Bouteflika candidat: Envers et contre le peuple

Bouteflika candidat: Envers et contre le peuple
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Abdelaziz Bouteflika n’a pas renoncé à sa candidature, malgré l’opposition des Algériens qui ont dit massivement non au 5e mandat. Son engagement équivaut à une défiance envers le peuple.

Ni les manifestations réclamant son départ, ni le risque de paralyser le pays, ni encore le retrait  des principaux candidats de l’opposition n’ont dissuadé le système de présenter Abdelaziz Bouteflika. Allant jusqu’au bout, dans une défiance qui dit bien son nom, le chef de l’État a maintenu sa candidature, présentée par procuration, comme il a appris à gérer le pays ces dernières années.

Comme attendu, c’est donc Abdelghani Zaâlane, le tout nouveau directeur de campagne, qui s’est chargé de déposer le dossier de candidature d’Abdelaziz Bouteflika. “Bouteflika ne peut pas se déplacer à cause de son état de santé. Mais je vais le remplacer au Conseil constitutionnel muni d’un certificat de bonne santé”, avait indiqué le directeur de campagne avant d’aller au Conseil constitutionnel. Une manière de confirmer, une nouvelle fois, que Abdelaziz Bouteflika et ses partisans maintiennent la candidature malgré un état de santé de plus en plus handicapant.

Devant des dizaines de journalistes présents, Abdelghani Zaâlane est venu faire lecture, hier en début de soirée, de la lettre envoyée, quelques minutes plus tôt, par Abdelaziz Bouteflika en guise de réponse politique aux manifestations enregistrées à travers tout le pays depuis maintenant deux semaines. En gros, le chef de l’État promet qu’il se présente pour la dernière fois et que son prochain mandat sera très court, puisqu’à l’issue d’une conférence nationale de consensus, une élection présidentielle anticipée aura lieu. Dans cette lettre, où il indique avoir entendu et compris les revendications des manifestants, Abdelaziz Bouteflika formule de nouveaux engagements.

LG Algérie

Il promet ainsi la tenue d’“une élection présidentielle anticipée conformément au calendrier arrêté par la conférence nationale indépendante” et s’engage “à ne pas être candidat à cette élection qui assurera ma succession dans des conditions incontestables de sérénité, de liberté et de transparence. La date de cette élection présidentielle anticipée sera fixée par la conférence nationale”. Avant cette échéance électorale, Abdelaziz Bouteflika annonce que, s’il est élu, il convoquera “juste après l’élection présidentielle, une conférence nationale inclusive et indépendante pour débattre, élaborer et adopter des réformes politiques, institutionnelles, économiques et sociales, devant constituer le socle du nouveau système rénovateur de l’État national algérien en harmonie avec les aspirations de notre peuple”.

Par la suite, dira-t-il, les autorités vont aller vers “l’élaboration et l’adoption par référendum populaire d’une nouvelle Constitution qui consacrera la naissance de la nouvelle République et du nouveau système algériens”. Il promet également des politiques publiques “plus justes” et une “meilleure justice sociale” pour limiter le phénomène de la “harga”. Sur le plan politique, et contrairement aux déclarations de ses partisans, Abdelaziz Bouteflika indique avoir compris que c’est lui-même qui est visé par ces manifestations de rue.

Il indique d’ailleurs qu’il “a écouté et entendu le cri du cœur des manifestants et en particulier des milliers de jeunes qui m’ont interpellé sur l’avenir de notre patrie”. Il admet que ces jeunes (…) ont “exprimé une inquiétude compréhensible face aux incertitudes qui les animent”. Puis, a-t-il ajouté, “j’ai le devoir et la volonté d’apaiser les cœurs et les esprits de mes compatriotes. Je le fais aujourd’hui en tant que moudjahid fidèle à la mémoire de nos valeureux martyrs et au serment de tous les compagnons de notre épopée libératrice qui sont encore en vie. Je le fais également en tant que président de la République pleinement respectueux de la volonté populaire qui m’a accordé l’insigne privilège de me porter à la magistrature suprême. Je le fais enfin en qualité de candidat à la prochaine élection présidentielle, avec conviction”, indique-t-il, dans une tentative d’éviter de nouvelles manifestations de rue. Abdelaziz Bouteflika dit “sentir le devoir” de “concrétiser” les aspirations des manifestants.

À commencer par les revendications politiques qu’il repousse à plus tard car, dit-il, sa candidature “est justifiée par les demandes” des pans de la société. Mais également pour des raisons politiques, puisque le document lu par Abdelghani Zaâlane ne porte ni bilan des “réalisations”, ni autres louanges. Il fait même un constat d’échec puisqu’il promet “la mise en œuvre rapide de politiques publiques garantissant une redistribution des richesses nationales plus juste et plus équitable et l’élimination de la marginalisation et de l’exclusion sociales, y compris le phénomène de la harga, ainsi qu’une mobilisation nationale effective contre toutes les formes de corruption” et “la prise de mesures concrètes pour faire de tous nos jeunes des acteurs et des bénéficiaires prioritaires dans la vie publique à tous les niveaux et dans toutes les sphères du développement économique et social”.

Concernant la revendication portant sur son départ, le chef de l’État a répondu par un niet. Il espère être toujours celui qui mènera “la transition générationnelle”. Autant dire qu’il ne veut rien céder.