Il faut exorciser le passé pour mieux appréhender l’avenir
Les deux présidents veulent crever l’abcès et gommer tous les malentendus.
Dans un message adressé à son homologue François Hollande à l’occasion de la fête nationale de l’Algérie, le président Bouteflika a estimé qu’il était temps de faire un examen «lucide et courageux» du passé entre l’Algérie et la France, qui contribuera à renforcer les liens d’estime et d’amitié entre les deux pays. Pour le Président Bouteflika, «les relations entre l’Algérie et la France ont précédé la période coloniale qui a marqué plus particulièrement notre histoire commune et laissé des traces durables chez nos deux peuples».
C’est une réconciliation profonde et perspicace que propose le chef de l’Etat. «Les blessures qui en ont résulté pour les Algériens sont profondes, mais nous voulons, comme vous, nous tourner vers le futur et essayer d’en faire un avenir de paix et de prospérité pour les jeunes de nos pays.» C’est réellement une nouvelle page qui s’ouvre avec l’arrivée de François Hollande à la tête de la République française. Aussi, Alger et Paris ont-ils définitivement tourné la page du quinquennat Sarkozy quand les deux pays se regardaient en chiens de faïence? «Il est temps pour cela d’exorciser le passé en faisant ensemble, dans des cadres appropriés, un examen lucide et courageux qui contribuera à renforcer nos liens d’estime et d’amitié», a encore écrit le Président Bouteflika dans son message. Le chef de l’Etat a exprimé son «entière disponibilité» à oeuvrer, de concert avec le président François Hollande, au «raffermissement des relations, de la coopération et du dialogue, en vue d’établir un partenariat qui s’appuie sur les potentialités que recèlent nos deux pays et qui puisse répondre aux aspirations de nos deux peuples». A pas sûrs, les deux présidents expriment, à chaque occasion, cette volonté d’aller de l’avant.
C’est à l’occasion de la fête nationale de la République française que M.Bouteflika a adressé ce message. «A l’occasion de votre fête nationale, il m’est agréable de vous adresser, au nom du peuple et du gouvernement algériens et en mon nom personnel, mes félicitations les plus chaleureuses ainsi que mes meilleurs voeux de santé et de bonheur pour vous-même, de progrès et de prospérité pour le peuple français», a ajouté le président de la République.
Cette séquence de rétablir les ponts entre les deux pays, a débuté avec l’entretien téléphonique entre M.Bouteflika et M.Hollande, puis le message adressé par François Hollande à M.Bouteflika à l’occasion du Cinquantenaire de l’Indépendance coïncidant avec le 5 Juillet. Sans complexe et avec détachement par rapport à la Guerre d’Algérie, le successeur de Nicolas Sarkozy a soutenu dans son dernier message que «le 5 juillet 2012, l’Algérie célèbre la fin de son long combat pour l’indépendance… en ce Cinquantième anniversaire de la naissance de la République algérienne démocratique et populaire, les Français s’associent à l’émotion de tous les Algériens». L’Algérie ne pouvait espérer meilleur interlocuteur que M.Hollande pour crever tous ces abcès et gommer tous les malentendus hérités du précédent quinquennat.