Bouteflika ne soutient pas Belkhadem contre les redresseurs: FLN, la nouvelle donne

Bouteflika ne soutient pas Belkhadem contre les redresseurs: FLN, la nouvelle donne
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Le conflit interne au parti du FLN ne préoccupe finalement pas le président Bouteflika. Son souci majeur est davantage l’aboutissement de ses projets de réforme que l’avenir politique d’un Belkhadem affaibli face à des redresseurs résolus.

La nouvelle donne peut avoir pour bébé Belkhadem, et le FLN, en tant qu’instrument de pouvoir, l’eau du bain. La bataille d’un sigle propriété de tous les Algériens n’en sera que plus acharnée.



Le président Bouteflika a lâché définitivement Abdelaziz Belkhadem, le SG du FLN. Longtemps protégé par le chef de l’Etat, Belkhadem est aujourd’hui complètement ignoré par celui-ci, qui aurait pris fait et cause pour Ahmed Ouyahia dans les réformes politiques, à tel point que lors des Conseils des ministres le président ne s’embarrasse pas pour critiquer les réformes engagées par les ministres issus du FLN.

Ce feu vert du chef de l’Etat permettra au Premier ministre, dont la galaxie se met peu à peu en place, de se consacrer entièrement à la matérialisation de ses ambitions présidentielles. C’est un signal qui fait du bruit à Alger. Très effacé lors des réunions du Conseil des ministres, le SG du FLN est-il désormais en sursis ?

En tout état de cause, Belkhadem ne semble plus peser sur les réformes politiques. Le secrétaire général du FLN, en panne d’imagination et de concepts nouveaux, laisse le champ libre à son concurrent le plus direct pour la prochaine élection présidentielle de 2014. Son poids politique s’est notamment affaibli au bénéfice d’Ahmed Ouyahia, qui fait feu de tout bois. Celui qui disait il n’y a pas si longtemps que son parti était incontournable sur la scène nationale, adopte aujourd’hui une autre attitude.

Affaibli par une opposition très active au sein de son parti, Belkhadem se voit ainsi court-circuité par son rival Ouyahia dans les dossiers lourds tels que l’ouverture de l’audiovisuel au privé et certaines dispositions contenues dans les lois sur les partis, sur les associations, la loi électorale et enfin le conflit libyen sur lequel le chef de file du FLN est resté étrangement silencieux.

Un mois après la fuite de Kadhafi de Tripoli, le SG du FLN s’exprime enfin sur la question et apporte son soutien absolu à la position de l’Algérie. Belkhadem a souligné que cette dernière a adopté une «position objective et saine» qui émane de son souci de veiller à la «sécurité et à la stabilité du peuple libyen frère, car la stabilité de l’Algérie en dépend». Connaissant les liens privilégiés qu’entretenait le FLN avec les masses populaires chères à Kadhafi, Belkhadem pensait-il réellement que celui-ci allait reprendre le pouvoir ?

Agacé par les sorties politico-médiatiques de son tout-puissant ministre d’Etat, le président Bouteflika s’apprête même à l’exclure du gouvernement lors du prochain remaniement ministériel, selon une source proche du palais d’El-Mouradia. On dit de lui, dans l’entourage du Président, qu’il est devenu riche et puissant. Très puissant.

Trop puissant, au point de se comporter comme le prochain président de la République. Resté au gouvernement parce qu’il n’était pas candidat à la présidentielle de 2009, le tout-puissant ministre d’Etat n’en finit pas de multiplier les clubs de soutien à sa candidature pour 2014.

Mais aussi les visites sur le terrain à travers ses émissaires, qui vont jusque dans les villages et hameaux les plus reculés. Même s’il ne rencontre le chef de l’Etat que rarement, le Premier ministre lui envoie régulièrement des correspondances ainsi que des notes de conjoncture.

En août 2008, un câble intitulé «Le mariage difficile de Bouteflika et Ouyahia évoque ainsi la nomination d’Ahmed Ouyahia» au poste de Premier ministre et ses relations tendues avec le président de la République. «Le Premier ministre a beaucoup moins de contacts avec Bouteflika que ses prédécesseurs et n’a pas eu un seul face-à-face avec lui durant son premier mois à ce poste», affirment les Américains.

Ils ajoutent, s’appuyant sur une source proche de la présidence, qu’Ouyahia «n’a pas non plus rencontré le président de la République avant sa nomination», qu’il a apprise par téléphone. Comme l’absence d’entretien entre eux en dehors des rares Conseils des ministres ou des réunions mensuelles du Haut conseil de sécurité».

«Ce fut pareil avec Benflis, Benbitour et Belkhadem», confie une source proche du sérail qui indique que ce genre de comportement «n’influe en rien sur les affaires du pays». Le président Bouteflika préfère travailler avec son équipe et le Premier ministre a fort à faire avec les ministres issus des différents courants politiques», assure notre interlocuteur. Pourtant, la paire Bouteflika-Ouyahia a continué à fonctionner depuis 2009.

Hocine Adryen