« La tension entre le FLN et le RND aurait atteint des degrés insoutenables pour que daigne une source présidentielle à démentir tout remaniement possible pour le moment à travers un média des plus officiels. »
C’est la conviction que partage de nombreux analystes de la scène politique nationale au sujet de la récente sortie faisant état de l’absence chez le chef de l’Etat de toute volonté de changer, même partiellement la composante du cabinet d’Abdelmalek Sellal.
Autrement dit, cette annonce signait plutôt une « petite recréation « ou une pause avant une éventuelle décantation entre deux grands pôles politiques qui soutiennent la démarche de Bouteflika.
D’ailleurs, toute l’opinion publique suivait depuis quelques semaines la polémique et la guerre des déclarations entre les chefs de file du FLN et du RND.
Amar Saidani, qui ne cesse de targuer qu’il dirige le parti qui détient la majorité dans toutes les institutions élues, revendique ouvertement le poste de Premier ministre et un bon « paquet » de porte feuilles ministériels. Le FLN crie sur tous les toits qu’il est la locomotive et non le wagon, allant jusqu’à critiquer par anticipation une possible nomination au poste de Premier ministre d’Ahmed Ouyahia, SG intérimaire.
Dans une interview fameuse à un site électronique, le patron du FLN n’a pas ménagé Ouyahia, invitant indirectement Bouteflika à choisir, à défaut des militants et cadres FLN, des hommes nouveaux et une équipe différente. Pour Saidani, la conjoncture actuelle exige d’autres hommes, d’autres styles et d’autres logiques.
Il était bien clair que la bataille faisait rage entre les deux alliés de Bouteflika.
Certains s’attendaient au moins à un réaménagement de l’exécutif, même en gardant Sellal comme fidèle technocrate au chef de l’Etat. Un réaménagement qui toucherait notamment des départements ministériels moins performants sur le plan des résultats ou de l’efficacité ou qui exigerait soit un management politique, soit une restructuration dans leurs organigrammes.
Ces derniers temps, on évoquait dans les cercles gouvernementaux, la mise en place d’une nouvelle formule du gouvernement avec la création de « super ministères » et la réduction des départements par le recours à des fusions, comme cela a été fait dans certains pays qui souffraient d’une crise de financement budgétaire. Une alchimie institutionnelle qui exige la nomination d’une équipe soudée, unie et cohérente, de ministres compétents au savoir-faire politique et technocratique.
Or, ce « team » rêvé par la mouvance présidentielle s’est heurté aux ambitions du FLN d’abord et aux calculs du RND ensuite. Chaque parti veut avoir la belle part, le meilleur quota. La tension est devenue si vive que plus aucun parti ne voulait lâcher le morceau.
D’ailleurs, on croit savoir qu’Ouyahia allait répondre du tac au tac aux déclarations et autres pamphlets de Saidani à Mila (meeting prévu hier) ou aujourd’hui à Skikda à l’occasion de l’anniversaire de la création du RND.
C’est à la suite de cette volonté de répondre aux accusations et autres « paroles désobligeantes » et qui pourrait rallumer les flammes de la discorde, que le cercle le plus proche de Bouteflika a jugé bon et opportun d’y intervenir et de mettre fin aussi bien aux spéculations qu’aux « guerres » de coq dans la bassecour gouvernementale.
En sifflant la mi-temps, Bouteflika s’accorde ainsi le privilège du maintien du statu quo, avant de trouver d’autres solutions politiques plus consensuelles. Car, il ne peut garder la même équipe gouvernementale en 2016, alors que les défis s’annoncent encore plus délicats et la situation économique des plus préoccupantes.
Dans cette mouvance présidentielle, on sait qu’il ne reste qu’un an et deux mois avant les législatives de 2017. Juste de quoi se placer en bonne position, de prendre les « couloirs » favorables et les « pistes » les plus avantageuses avant le starter. C’est cette appréhension électorale et politique qui agite aussi bien Saidani qu’Ouyahia.