après avoir claqué la porte dans une démission très médiatisée à l’époque.
Cet épisode, suivi du conflit avec Benflis, avait marqué le président de la République, qui depuis rechigne à changer, préférant uniquement Ouyahia et sa doublure Belkhadem. Cependant, la situation politique actuelle et les nouvelles donnes exigent de la part du pouvoir une autre démarche et une réelle volonté de changement en douceur. Ce n’est pas parce que le FLN a obtenu la majorité que la société veut maintenir le statu quo.
Aux dires des mêmes sources, Bouteflika va remodeler son gouvernement, en nommant au moins une dizaine de femmes cadres comme ministres, bien que d’autres ministres vont garder leurs porte-feuille actuels, alors que six ou sept vont connaître des permutations. Il s’agirait beaucoup plus d’un remaniement que d’un véritable changement. Toutefois, le président veut instaurer une autre dynamique dans certains secteurs agités, en prenant pour base de travail les recommandations émises dans le volumineux rapport préparé par le CNES, le conseil national économique et social.
Ce rapport cible une dizaine de secteurs mal gérés et source de conflits et d’agitation sociale, dont la réhabilitation exige l’ouverture en urgence de débats, de chantiers et l’apport de solutions pragmatiques. Ces options présidentielles risquent de connaître quelques bouleversements au cours de cette semaine, si le FLN réussit à élargir son alliance politique.
On sait que Belkhadem veut casser son hégémonie parlementaire, en lançant une initiative politique cherchant à intégrer, en plus du RND, d’autres partis politiques dans une large union ou alliance. Les consultations ont déjà commencé, mais les résultats restent aléatoires.
H. R.