Après avoir provoqué des vagues au sein des députés de la majorité, les revendications salariales soulevées il y a près d’un mois ont été vraisemblablement placées au placard.
Le ton et les ambitions ont sensiblement baissé, et les concernés avouent même, aujourd’hui, que «la satisfaction de leurs revendications n’est plus possible dans le contexte actuel», dixit un député du groupe parlementaire FLN.
Pourtant, les 300 députés qui ont signé une pétition, il y a de cela à peine un mois, exigeant l’octroi d’un passeport diplomatique, ainsi qu’une augmentation du salaire de base à 37 millions de centimes et des indemnités complémentaires (primes d’utilisation de téléphone, remboursement des frais de location, frais de secrétariat parlementaire et frais de restauration), qui permettraient de porter le salaire à plus de 40 millions de centimes, savaient pertinemment dans quel contexte la requête a été soumise. Qu’est-ce qui a changé entretemps pour leur faire dire, maintenant, que la conjoncture se prête mal à leur pétition ?
Dans les derniers jours de l’année écoulée, on y croyait pourtant dur comme fer à cette révision à la hausse des salaires, tant la rumeur d’une sollicitation de l’APN pour les besoins d’une révision de la Constitution était forte. «Il n’est pas exclu que l’on ait cru un moment que l’opportunité se prêtait, ainsi, à merveille pour faire pression au sujet d’une révision à la hausse des salaires et l’obtention d’un passeport diplomatique », considèrent des observateurs avisés. Hélas, les vents ont tourné dans le sens contraire de la conduite de l’embarcation des parlementaires dès lors que l’idée du projet de révision de la Constitution a été momentanément abandonnée, faisant capoter tous les plans ambitieux tissés par les députés. L’explication est plausible.
Dans ce sillage, des sources concordantes affirment que le président de la République a opposé un niet catégorique aux revendications des députés, gardant ainsi inchangé le budget de l’Assemblée populaire nationale qui a consacré, en 2013, 3,8 milliards de dinars pour assurer les indemnités des 462 députés et un milliard et demi de dinars destiné à couvrir les salaires et les charges sociales des 820 fonctionnaires en activité dans l’hémicycle du boulevard Zighoud Youcef. En tout cas, affirment certains députés, «une fin de non-recevoir» leur a été signifiée à ce sujet par le président la République.
Alors que d’autres parmi les signataires de la pétition soumise au chef de l’Etat vers la fin du mois de décembre, interrogés hier à ce sujet, n’ont ni confirmé ni infirmé ce refus opposé par Bouteflika à leurs revendications. «Je ne suis pas au courant de ce refus, mais je suis persuadé que nos revendications ne trouveront pas écho positif dans l’immédiat», reconnaît- on à ce propos. Les députés se sont, donc, retranchés dans leur silence, en attendant une autre occasion pour mieux sauter et soumettre leurs revendications, peut-être après le 17 avril prochain. Par faux calcul ou mauvaise appréciation des évènements, les députés sont contraints de faire marche arrière, chose qui ne pourrait que les discréditer davantage aux yeux de l’opinion publique.
«Brandir la revendication salariale est une honte, la remettre dans le tiroir est une autre honte plus méprisable », ne manque pas de railler la vox populi. Car, estime-t-on au sein de l’opinion publique, cela veut dire que nos députés marchandent leur vote au gré des sous et non selon des convictions morales et politiques, comme l’aurait dicté l’éthique. Les parlementaires sont bel et bien en mauvaise posture.
Abdelkrim Zerzouri