Bouteflika l’a confié aux diplomates américains «Paris n’a jamais accepté l’indépendance algérienne»

Bouteflika l’a confié aux diplomates américains «Paris n’a jamais accepté l’indépendance algérienne»

Dans un document daté du 1er juillet 2006, le président Bouteflika a décrit le roi Mohamed VI comme «pas ouvert» et «sans expérience».

Les documents de Wikileaks, divulgués vendredi par les journaux français «Le Monde» et espagnol «El Pais», évoquent les relations algéro-marocaines et les divergences entre les deux pays sur le conflit du Sahara occidental. Dans un document daté du 1er juillet 2006, le président Bouteflika a décrié le roi Mohamed VI comme «pas ouvert» et «sans expérience».

Pour Bouteflika, aucun dialogue n’est possible entre lui et le roi du Maroc. Selon des mémos diplomatiques américains, le président Bouteflika a accusé le roi du Maroc, Mohamed VI, d’être une marionnette entre les mains des Français qui l’instrumentalisent pour régler leurs comptes avec l’Algérie. La position algérienne vis-à-vis du conflit est clairement exprimée dans le compte rendu d’une audience (d’une durée de 3 heures 30) accordée en mai 2007 par le président algérien Abdelaziz Bouteflika à Frances Fragos Townsend, la conseillère du président Bush pour les affaires de sécurité, a révélé «Le Monde». «Si je pouvais résoudre le problème je le ferais, affirme le président algérien.

Mais je ne peux pas parler à la place des Sahraouis. Ce qu’il faut c’est que le Maroc et le Polisario trouvent une solution, et ils peuvent le faire avec l’aide des Américains». Les Français, confiera-t-il à une autre occasion, «du fait du poids de leur histoire coloniale au Maghreb, sont incapables de jouer un rôle constructif dans le conflit». D’ailleurs, ajoute-t-il, «la France n’a jamais vraiment accepté l’indépendance algérienne». Pour lui, elle tente de régler ses comptes avec l’Algérie «en appuyant le Maroc».

Le quotidien «Le Monde» écrit que le chef de l’Etat changera de regis-tre une année plus tard lors d’une audience accordée en février 2008 à un diplomate américain. Bouteflika dénonce «le plan d’autonomie» voulu par les Marocains à la place du référendum d’autodétermination. Celui-ci n’offre qu’un semblant d’autonomie. Les provinces algériennes en ont davantage vis-à-vis d’Alger, soutient Bouteflika. L’année suivante, en novembre 2009, devant le chef du commandement américain pour l’Afrique (Africom), le général William Ward, le chef de l’Etat algérien revient à la charge. Selon lui, le projet d’autonomie est à rejeter. «Vous ne pouvez pas défendre l’application d’un principe pour la Palestine et un autre principe pour le Sahara occidental», fait remarquer le président Bouteflika. Selon d’autres mémos diplomatiques américains diffusés par WikiLeaks en février 2008, après un entretien avec un diplomate américain, Abdelaziz Bouteflika a jugé qu’au lieu de faire preuve d’une approche «élégante» en acceptant une indépendance du Sahara occidental qu’ils auraient pu «contrôler» ou «superviser», les Marocains souhaitent en réalité «un Anschluss, comme Saddam Hussein avec le Koweït».

Selon les mêmes documents, le chef de l’Etat a fait savoir aux Américains au cours d’entretiens au Palais d’El Mouradia que l’Algérie ne fera pas la guerre au Maroc à cause du Sahara occidental et ne permettra pas au Front Polisario de combattre depuis le territoire algérien. Toutefois, la frontière restera fermée jusqu’à la résolution du conflit au Sahara occidental, a expliqué le président Bouteflika. Selon Abdelaziz Bouteflika, feu Hassan II et Moulay Rachid, frère de l’actuel roi, sont plus ouverts. Le président Bouteflika évoque une rencontre avec Moulay Rachid lors d’un match à Séville, en Espagne. «Nous avons bavardé et plaisanté avec bonheur, mais je ne peux pas faire la même chose avec le roi, car nous n’avons pas le même sens de l’humour», se plaint-il.

WikiLeaks déconseillé pour les soldats américains en Irak

L’armEe américaine a adopté des mesures pour inciter ses soldats en Irak à ne pas consulter le site WikiLeaks, par la mise en ligne sur le réseau Internet d’un avertissement contre la consultation des documents publiés par ce site, a-t-on annoncé de source militaire citée par des médias. «L’armée a mis en ligne un avertissement du fait de la facilité avec laquelle les publications de documents secrets par Wikileaks peuvent être consultées sur Internet», a indiqué un porte-parole militaire américain à Baghdad. Selon le porte-parole, cet avertissement sous forme d’un message apparaît automatiquement depuis vendredi sur le réseau de l’armée, NIPRNet, quand l’utilisateur essaye notamment d’accéder à certains sites d’information. Ce message déconseille aux militaires de lire, télécharger ou transmettre les contenus de Wikileaks, laissant entendre que cela pouvait être illégal, précise la même source, qui souligne toutefois qu’il ne s’agissait que d’une mise en garde.

«Conformément aux règles du ministère de la Défense (…) tout le personnel doit éviter de consulter sur le NIPR des articles des publications de Wikileaks», affirme le texte diffusé sur le réseau de l’armée. WikiLeaks, spécialisé dans la révélation de documents secrets, a entamé la semaine dernière la publication de quelque 251 000 messages de la diplomatie américaine. Le site a fait l’objet ces derniers jours d’attaques informatiques qui l’ont obligé à changer de nom de domaine plusieurs fois.

H. L.