Les vœux que le président Bouteflika a présentés pour la célébration du 5 juillet ont montré comment il a dédain des espoirs de démocratisation du système politique algérien.
Le discours qu’a fait Abdelaziz Bouteflika pour le 53e anniversaire de l’indépendance du pays qui est aussi la Fête de la jeunesse, montre que le gouvernement algérien a décidé de se moquer d’elle. Elle pourrait d’ailleurs être connue comme la génération des damnés d’Abdelaziz Bouteflika, tant ses actes seront graves pour elle.
Le pillage des capacités économiques publiques et privées dans tous les secteurs à travers tout le pays touche directement les jeunes. Malgré son inaptitude manifeste au service, l’homme de 78 ans s’accroche pourtant au pouvoir et affirme vouloir aller jusqu’au bout de son quatrième mandat. C’est d’ailleurs en parlant des plus riches Algériens qu’il rappelait dans son discours que ceux-ci le poussent à continuer sa mission d’écrémage des ressources à leur profit.
Le clan au pouvoir continuera donc à priver le pays de ses richesses légitimes en les transférant dans un très petit nombre de mains qui les dilapide. Devant les défis énormes auxquels il fait face et des centaines de milliers de familles sans demeure ni revenu, le pays est donc vidé de ses ressources par quelques individus sans scrupule. La destruction nationale menée pendant des décennies a créé d’importantes d’insuffisances. Cela mène à une asphyxie financière qui a généré une régression économique et sociale. Le peuple fait une halte sur son parcours vers la liberté et le progrès.
Tout cela se fait dans une parodie de démocratie et la transgression de la parole donnée. La Secrétaire générale du PT, Louisa Hanoune est formelle à ce sujet. Selon elle, le président Bouteflika n’a pas tenu les promesses de son 4e mandat puisque les orientations économiques qu’il prend ne sont pas celles qu’il a promises pendant la présidentielle d’avril 2014. Les programmes publics de développement ne répondent plus aux besoins en logement, en santé et surtout en formation.
Le pays est classé au 130e rang sur 155 pays en matière d’efficacité commerciale. Il est aussi 148e sur 187 pays pour la création de richesses et au 86e rang sur 100 dans le classement sur la compétitivité mondiale. Le seul fait que Bouteflika, un an à peine après le début de son quatrième mandat, se sente dans l’obligation de justifier cette usurpation de pouvoir en évoquant des amis qui l’ont poussé à prolonger son règne montre l’inextricable situation dans laquelle il est.
Les conséquences de la baisse des recettes en devises, suite à la chute des cours du pétrole, risquent d’être désastreuses pour l’Algérie, si une transition politique et économique n’est pas engagée. Ce signal d’alerte a été lancé par des économistes algériens lors d’une récente conférence-débat animée au siège de la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme à Alger.
Malheureusement, en avouant dans son discours que l’Algérie est confrontée à un effondrement des cours des hydrocarbures et que cela affecte les revenus extérieurs de l’État, le gouvernement met la table pour que ce soit la population ordinaire qui paie. Il leur annonce donc qu’il effectuera une rationalisation accrue dans la gestion des finances publiques. Le sacrifice dont parle le président dans son discours n’est pas le sien, mais plutôt celui des plus pauvres de son pays à qui il refuse tout droit de parole. Le résultat de ce qu’implique ce discours est clair. Le déclin économique continuera année après année.
Ce discours du président était d’ailleurs particulièrement odieux. Bouteflika a tenu à saluer les acteurs de l’opposition et les médias qu’il a honteusement dépouillés de leur pouvoir de changement en faisant de la démocratie algérienne une coquille vide ou il monopolise les leviers de l’État. Les journalistes qui ont osé dénoncer ce fléau ont été combattus sévèrement avec le glaive de la loi pendant le vol du quatrième mandat. Au 121e rang sûr 180 dans le classement mondial de la liberté de presse 2015 de Reporters sans frontières, l’Algérie est à la tête du peloton de queue.
Le président a même osé dire que son pays n’est pas un champ de prédilection de la corruption. Pourtant, pendant les 16 ans de sa présidence, les institutions ont été saccagées. L’Algérie est 133e sur 167 pays au niveau des fraudes électorales.
Tous les organismes internationaux concernés demandent actuellement à Abdelaziz Bouteflika de respecter la liberté d’association et le droit de réunion pacifique. Le rapport rendu public le 25 juin du département d’État américain sur les pratiques des droits de l’homme dans le monde constate aussi que la corruption est un problème important de ce gouvernement.
L’Algérie dispose pourtant d’un potentiel économique important à valoriser. Elle a aussi une jeunesse capable de relever les défis modernes. La population paye malheureusement très chèrement le prix de la démagogie du gouvernement et de sa destruction du pluralisme politique, associatif et syndical.
Pour permettre aux acteurs de la société algérienne de s’atteler ensemble à relancer la construction nationale, il faudra leur donner droit au chapitre. L’Algérie a besoin d’un nouveau sursaut national et d’une mobilisant du peuple partout à travers le pays et au sein de la diaspora. Sans paix civile ni unité nationale, l’Algérie ne pourra se relancer. La reconstruction de l’Algérie se fera quand ceux qui la dirigent seront empêchés de la détruire.