L’opinion publique et les médias attendent que l’évident candidat Bouteflika annonce solennellement au moins via un communiqué sa décision aux algériens. Mais c’est par des voix détournées qu’il l’exprime. Ainsi et profitant de l’occasion que lui offre le 50e anniversaire de la création de la Cour suprême, Abdelaziz Bouteflika a appelé aujourd’hui dimanche les algériens à participer “massivement” à l’élection présidentielle du 17 avril prochain.
C’est évidemment le ministre de la Justice, garde des sceaux, Tayeb Louh qui s’est chargé de lire le message. Un procédé désormais classique puisque même l’annonce de sa candidature ( ?) a été faite par Abdelmalek Sellal, avec sa casquette de Premier ministre. Mais au-delà des formes certes importantes, il convient de décoder le message présidentiel qui ne fait pas mystère de sa détermination (ou celle de son entourage) de participer et gagner la présidentielle d’avril.
“Le peuple algérien donnera, comme de coutume, une leçon de citoyenneté à ceux qui veulent nuire à notre chère patrie et fera taire tous ceux qui doutent de sa maturité politique et de sa capacité à préserver ses acquis, sa sécurité et sa stabilité”, écrit-il.
Magistrats, au travail…

Il faut être suffisamment assuré et rassuré pour faire un tel pronostic politique à savoir que le peuple va “participer massivement” et sa capacité “à préserver ses acquis, sa sécurité et sa stabilité”. Autrement dit, (ré) élire le candidat Bouteflika dont les supporters basent le thème de campagne sur précisément cette idée de “stabilité”. Le reste du message présidentiel aux magistrats de la Cour suprême, constitue une plaidoirie en faveur d’un scrutin politiquement problématique compte tenu de son état de santé mais aussi du parti pris évident de l’administration.
Le président Bouteflika estime ainsi que la Commission nationale de supervision des élections, “est le fruit de consultations menées avec les partis politiques et les personnalités nationales”. Elle vise d’après lui, “à conférer davantage de crédibilité aux différentes opérations électorales de même que les commissions supervisées par des magistrats et qui contribuent pour leur part à garantir transparence et crédibilité au scrutin”.
“Préserver la stabilité”
Le chef de l’État met aussi une “une lourde responsabilité” sur le dos des magistrats dans cette tâche : c’est-à-dire la supervision des élections, et dans bien d’autres domaines plus importants les uns que les autres. En premier magistrat du pays, Abdelaziz Bouteflika invite la justice à “statuer sur des affaires de justice, mais aussi dans sa contribution dans la consécration des principes qui sont le socle de la démocratie et de l’État de Droit”.
Parle-t-il des scandales de corruption qui ont ébranlé notamment la Sontrach ? Le message subliminal est de faire croire qu’il ne bloque aucun dossier et que la justice est libre pour faire la lumière sur toutes ces affaires qui ont gravement terni l’image du pays. Mais qui pourra croire ces professions de foi conjoncturelles quand on voit comment le dossier Khelil a été bâclé dés le début pour le tirer d’affaire.
La révélation de l’ex garde des sceaux Mohamed Charfi sur la demande que lui a faite Amar Saâdani “d’extirper” Chakib Khelil du scandale de Sonatrach moyennant son maintien au ministère est la preuve éclatante que la justice est effectivement indépendance de… sa volonté. Le reste n’est que discours politique de circonstance.