Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a plaidé pour « une relation forte et dynamique avec la France », dans un entretien accordé à l’AFP à quelques jours de la première visite en Algérie de son homologue François Hollande.
M. Hollande est attendu en Algérie les 19 et 20 décembre en visite d’Etat à l’invitation de M. Bouteflika pour relancer une relation en dents de scie depuis l’indépendance de l’ex-colonie française il y a 50 ans.
Plutôt que de parler d’un traité d’amitié franco-algérien, décidé en 2003 avec le président français d’alors Jacques Chirac mais abandonné depuis par Paris, Abdelaziz Bouteflika souligne que les deux pays veulent un « partenariat d’exception » dont les formes « importent peu finalement : c’est sa consistance qui est essentielle ».
Pour M. Bouteflika, il faut « construire un partenariat qui résiste aux contingences et qui dépasse les seules relations commerciales où chacun réduit l’autre à un débouché ». Il insiste sur « une intensification du dialogue à tous les niveaux » et un partenariat « gagnant-gagnant » pour développer ce pays de 37 millions d’habitants, le plus étendu d’Afrique (plus de 2 millions de km2).
Le président algérien plaide pour ces liens en pleine mondialisation où « l’interdépendance entre Etats, fussent-ils éloignés, est devenue une chose inévitable ».
M. Bouteflika veut aussi « transcender beaucoup de pesanteurs » non identifiées mais qui comprennent les 132 ans de colonisation française et la guerre meurtrière qui a abouti à l’indépendance il y a exactement 50 ans.
Evoquant ce demi-siècle, le chef d’Etat algérien réaffirme « l’obligation pour l’Algérie et la France de travailler ensemble tant leurs interdépendances sont nombreuses ».
Plus d’un demi-million d’Algériens vivent en France et des centaines de milliers d’autres ont la nationalité française. La France est le premier fournisseur de l’Algérie, son premier investisseur hors hydrocarbures et son quatrième client derrière l’Italie, les Etats-Unis et l’Espagne.
Résolument tourné vers l’avenir, M. Bouteflika n’évoque pas la repentance de la France, pourtant réclamée par certains Algériens. « Nous devons tirer les enseignements de notre expérience passée pour corriger (…) un partenariat toujours perfectible », dit-il.
Face à la situation au Nord Mali, occupé par des mouvements islamistes radicaux dont le Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) et Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), M. Bouteflika évoque « une menace globale qui n’a pas de nationalité, ni de région ou de religion d’appartenance ».
Il juge donc « normal que le Mali bénéficie de l’appui de la communauté internationale pour son éradication », répondant à la question de savoir si l’Algérie accepterait une aide de la France et des Etats-Unis dans la lutte anti-terroriste dans le nord du Mali.
Le Conseil de sécurité de l’ONU doit adopter avant la fin de l’année une résolution autorisant l’envoi de 3.300 soldats ouest-africains pour les déloger. L’Algérie, médiatrice au Mali, a toujours défendu le principe de non-ingérence.
Enfin face au Printemps arabe qui a balayé nombre de dirigeants au pouvoir depuis des décennies, M. Bouteflika défend le droit de chaque nation à trouver sa voie et évoque son train de réformes politiques lancé en avril 2011. Parmi elles, l’agrément de nouveaux partis, la percée des femmes aux élections législatives de mai dernier et la prochaine révision de la Constitution.
« Ce processus de réformes est irréversible car il fait la quasi-unanimité au sein de la classe politique et de la société civile », a-t-il affirmé.
AFP