Alger a choisi de communiquer sur les problèmes de santé du président Abdelaziz Bouteflika pour ne pas laisser le champ à la rumeur. En 2006, un an après une intervention chirurgicale, le président avait déclaré : « il faut cesser de parler de ma santé ». Aujourd’hui, sa santé devient un élément de la bataille feutrée sur un éventuel quatrième mandat pour Bouteflika.
Le président Abdelaziz Bouteflika se trouve depuis, hier après-midi, à Paris, pour des examens médicaux après avoir fait un « accident ischémique transitoire sans séquelles », qualifié de sans gravité. L’agence APS a annoncé, aux alentours de 00h15 ce dimanche que le chef de l’Etat algérien avait été transféré à Paris pour effectuer des « des examens complémentaires, sur recommandations de ses médecins traitant. L’agence officielle qui a cité une « source médicale » indique que bien que son état général soit stable et « ne suscite pas d’inquiétude particulière », ses médecins lui ont prescrit des examens complémentaires ainsi que quelques jours de repos, a-t-on ajouté de même source. Rachid Bougherbal, le directeur du centre national de la médecine sportive (CNMS) qui s’est officiellement chargé de la communication sur l’incident de santé du présidence a indiqué que les « les premières investigations ont été déjà entamées et le président de la République doit observer un repos pour poursuivre ses examens ». Il a insisté sur le fait que son état de santé ne suscite » aucune inquiétude ». Notre correspondant à Bejaïa, raconte que le Premier Ministre, Abdelmalek Sellal, alors qu’il écoutait samedi un discours plutôt longuet du Wali s’est vu remettre un bout de papier. Il a quitté la salle en demandant au Wali de poursuivre son discours. Une dizaine de minute plus tard, Sellal est revenu et s’est entretenu avec le ministre de l’intérieur, Dahou Ould Kablia. Après la fin de la séance, le Premier Ministre a rencontré des membres de la société civile et les a informé. « Il y a quelques heures, le Président a eu un petit malaise et a été hospitalisé mais sa situation n’est pas du tout grave » a déclaré M. Sellal.
Bouteflika en 2006 : « Il faut cesser de parler de ma santé »
La communication de Sellal qui a d’ailleurs précédé l’APS a été le signal que les autorités ont décidé de communiquer le plus rapidement possible pour éviter les rumeurs qui sont actuellement légions sur fond de rivalités présumées ou réelles au sein du régime sur l’opportunité ou non d’un quatrième mandat pour le président Bouteflika. L’accident de santé du président deviendra, par la force des choses, un élément de plus dans cette affaire de quatrième mandat ou non. L’activité du président Abdelaziz Bouteflika, 76 ans, s’est sensiblement réduite après l’opération chirurgicale qu’il a subie à l’hôpital de Val-de-Grâce à la fin 2005 pour un « ulcère hémorragique au niveau de l’estomac », selon les autorités algériennes. Un an plus tard, le président Bouteflika a affirmé qu’il s’en était sorti d’une « manière absolument fabuleuse ». « Il faut cesser de parler de ma santé », avait-il indiqué. Il sera pourtant bien difficile de l’ignorer alors que la question d’un quatrième mandat présidentiel agite le sérail et constitue le principal sujet « politique » dans les médias algériens. Un quotidien algérien a annoncé, samedi, que le président comptait mettre à l’écart son frère, Said. D’autres journaux présentent la présidence et les services de renseignements en « conflit » sur fond de révélations sur des affaires de corruption. Des élections présidentielles doivent avoir au printemps de l’année 2014. Une révision de la Constitution est également en chantier actuellement en Algérie.