Le président Bouteflika est attendu à Alger dans les tout prochains jours. Il est totalement requinqué et pressé de reprendre ses activités. «Il accueillera dès les premières semaines de juin M.Recep Tayyip Erdogan, Premier ministre turc et président de l’AKP, suivi, une semaine plus tard, du nouveau président de la République populaire de Chine, M. Xi Jinping. Au menu des pourparlers, outre les questions bilatérales, les derniers développements en Syrie se tailleront la part du lion.
Les deux hôtes de marque de l’Algérie écouteront avec intérêt son avis d’expert des relations internationales, d’autant plus que la position d’Alger, qui a toujours prôné la recherche d’une solution politique, semble, pour le conflit syrien, s’imposer comme l’unique recours par la tenue d’une conférence internationale. C’est dire l’importance de l’événement lui-même et des positions âprement défendues par la diplomatie algérienne dès le début du conflit syrien.»
Ce lundi après-midi, l’homme qui me reçoit dans une villa, sur les hauteurs d’Alger, compte beaucoup par son poids et l’influence qu’il exerce sur les rouages de la République. Sur la table du salon, trônent des dossiers qui se disputent l’espace réservé au plateau traditionnel de thé à la menthe.
Ce responsable tient à garder l’anonymat. Il a ses raisons. Ce «verre de thé» laisse déjà exhaler de belles promesses sur le sujet des révélations qu’il s’apprête à me faire. Sa démarche est officieuse, cela s’entend bien.
C’est une bonne nouvelle pour les Algériens d’apprendre que le chef de l’Etat sera enfin de retour. L’inquiétude est allée grandissante depuis un mois avec la vague de rumeurs politico-médiatiques qui l’ont accompagnée. Peut-on savoir dans quel état physique il est?
Complètement rétabli de son malaise cardiaque. Son accident ischémique transitoire n’a en rien réduit, durant son hospitalisation, ses capacités physiques et intellectuelles. Tout ce qui a été écrit dans la presse sur les fonctions de ses organes vitaux n’est que pure affabulation.
Ce n’est pas un A.V.C.
Si sa convalescence a été longue, environ un mois, pour un homme de son âge, c’est pour lui permettre de passer un check-up très approfondi. Ce n’est pas un A.V.C. Car dans ce genre d’affection, le patient subit des séquelles aussi bien sur le plan physique qu’intellectuel. Il s’agit bien d’un A.I.T. Son séjour au Val-de-Grâce lui a permis surtout de se faire traiter correctement et de jouir d’une bonne remise en forme. L’on n’a décelé aucune séquelle physique, comme tout individu normal, il pourra bouger et parler, sans aucun handicap sous quelque forme que ce soit. Depuis le début, trois personnes communiquent quotidiennement avec lui: le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, son frère Saïd et sa soeur. Son frère Nasser fait le va-et-vient entre Alger et Paris. C’est une réalité. Pourquoi l’enjoliver? C’est à prendre ou à laisser.
Expliquez-nous pourquoi son transfert de l’hôpital du Val-de-Grâce aux Invalides? S’agit-il d’un problème de rééducation fonctionnelle?
Son traitement médical exigeait, dans une première phase, une convalescence. Fallait-il réserver, durant plusieurs jours, une suite, comme en 2005, dans un grand établissement comme à l’Hôtel Meurisse à Paris, avec le risque que cela suppose de s’exposer aux désagréments des exigences strictes de la sécurité réservées à tout chef d’Etat étranger dans un pays hôte, sans compter l’afflux des journalistes et des caméras de télévisions à la chasse au scoop. Dans ce cas, on risquait de compter plus de caméras dépêchées sur les lieux qu’au Festival de Cannes. On sait, l’événement fait courir les journalistes. En plus, aux Invalides, il a eu une prise en charge de qualité performante en termes de remise en forme et de tranquillité. Sans compter le facteur confidentialité.
Mais l’opinion publique a besoin de tout savoir sur l’état de santé du président de la République. Avouez tout de même que le niveau de la communication sur ce sujet a été en deçà des exigences que nécessitait l’événement lui-même. Quelques séquences filmées du Président en train de parler, de manger ou de bouger et diffusées par l’Entv n’auraient-elles pas, à coup sûr, permis d’apaiser toute cette agitation médiatique?
C’est vrai. Certainement que le Président n’a pas souhaité qu’on le montre à ses compatriotes, alité et vêtu d’un pyjama parce que le repos absolu lui a été strictement prescrit. Il est difficile à un chef d’Etat d’un quelconque pays qui soit de se montrer à son peuple dans un état physique diminué, mal rasé ou les traits tirés. Une telle idée rebutait le Président.
Son frère Saïd et sa soeur sont à ses côtés
Dans quelles dispositions d’esprit se trouve le Président?
Il est pressé de renouer avec ses activités. Totalement remis sur pied, il s’apprête à débarquer à l’aéroport Houari-Boumediene d’ici un temps très rapproché. Imminent même. Son agenda politique ne lui laissera pas de répit. Ce sont des semaines d’activités chargées qui l’attendent. Les dossiers à traiter sont bouclés. Les équipes travaillent sous les directives de Abdelmalek Sellal qui reste en contact permanent avec le Président. Pour le sommet africain d’Addis-Abeba, le discours prononcé par Sellal a été travaillé avec le Président.
Il tient plus que tout à regagner le pays dans une excellente forme physique. Il sait que les Algériens seront heureux de le voir descendre de l’avion complètement rétabli, passer en revue, comme l’exige le protocole, un détachement de la garde républicaine, saluer les membres du gouvernement, ceux du corps diplomatique et les représentants des corps intermédiaires, écouter l’hymne national et embrasser l’emblème national. Tout l’événement retransmis en direct sur les chaînes publiques et privées algériennes.
A quoi s’emploiera le Président aussitôt après son retour à Alger?
A présider le Conseil des ministres, à préparer le projet de la loi de finances complémentaire 2013, à examiner le planning sur l’état d’avancement des travaux de la commission nationale chargée de la révision de la Constitution.
L’artiste français Enrico Macias n’a-t-il pas déclaré à un journal de Doha qu’il a trouvé le Président Bouteflika très affaibli par sa maladie?
Il ne l’a jamais reçu. Enrico Macias a démenti formellement dans des médias français avoir tenu ces propos.
La candidature à la présidentielle de 2014 de M.Abdelaziz Bouteflika peut-elle être considérée comme probable?
A ce jour, le Président Bouteflika n’a jamais déclaré qu’il envisageait de se représenter pour un nouveau mandat. Il lui appartient cependant, et à lui seul, de prendre ou pas cette décision.