Il semblerait que la visite qu’effectuera prochainement le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, dans la wilaya de Tamanrasset, où il doit inaugurer notamment le projet d’alimentation en eau potable de la capitale du Hoggar, comporte également un autre volet.
Il est relatif à la situation prévalant en Libye et la crainte de voir le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC) en profiter pour tenter d’introduire des armes à destination de ses maquis en Algérie, selon une source crédible. Le Président rencontrera au cours de sa visite des chefs touaregs et dignitaires du Sud, qui ont exprimé précédemment leur volonté de soutenir les efforts de l’Armée nationale populaire (ANP) déployée pour la sécurisation des frontières algéro-libyennes depuis le début du conflit armé opposant le régime de Mouammar Kadhafi aux «révolutionnaires».
Cette rencontre au programme de visite du chef de l’Etat a été précédée, rappelle-t-on, par une autre séance de travail qui avait regroupé le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, et des chefs de tribus, chefs touaregs et dignitaires du Sud. Les guerres en Afrique et par conséquent la circulation en abondance d’armes, de munitions et autres matières explosives ont souvent alimenté la contrebande à la fin des conflits.
L’Algérie craint que le GSPC exploite le conflit armé en Libye pour accaparer des armes, des munitions et des produits explosifs. Craintes justifiées puisque le ministre de l’Intérieur a annoncé : «Nous avons récemment assisté à des tentatives d’infiltration par des personnes peu recommandables». Il a ajouté que l’armée avait dernièrement réussi à éliminer un terroriste qui tentait de franchir la frontière algéro-libyenne.
Le terroriste en question serait un «éclaireur» du GSPC, venu s’informer sur les mesures de sécurité prises par l’ANP le long des frontières et tenter de localiser d’éventuelles «failles» que l’organisation terroriste pourrait exploiter dans ses déplacements et le transport éventuel d’armes, de munitions et de matières explosives. Pour sa part, l’ANP assure de façon très efficace le long des frontières algéro-libyennes, comptant pourtant 1000 kilomètres environ.
Les mesures prises par l’armée concernent également l’accueil des réfugiés et leur prise en charge. Le GSPC, qui s’armait auprès de contrebandiers au Mali et au Niger, au début des années 2000, avec une partie de la rançon qui lui aurait été remise dans l’affaire de l’enlèvement en 2003 de 32 touristes européens, tiendrait tant à profiter de la situation prévalant en Libye, surtout que ses anciens «fournisseurs» trouvent certaines difficultés à armer l’organisation terroriste,
grâce à la pression exercée par l’Algérie, par le biais de l’Union africaine (UA) et les accords signés entre les armées des pays de la région du Sahel. L’exigence du GSPC en plein conflit armé en Libye d’une rançon de 90 millions d’euros en contrepartie de la libération des quatre otages qu’il détient toujours, pourrait avoir été bien étudiée par l’organisation terroriste qui utiliserait, si la somme lui est versée, une partie de cet argent pour l’achat d’armes, de munitions et de composants d’explosifs de ce pays.
Par Mounir Abi