A l’ouverture officielle de l’année universitaire
M algré un silence de cathé drale dans le superbe auditorium plein comme un œuf de l’université Ferhat Abbès de Sétif, la voix légèrement altérée du président de la République est à peine audible. Discours bref, précédé par celui du recteur de l’université et de celui du ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique Rachid Harraoubia. Un discours qui se voulait être un message sur la fuite des cerveaux.
“Nous avons réussi durant ces dix dernières années à créer une certaine stabilité au niveau de l’université algérienne. Beaucoup d’efforts ont été, certes, consentis mais cela reste en deçà de nos ambitions, lesquelles visent à donner à cette institution une meilleure crédibilité”, déclare-t-il d’emblée et de prôner la promotion du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique qui continue à connaître le phénomène des compétences qui quittent le pays, diplômes en poche, pour s’installer sous d’autres cieux.
“Nous semons et ce sont les autres qui récoltent”, fait-il remarquer et de préciser à cet égard “qu’il n’est pas admis aujourd’hui de continuer à gérer par un système socialiste nostalgique à certains en pratiquant une rémunération égale pour tous. Est-il possible de mettre sur un pied d’égalité Einstein et un quelconque enseignant universitaire ?”
Le Président s’appuyant sur les versets du Coran explique que les disparités sociales ne sont pas que l’œuvre de l’homme. “Les rémunérations en fonction des compétences sont une loi de la nature”, souligne-t-il. Pour le chef de l’État, cette fuite des cerveaux n’a jamais été qu’une suite logique. De ce fait, il demande qu’on lui propose des solutions. “Des chercheurs, que je salue au passage, m’ont confirmé leur souhait de rentrer au bercail pour mettre leurs compétences au service de la nation.
Mais comment est-il possible lorsqu’une administration confinée dans un système dépassé propose un salaire cent fois inférieur à celui que perçoit un chercheur vivant à l’étranger pour moins de contraintes qui plus est”. Le Président rappellera à l’occasion que “nous n’avons pas à rougir du niveau de nos jeunes diplômés du moment que beaucoup d’entre eux réussissent à se faire recruter dans des grands pays comme les Etats-Unis”.
“Si aux USA, première puissance mondiale, ces jeunes universitaires sont demandés, c’est que le niveau de notre université n’est pas si mauvais que ça. C’est vrai que nous aurions voulu que ces universitaires aillent chercher davantage de savoir dans le monde et rentrer chez eux pour en faire profiter le pays. Malheureusement le constat est tout autre : notre jeune diplômé s’installe de l’autre côté de la mer et finit par nous oublier. Voilà pourquoi, il apparaît clair que ce secteur puisse jouir d’un privilège, en l’occurrence celui de l’intéressement”.
Ce pendant, le chef de l’État attire l’attention sur certaines dérives sociales qui ont fini par ternir l’image de notre université. “C’est à cette institution d’inculquer une bonne éducation aux générations montantes. L’université est quelquefois contaminée par les aspects négatifs de la société, ce qui est condamnable.” Le Président, avant de déclarer l’ouverture officielle de l’année universitaire 2009/2010, a annoncé que le budget du secteur de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique passera du simple au double durant le prochain quinquennal.
À rappeler que le Président était arrivé à Sétif dans la matinée de jeudi pour une visite d’inspection de plusieurs projets d’utilité publique inaugurés la veille, en son nom, par huit ministres des secteurs des ressources en eau, travaux publics, santé, jeunesse et sports, solidarité, habitat, énergie et mines, formation professionnelle. Dès sa descente d’avion, il a procédé à la pose de la première pierre du projet d’extension de la piste principale d’atterrissage de l’aéroport du 8-Mai 1945. La deuxième étape est un bain de foule entre le siège de la wilaya et Aïn El-Fouara avec le traditionnel jet d’eau bombardé par des dizaines de téléobjectifs.
À El-Bez, il a inauguré trois facultés de la superbe université Ferhat-Abbès d’une capacité de 12 000 places (médecine, biologie, architecture et sciences de la terre), ainsi que trois cités universitaires de 6 000 lits et un restaurant central de 800 places. À El-Hidhab, il a inauguré 4 579 logements de type sociolocatif avec équipements publics (lycée, CEM, école primaire, CFPA, jardin) et enfin le centre d’innovation relevant du ministère de la Formation professionnelle. ALI FARéS APS Le président de la République lors de sa visite à Sétif. La prise en charge des compétences algériennes installées à l’étranger est une volonté politique. La bureaucratie rimant avec socialisme nostalgique est à bannir.