Le Président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika a adressé un message aux participants à la conférence organisée, hier, à la maison de la culture « Abderrahmane Kaki » à Mostaganem, à l’occasion de la fête de la Victoire, le 19 Mars, et lu en son nom par M. Mohamed Ali Boughazi, conseiller auprès de la Présidence de la République. Voici une traduction APS du texte intégral :
“ Chères sœurs, Chers frères,
L’anniversaire célébrant la fête de la Victoire est l’un des évènements nationaux les plus chers à nos cœurs et les plus marquants pour les Algériens et les Algériennes. Il commémore, aux sens propre et figuré, une nouvelle naissance d’un grand pays ancestral après toutes les souffrances et les épreuves qu’il a endurées et après de longues et dures décennies qui se sont succédé et qui ont contraint notre nation, durant tout ce temps, à traverser diverses formes d’endurance, de répression et d’humiliation.
Il nous incombe aujourd’hui, alors que nous célébrons cette fête, de nous remémorer toutes ces pages d’héroïsme et de gloire et de bannir toutes les images de désespoir et de souffrance. Il nous incombe également de transcender l’évènement en lui-même, en faisant de la victoire une référence qui doit inspirer toutes les actions que nous entreprenons pour consacrer les attentes croissantes des enfants de la nation.
Malgré les efforts d’approfondir l’analyse et l’argumentation, des dimensions réfractaires à la perception persisteront car la volonté de notre peuple, lors de cette Révolution, a dompté l’impossible requérant des enfants de la nation davantage de méditation et d’étude pour tirer les leçons.
La fête de la Victoire a fait tomber les armes de l’ennemi devant la volonté des Algériens pour un autre enjeu plus grand et plus noble, celui de la décolonisation qui a failli habiter l’inconscient de l’Algérien. Cet enjeu a barré la route au sous-développement, à tous les aspects de la division et de la marginalisation, à la confiscation des valeurs et aux tentatives d’anéantissement de tout lien avec notre histoire ancestrale.
L’on ne peut absolument pas comparer la situation de l’Algérie à celle de nul autre pays.
Il n’échappe à personne qu’en relevant l’immense défi durant les périodes d’occupation, de lutte et de révolution, notre peuple a acquis une haute stature, une grande fierté et un attachement sans borne à sa liberté, à sa souveraineté et à sa grandeur. Il lutte avec opiniâtreté à taire ses souffrances et à s’engager, corps et âme, dans le combat face aux épreuves.
Il en sort, chaque fois, plus confiant, plus conscient des réalités et plus fort pour affronter les défis.
Chères sœurs, chers frères,
En dépit des commentaires des uns et des autres quant à la fidélité des Algériens dépositaires du legs des chouhada et des moudjahidine qui ont consenti d’énormes sacrifices, il demeure que la ligne générale adoptée par l’Etat algérien moderne est puisée dans la Déclaration du 1er Novembre et ses documents fondamentaux.
La liberté que notre peuple a payée de son sang est perceptible aujourd’hui à la faveur du pluralisme médiatique, politique et parlementaire. Une liberté que nous œuvrons sans cesse à ancrer et approfondir, avec tout ce que cela implique comme défis actuels et futurs, afin d’assurer la sécurité et la stabilité et de réaliser le développement socio-économique dans tous les domaines.
Cette liberté ne saurait être totale que par l’instauration d’une justice sociale quant aux besoins sociaux pressants tels le logement, l’emploi, l’enseignement, la santé, les activités culturelles et les loisirs.
L’Algérie peut s’enorgueillir de ses réalisations dans ces domaines. Nous sommes aujourd’hui plus que jamais attachés, grâce à la sécurité et à la stabilité et aux recettes pétrolières du pays, à réaliser un développement global et diversifié où l’homme est le principal catalyseur susceptible d’assurer la rationalisation des fonds privés et publics, la création de la richesse par l’effort, l’investissement et l’édification.
Et ce, afin de dépasser l’étape de la rente pétrolière pour se consacrer à l’édification de l’avenir en s’appuyant sur les énergies renouvelables aux fins de mettre fin à la culture de dépendance aux autres pays qui n’hésitent pas à se livrer à la manipulation du marché interne par la spéculation, le monopole et la pénurie et en incitant fraudeurs et usuriers à mettre en péril la sécurité des peuples et à les entraîner dans un engrenage de violence dévastatrice.
Chères sœurs, chers frères,
L’indépendance née de la Révolution armée doit rester une doctrine pour les Algériennes et Algériens et un acquis qu’ils doivent défendre non pas à travers la glorification du passé, mais par la mobilisation des énergies, notamment en milieu de jeunes, la sauvegarde du legs culturel et révolutionnaire de notre peuple, l’unification des rangs et l’attachement aux idéaux afin de barrer la route à tous ceux qui nourrissent des sentiments de rancœur et d’animosité à l’encontre de notre pays.
Mesdames et Messieurs,
La question du changement et de la réforme était l’une des bases essentielles sur lesquelles ont été arrêtés les différents programmes mis en œuvre depuis plus d’une décennie.
Les programmes quinquennaux qui se sont succédé et ont englobé les réformes administrative, judiciaire, financière et autres domaines n’ont été qu’un prélude à la réforme globale visant à changer l’image de l’Algérie dans tous les domaines.
Ce qui se réalise aujourd’hui en matière de construction d’infrastructures économiques et des grands projets et ce qui est exécuté comme projets sociaux, d’enseignement et de santé et dans les domaines des transports, des communications, du logement et de la prise en charge des jeunes et des catégories sociales vulnérables sont le fruit d’une idée réformatrice multidimensionnelle, devenue désormais un impératif pour sortir de la situation de crise et d’inertie.
Toutes ces démarches appelées à s’élargir davantage avec l’avancement de la mise en exécution du programme quinquennal actuel, sont pour nous une occasion historique pour réaliser l’ensemble de nos aspirations.
Cependant, cette approche de développement aux dimensions et objectifs multiples exige de nous, discernement, sérénité et perspicacité afin qu’elle porte ses fruits et afin de nous permettre de barrer la route à ceux qui sont à l’affût de toute situation de crise.
L’Etat continuera d’œuvrer à la réunion de tous les facteurs favorisant le développement et le progrès et à la prise en charge des préoccupations au plan de la dynamisation de l’investissement pour lequel une série de dispositions incitatives ont été prises, ou au plan de l’agriculture ou encore en matière de réalisation des énergies alternatives aux énergies pétrolières tarissables. Autant de facteurs qui seront élargis et approfondis pour devenir des pourvoyeurs de main-d’œuvre et des approvisionneurs du marché.
Le domaine social occupe la priorité à travers la mobilisation de tous les moyens visant l’absorption du chômage, la réalisation de l’insertion professionnelle des diplômés universitaires et des techniciens supérieurs et l’amélioration des mécanismes d’insertion dans le monde du travail pour les diplômés de la formation professionnelle. S’ajoute à cela une révision du concept des postes provisoires et des indemnités y afférent pour garantir des emplois permanents aux citoyens tout en l’inscrivant parmi les priorités que les entreprises de production et de services ainsi que le secteur agricole sont tenus de mettre en œuvre avec l’efficacité exigée.
Dans ce contexte, l’on doit garder en mémoire l’effort déployé par l’Etat pour répondre aux besoins des citoyens en matière de logement.
Le programme quinquennal prévoit la livraison de 1,2 million d’unités d’ici à 2014, contre 1 million d’unités lors du quinquennat précédent. Un lot important a été attribué aux jeunes en raison de conjonctures et de besoins pressants en la matière.
A cela vient se greffer la nécessité d’améliorer les performances des structures de l’Etat dont la révision du rôle des assemblées locales aux fins de garantir une véritable prise en charge des citoyens et d’améliorer le service public dans les domaines de la santé et de la sécurité sociale.
La levée de l’état d’urgence ne signifie nullement l’abandon de l’éradication des résidus du terrorisme. C’est-là un pas nouveau franchi par le pays sur la voie de l’élimination de toutes les conséquences induites lors des années noires.
Ce sera une nouvelle page ouverte sur la voie des réformes globales que j’ai citées, et qui ne sauront être fructueuses en l’absence de réformes politiques. Ainsi, l’édification matérielle en cours de réalisation va sans nul doute de pair avec l’édification politique qui visent la construction d’un pays fort, d’un Etat fort avec des citoyens forts.