Bouteflika, en arbitre suprême des institutions, siffle la fin de la récréation et appelle tout un chacun à ses responsabilités

Bouteflika, en arbitre suprême des institutions, siffle la fin de la récréation et appelle tout un chacun à ses responsabilités
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Le long silence du président Abdelaziz Bouteflika, estiment les observateurs, y est pour beaucoup dans l’empoisonnement du climat politique depuis des semaines, particulièrement marqué par une guerre, par personnes interposées, entre le clan présidentiel et le Département de Renseignement et de la Sécurité (DRS).

Aujourd’hui, le président de la République et chef suprême des Armées a parlé. Il a choisi une date symbolique, la célébration de la Journée nationale du Chahid, comme pour inscrire son intervention dans le prolongement historique du serment fait aux martyrs qui ont libéré le pays.

Dans son message, qui marque un tournant décisif dans le débat politique, avec en filigrane la présidentielle du 17 avril, Abdelaziz Bouteflika s’est mis en position d’arbitre suprême des institutions nationales pour siffler la fin de la partie qu’il n’a pas hésité à qualifier de « Fitna ».

Il s’en prend à Amar Saâdani, l’homme qui a déclenché la tempête avec ses déclarations intempestives et désinvoltes contre le DRS et son patron le général Mohamed Médiene dit « Toufik ». Mais le président Bouteflika a pris le soin de parler à l’impersonnel en pointant ses cibles quels que soient leurs niveaux de responsabilité. Une manière aussi d’épargner la chef du FLN dont tout le monde sait qu’il n’est qu’un pion entre les mains de Said Bouteflika.

LG Algérie

“Nul n’est en droit d’attenter aux fondements de l’édifice républicain. Nul n’est en droit, quelles que soient ses responsabilités, de se placer au dessus des dispositions de la Constitution et des lois de la République », a prévenu le chef de l’Etat en parlant d’immaturité politique » de ces responsables fauteurs de troubles. « Nul n’est en droit de régler ses comptes personnels avec les autres au détriment des intérêts suprêmes de la nation tant à l’intérieur qu’à l’extérieur » a-t-il martelé dans son message, précisant que “l’heure n’est plus à l’insulte et aux invectives ».

A l’inverse, le chef de l’État réhabilite dans sa dignité et son honneur le DRS et par extension son patron en soulignant sa place et son rôle dans l’édifice institutionnel. D’abord, il revient sur les restructurations opérées par ses soins le mois de septembre dernier, avec la mise à la retraite d’un certains nombre de généraux, en écartant tout esprit de règlement de compte, dont d’aucuns l’ont accusé.

“Les structurations mises en œuvres dans d’autres pays ne donnent lieu à aucun commentaire alarmiste et subjectif. En Algérie, certains veulent présenter de telles structurations comme la preuve de l’existence d’une crise au sein de l’État ou du ministère de la Défense nationale, procédant ainsi à une lecture subjective et malintentionnée des faits”, a-t-il expliqué.

Pour Bouteflika, ces structurations s’inscrivent « dans la pratique usitée dans tous les pays, il est procédé, quand le besoin l’exige, à des restructurations adaptées”. Et se défend encore le président “c’est dans cet esprit que j’ai décidé, en 2006, une structuration de l’appareil de sécurité nationale”. Puis d’insister comme pour lever toute ambigüité sur ses intentions “Les citoyens doivent savoir que l’appareil de sécurité nationale, au sujet duquel des commentaires de tous genres et provenances sont émis, est régi par des textes réglementaires qui définissent clairement ses missions et attributions, tant au niveau de l’État qu’au sein du ministère de la Défense nationale ».

Ces mises au point faites et sur un ton solennel qui sied à la conjoncture, le président appelle tout un chacun à ses responsabilités. Un appel qui s’adresse à tous les citoyens « particulièrement ceux qui occupent des charges au sein de l’État -que ce soit au niveau civil ou militaire- de prendre conscience des enjeux et d’agir, chacun en fonction de sa position, pour la consolidation de la stabilité et de la paix ».

Mais au-delà du contenu du message, il y a le contexte. Il survient après une sortie retentissante de l’ex chef du gouvernement Mouloud Hamrouche qui avait appelé lundi à « un compromis politique », en se donnant la stature de celui qui veut préserver l’institution militaire des enjeux politiciens. Est-ce la réponse du berger à la bergère, de Bouteflika ? C’est la première interrogation. La deuxième : est-ce que cette sortie, après un long silence n’est pas le prélude à, l’annonce de sa candidature pour un quatrième mandat qu’on dit « imminente » ? Troisième interrogation : le message de Bouteflika signifie t-il qu’un compromis est enfin trouvé entre les deux clans qui se sont étripés ces dernière semaines ? Dans tous les cas les lignes ont bougé et l’horizon se clarifie.