Bouteflika : le rendez-vous raté avec l’Histoire

Bouteflika : le rendez-vous raté avec l’Histoire
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Au crépuscule de sa vie, atterré par un AVC déstructurant, en fauteuil roulant entouré de blouses blanches, mais l’orgueil toujours démesuré, le président Bouteflika persiste à s’accrocher à l’exercice de sa fonction, refusant toute initiative pouvant, prématurément, mettre un terme à son mandat.

Encouragé dans ce sens par une fratrie au goût prononcé pour le « fanfaronnisme » politique et une aile dure de l’armée hermétique à tout processus susceptible d’altérer son rôle en tant que pilier du régime ou de l’écarter dans le choix du candidat à la succession de Bouteflika. D’ailleurs, s’agissant du candidat, le choix a été arrêté, définitivement, dans la première quinzaine du mois sacré de Ramadhan par le clan présidentiel dans sa globalité militaro-civile. A l’exception d’un service dont l’avis est tombé en disgrâce depuis que ce même service s’est autorisé l’exclusivité de certaines enquêtes très spécifiques dérangeantes pour la promiscuité et la proximité présidentielles. Ce qui a poussé la fratrie à manifester sa tendance à user de son autorité à n’importe quel moment et à s’ingérer dans des secteurs jusque-là épargnés par son intrusion.

Le candidat du pouvoir jouera donc sur du velours avec en sus, un soutien partisan imposé. La désignation de Saidani à la tête du FLN participe, d’ailleurs, de ces machinations « fratriennes » à l’odeur repoussante. Tout comme celle à venir du RND. L’administration, quant à elle, version Malg, reste fidèle à la tradition, prête à toutes les acrobaties techniques et administratives pour faire aboutir le projet.

Des équipes ont été mises sur pied pour assurer les différents contacts à même de permettre une emprise fructueuse sur les hommes et les institutions.

LG Algérie

Quelle pitoyable image que celle d’un président qui s’accroche au fauteuil et à la vie dans le même temps ! Une rude tâche pour un âge avancé porté par un corps à la santé déclinante.

Trois longues mandatures noircies par une pollution corrompue et corruptrice ayant investi tous les espaces de l’expression économique, politique et sociale.

Une économie sous perfusion, une jeunesse déboussolée, une corruption phénoménale, une pauvreté affligeante, un chômage traumatisant, un personnel politique avarié, une opposition à l’état fœtal, des libertés piétinées, des manifestations réprimées… Bref, Bouteflika a raté son rendez-vous avec l’histoire. Il ne fait pas partie de l’histoire, encore moins des hommes qui font l’histoire. C’est tout juste si une plume errante à la générosité débordante s’autorise une inscription sur les sombres pages du registre de l’histoire contemporaine de l’Algérie, au chapitre des transitions cauchemardesques.

Pour celui qui voulait entrer de son vivant dans l’histoire, l’échec est cuisant. L’on s’attendait à des ministres hommes d’Etat, on se retrouve avec la pire canaille, à la rapacité cannibalique, à l’origine suspecte et à l’identité ambulante.

Celui que l’on pensait revenu aux affaires, en réponse à un appel du devoir, s’est avéré inspiré de ressentiments et de rancœurs longtemps contenus et qui ne demandaient qu’à s’exprimer, causant un tort énorme à la dignité et à la fierté d’un peuple qui ne mérite pas un tel sort.

Qu’ils me haïssent, pourvu qu’ils me craignent. Une expression qui a longtemps servi de devise aux monarques, semble avoir inspiré le président Bouteflika dans la conduite des affaires de l’Etat. Même affaibli, réduit à des gesticulations incontrôlables et à la porte de sortie, il continue de faire peur.

Que Dieu maudisse la collégialité qui a importé Bouteflika. Elle demeure comptable devant l’opinion publique des conséquences désastreuses de son mauvais choix. Sa responsabilité est totalement engagée.

Par Khaled Ziari

Ancien officier supérieur de la DGSN et responsable du service opérationnel de la lutte antiterroriste