460 éditeurs, un chapiteau plus important que celui de l’année dernière. Tout le monde était présent à l’ouverture officielle sauf l’Égypte.
Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a procédé, hier, à l’inauguration de la 15e édition du Salon international du livre d’Alger, en présence de tout le gouvernement. Avec plus de dix minutes d’avance sur l’horaire prévu (11h), M. Bouteflika n’a pas visité tous les stands des éditeurs participant.
Il a marqué, entouré de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, et du commissaire du Sila, Smaïn Améziane, juste cinq haltes au niveau de l’espace dédié aux éditeurs et auteurs africains, Esprit Panaf, du stand de l’hôte d’honneur de l’Algérie, à savoir la Suisse, celui de l’Anep, de Casbah Éditions et enfin celui d’El-Maktaba Echrqia du Liban. Prenant juste le temps de voir ce qu’on lui présentait, le premier magistrat du pays a fait remarquer que “le marché algérien du livre s’est développé par rapport aux années précédentes”.
Et d’ajouter : “On œuvrera à son développement encore.” C’est sur ces propos que le président de la République a quitté précipitamment les lieux, montrant son étonnement de voir la visite déjà terminée : une visite éclair, expéditive.
De son côté, la ministre de la Culture, qui dans un premier temps n’a pas voulu faire de déclarations à la presse, et après “une course-poursuite”, a fini par déclarer que cette 15e édition du Salon international du livre d’Alger, comparé à l’année dernière, connaît quelques améliorations et changements.
“Par rapport à l’an dernier, l’espace est plus grand, le nombre des maisons d’éditions est plus important, 30% de plus. Les maisons d’éditions qui sont venues en 2009 ont demandé, cette année, plus d’espace, au moins 30% de plus”, a-t-elle déclaré, tout en précisant que la participation des éditeurs algériens et étrangers a connu une hausse sensible. Et de préciser : “Évidemment, un événement est toujours plus perfectible et on l’améliore ensemble, c’est-à-dire avec les professionnels, les auteurs, les utilisateurs donc les consommateurs de livres, les lecteurs (…).”
Par ailleurs, elle a aussi abordé le problème de la lecture et de la promotion du livre en Algérie. Elle a indiqué que dans la solution du problème, “il n’y pas que le gouvernement ou le ministère de la Culture à impliquer”. Selon elle, d’autres ministères et institutions doivent s’impliquer davantage afin de promouvoir le livre dans notre pays.
Pour rappel, le livre en Algérie a bénéficié de la création d’un Centre national du livre, dont la principale tâche est de le valoriser. Il y aussi la loi de finances 2010 qui facilite la tâche en exonérant de taxe l’importation du papier servant à l’édition de livres.
Défection égyptienne !
Aucune trace de stand ou de représentant égyptien sous le chapiteau du Sila. Ni l’Union des éditeurs arabes, ni la bibliothèque d’Alexandrie. Pour cette dernière, Rachid Hadj-Naceur — directeur du livre et de la lecture publique, qui a rédigé l’éditorial du catalogue du Sila, alors qu’habituellement, c’est la ministre de la Culture qui le fait —, “la Bibliothèque d’Alexandrie s’est excusée pour sa non-venue. Ses responsables nous ont écrit pour nous présenter leurs plates excuses, car ils ont reçu un prix important à Echariqa ; je crois celui des éditeurs arabes”.
Une excuse très fragile, puisque cette même bibliothèque, qui a reçu une invitation de la part de notre ministère de la Culture, aurait pu dépêcher un représentant si son ou ses responsables sont retenus pour une quelconque affaire. Concernant la proposition du commissaire du Sila d’un stand à l’Union des éditeurs arabes, notre interlocuteur déclare : “Il était prévu qu’il y ait un stand qui regrouperait les éditeurs arabes, mais comme ils sont là, cela n’était pas nécessaire.”
L’on se rappelle bien toute la polémique qui a vu le jour, l’été dernier, suite aux déclarations du commissaire du Sila sur la non-participation de l’Égypte à ce 15e Salon international du livre d’Alger.
Une décision qui a soulevé un tollé de protestations de la part des éditeurs égyptiens, à travers l’Union des éditeurs arabes, qui a menacé de boycotter le Salon d’Alger si l’Égypte n’y participait pas.
Si la raison du commissaire sur la non-participation égyptienne était due aux incidents qui ont eu lieu lors du match de qualification pour la Coupe du monde (Algérie-Égypte), hier, dans une émission de la radio Chaîne III, il a avancé un autre prétexte. Celui de la réciprocité. Selon lui, l’Algérie n’a pas été conviée au Salon du Caire en 2009. Une contradiction.
À ce sujet, quelques éditeurs nationaux se sont prononcés en affirmant que “cette décision nous dépasse !”. Pour l’un d’eux qui a requis l’anonymat : “Mis à part deux ou trois maisons d’édition égyptiennes valables, le reste ce n’est pas une grosse perte !” Et à un autre de renchérir : “C’est dommage que la culture subisse la politique. La source de tous ces conflits, le football, qui a repris son cours. Mais maintenant, c’est la culture qui en fait les frais.”
Par ailleurs, quelques stands étaient vides, dans l’attente de la réception des livres. Avec 30 pays participant, un chapiteau de
20 000 m2, des commodités, le Sila s’annonce bien. Ce qui manque c’est juste un peu de chaleur et d’âme !