Bouteflika discourt encore sur la corruption, mais cette-fois par écrit et par la voix de son conseiller

Bouteflika discourt encore sur la corruption, mais cette-fois par écrit et par la voix de son conseiller

Le président algérien, Abdelaziz Bouteflika, a affirmé jeudi à l’occasion du double anniversaire de la création de l’Union générale des travailleurs algériens(UGTA), le syndicat officiel, et la nationalisation des hydrocarbures en février 1971 que l’Etat a placé la lutte contre la corruption et les pratiques parasitaires et la fraude « au cœur de son action »

. S’il y a strictement rien de nouveau dans le message du président, celui-ci a la particularité de ne pas avoir été prononcé par Bouteflika, mais plutôt lu par son conseiller. Bref, un message au gout du réchauffé.



Dans un message adressé aux travailleurs, lu en son nom par Mohamed Ali Boughazi, conseiller à la présidence de la République, lors d’un rassemblement des travailleurs organisé à la Maison du peuple (Alger), le président a indiqué que l’Etat est « fermement déterminé à protéger l’économie nationale, l’Etat a placé la lutte contre la corruption et les pratiques parasitaires et la fraude au cœur de son action »

Il a ajouté que les cadres juridiques et les mécanismes de prévention « ont été mis en place à cet effet et l’Etat continuera à consacrer les moyens nécessaires pour renforcer et soutenir les instances de contrôles »

« C’est pourquoi, l’Etat s’est doté, durant l’année 2010, d’un arsenal législatif visant à prévenir et à réprimer la corruption et les atteintes à l’économie nationale », a-t-il rappelé

Le chef de l’Etat algérien a cité, dans ce contexte, la révision de la loi contre la corruption qui a permis la création d’un office de répression de la corruption ayant une compétence territoriale nationale et qui oblige les soumissionnaires aux marchés publics à produire une déclaration de probité engageant leur responsabilité devant les tribunaux.

Il a cité également la révision de la loi sur la Cour des comptes, l’obligation de transparence dans les transactions commerciales, par la facturation et la justification des marges et le renforcement de la lutte contre le non-respect de la législation du travail et de sécurité sociale.

« Ces mesures d’ordre législatif et réglementaire ont été accompagnées par la mise en place, dans le cadre du programme quinquennal 2010-2014, d’importantes ressources évaluées à prés de 400 milliards DA, afin d’améliorer les moyens de travail des administrations et services chargés du contrôle », a relevé Bouteflika.

La corruption est devenu un fléau dévastateur en Algérie tant et si bien que le pays est considéré comme l’un des plus corrompus au monde selon le classement établi annuellement par Transparency international.

Depuis dix ans, l’Algérie est régulièrement secouée par des scandales de corruption de grande ampleur dans lesquels sont impliqués de hauts cadres de l’Etat. La compagnie pétrolière Sonatrach, l’entreprise qui génère 95 % des recettes en devises du pays, a été éclaboussée en janvier 2010 par une affaire de corruption et de malversations qui a décapité son staff.

De même que le ministère des Travaux publics a été ébranlé par une affaire de corruption liée au projet de l’autoroute Est-Ouest.

Depuis son accession au pouvoir en avril 1999, le président Bouteflika, âgé de 74 ans, répète inlassablement sa volonté de lutter contre la corruption, toutefois son engagement s’est rarement traduit sur le terrain. Bien au contraire.

Dans un câble diplomatique américain, révélé par le site Wikileaks en janvier 2011, l’ex-ambassadeur français en Algérie écrivait que « La corruption a atteint de nouveaux sommets, touche jusqu’aux frères de Bouteflika ( Said et Abdelghani) et menace le développement économique du pays. »

Même le patron des services secrets algérien, le général Mohamed Médiene, dit Toufik, semble partager ce constat.

Au cours d’une rencontre fin 2007 avec Said Sadi, le président du RCD (Rassemblement pour la culture et la démocratie), « Toufik » a désigné de la tête le portrait du président Bouteflika lorsque Said Sadi avait évoqué avec lui l’étendue du phénomène de corruption en Algérie, une façon pour le patron du DRS de signifier à son interlocuteur que le fléau remonte au plus haut sommet de l’Etat.