Bouteflika ignore les revendications politiques

Bouteflika ignore les revendications politiques
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Il fallait attendre la date anniversaire du 24 Février pour confirmer que le président Bouteflika reste sourd aux revendications politiques des citoyens. Il fallait attendre cette date pour enterrer les dernières illusions.

Comme à son accoutumée, le chef de l’État a fait lire son discours par un de ses conseillers devant une Centrale syndicale tout acquise. Un discours circonstanciel, qui aura, pourtant, comporté un certain nombre de promesses sur les plans social et économique, mais aucune en ce qui concerne l’ouverture du champ médiatique, ou encore une plus grande ouverture démocratique.

En ignorant les revendications exprimées par la classe politique, le président Bouteflika choisit son camp : celui du statu quo. Il ne bougera pas d’un iota de sa propre ligne de conduite, faite d’exclusion de tout discours contradictoire et de l’étouffement des libertés individuelles et collectives.

Cette attitude, à la limite du mépris, irrite même ses propres alliés. Abou Djerra Soltani estime que le pays a besoin de plus d’ouverture politique et de libertés individuelles. Même le ministre de l’Intérieur reconnaît qu’il y a carence en la matière, mais promet que l’ouverture serait “graduelle”, comme si ce peuple était un éternel bébé !

En choisissant de faire la sourde oreille aux cris de l’opposition et de la société civile, le président Bouteflika veut faire croire que l’Algérie était une exception dans le monde arabe. Rusé qu’il est, il pourrait très bien passer ce cap difficile et éviter le sort de ses collègues tunisien, égyptien et libyen, pour ne citer que ceux-là. Mais, en définitive, il ne pourra, en aucune manière, faire dire aux Algériens, et au monde entier, que son règne a été marqué par la démocratie et que les gens pouvaient s’exprimer librement. Lui qui veut laisser son empreinte sur l’histoire du pays, doit se résoudre à admettre que son œuvre sera toujours entachée d’entraves faites aux partis et aux associations ainsi qu’aux médias.

Le président Bouteflika a choisi la tribune de la Centrale syndicale, pour faire un pied de nez aux syndicats autonomes qui mènent, pour la plupart, les contestations sociales dans leurs secteurs respectifs. Dans son discours de circonstance, le président Bouteflika s’est autosatisfait des “importantes réalisations” enregistrées sous son règne, dans les domaines économique et social. Il a estimé que “les travailleurs ont bénéficié de la croissance retrouvée, que ce soit à travers les efforts pour améliorer les conditions de vie de toute la population ou à travers l’évolution des revenus. Parallèlement à l’amélioration des revenus, les pouvoirs publics s’appuient sur une politique de transferts sociaux pour la préservation et l’amélioration du pouvoir d’achat des citoyens à travers notamment les subventions pour le soutien au prix de plusieurs produits ou prestations marchandes (carburant, électricité et gaz, logement, eau, céréales, produits laitiers, loyers…) ainsi que des transferts aux démunis par le biais de la solidarité nationale”. Du point de vue, donc, du chef de l’État, tout va bien dans le monde du travail, ainsi que pour ce qui est du pouvoir d’achat des Algériens, puisque l’État intervient, à chaque fois, en pompier, pour injecter des subventions, ou accorder davantage de largesses aux commandants de l’import-import.

Il en est de même de sa réponse aux préoccupations des millions de chômeurs. Pour lui, “la création d’emplois et la réduction du niveau du chômage constituent un des objectifs stratégiques de la politique nationale de développement. Grâce aux efforts consentis à travers les importants programmes publics d’investissement, la création d’emploi par les entreprises, aux diverses mesures destinées à faciliter l’insertion professionnelle des jeunes primo-demandeurs ainsi qu’aux dispositifs d’aide à la création de microentreprises par les jeunes primo-demandeurs ou par les chômeurs, le taux de chômage qui était de près de 30% en 1999 n’est plus que de 10% en 2010.

À cet effet, des mesures ont été prises afin de permettre à l’économie de prendre le relais des dispositifs publics dans la création d’emplois et à l’entreprise algérienne de contribuer de manière plus significative à la création d’emplois”. Il promet la création de trois millions d’emplois durant le quinquennat en cours. Il énumérera les mesures prises en faveur de la création des PME et de la réhabilitation des entreprises publiques. Il dira que l’objectif principal demeure la diversification de l’économie nationale et sa libération de la dépendance envers les hydrocarbures.

Il insistera, pour la première fois, depuis son accession au pouvoir sur “une juste répartition des revenus et des fruits du développement”, au moment de rappeler sa détermination à protéger l’économie nationale et à lutter contre la corruption. Enfin, il appellera ses partenaires économiques et sociaux à apporter leur contribution dans la réussite de ce programme qui devrait être concrétisé “dans un climat de sérénité et de stabilité sociales”.

En d’autres termes, loin des grèves et des contestations sociales. En somme, rien de nouveau par rapport à ce qui a déjà été promis par le passé, et qui a déjà démontré ses limites et ses dégâts.