Le président algérien Abdelaziz Bouteflika a osé le faire. A l’heure des révolutions arabes réclamant un changement des équipes à la tête du pays, le raïs algérien, bientôt 77 ans et 15 ans de règne derrière lui, entend briguer un 4e mandat lors de la présidentielle du 17 avril.
Très affaibli, invisible en public en raison de sa maladie, il est un «candidat par procuration» puis que c’est son Premier ministre qui a annoncé samedi sa candidature, estiment plusieurs journaux locaux. Par ailleurs, un site affirme que ce serait son frère Saïd qui aurait effectué la démarche administrative de dépôt de candidature.
Le journal arabophone «El Khabar» observe ainsi que «le gouvernement dirigé par Sellal (Abdelmalek, Premier ministre) et la présidence dirigée par Saïd Bouteflika (frère cadet et conseiller du chef de l’Etat) ont pris la décision d’annoncer la candidature du président Bouteflika à sa place et peut-être à son insu». Un sentiment partagé par une partie de la population qui ne croit guèrre que le président puisse mener à bien son mandat en raison de ses problèmes de santé.
Au pouvoir depuis 1999, un record de longévité en Algérie, Bouteflika n’a plus pris la parole en public depuis son retour de 80 jours d’hospitalisation en France au printemps 2013 à la suite d’un AVC, puis un retour de quatre jours mi janvier, toujours à l’hôpital militaire du Val-de-Grâce, à Paris. Il n’a depuis reçu que quelques responsables étrangers et n’a tenu que deux conseils des ministres. Son dernier discours public en Algérie remonte à mai 2012 à Sétif, où il avait laissé entendre qu’il fallait laisser la place aux jeunes générations.
«Qui va gouverner par procuration», s’interroge également «El Watan», le quotidien francophone, soulignant que «malgré son bilan politique désastreux et son état de santé incertain, (M. Bouteflika) a décidé de rempiler». Dans son éditorial, intitulé «Candidat par procuration», l’autre quotidien francophone «Liberté» rappelle qu’«il y avait encore quelques sceptiques fidèles à la logique et au sens humain qui balayaient d’un coup de main les supputations d’un quatrième mandat d’un homme malade et fatigué qui ne s’est pas adressé à son peuple depuis un certain 8 mai (2012)».
> QUESTION DU JOUR : A 76 ans, Bouteflika a-t-il raison de briguer un 4e mandat ?
Mais «finalement, le dernier mot est revenu à ceux qui ont voulu à n’importe quel prix « vendre encore son image » même si cette dernière a été, depuis longtemps, amortie par l’âge et ternie par les méfaits sulfureux de ses proches», souligne Liberté. A la radio et la télévision d’Etat, qui déroule le tapis au candidat sortant malgré ses directives pour une «neutralité absolue», le JT de midi comme du soir sont largement consacrés au bilan jugé «positif» de Bouteflika.
Faute d’opposition solide, c’est sur la toile que les Algériens se retrouvent pour s’écharper entre les partisans et les opposants au quatrième mandant du président sortant. Et les commentaires liés aux articles relatant cette candidature comme ceux publiés sur LeParisien.fr, en disent long sur le peu d’intérêt que porte la population à ce scrutin, jugé par beaucoup, comme joué d’avance.